Madagascar : Une confusion de chiffres après les législatives du 29 mai

Les deux camps (pouvoir et opposition) revendiquent la victoire dans certaines circonscriptions provinciales. Dans la capitale, Antananarivo, le dépouillement des bulletins de vote se poursuivait encore. Mais, déjà, des voix laissent entendre que l’actuel chef de l’Etat, Andry Rajoelina, serait « en difficulté ». L’on apprend que l’ancien chef de l’Etat, Marc Ravalomanane, savoure « une victoire » dans certaines circonscriptions. Rien n’est encore joué avant la proclamation définitive des résultats le 18 juin prochain.

Qui du pouvoir et de l’opposition a remporté la majorité des sièges après les élections législatives à Madagascar ? les deux camps s’offrent une belle occasion pour raviver leurs tiraillements nés de l’épisode de la présidentielle de l’année dernière. Sauf que de nombreux observateurs laissent supposer que les électeurs allaient infliger un revers à l’actuel chef de l’Etat. Mais, encore une fois, il ne s’agit que des chiffres publiés aux compte-gouttes qui donnent du grain à moudre à ses opposants.

Une fissure au sein de l’opposition malgache ?

A Madagascar, les accusations de fraude se multiplient. Et les médias continuent à déplorer « une guerre de communication » au lendemain du démarrage des opérations de dépouillement. « Les acteurs politiques envahissent le terrain de la communication. Dès la fin des dépouillements, des candidats affirmant avoir l’ensemble des résultats des bureaux de vote dans leur circonscription martèlent qu’ils sont élus. D’autres qui ont été distancés dans les décomptes de voix vocifèrent l’existence de fraudes massives », écrit l’Express de Madagascar.

L’on s’achemine vers une reconfiguration de la classe politique malgache avec une possible émergence de ralliements contre nature, comme le souligne Midi Madagasikara qui explique qu’au-delà des rapports de force entre le pouvoir et l’opposition, les électeurs pourraient les transposer au sein même de l’opposition. « Sur les quatre chefs de partis qui ont participé à ces législatives, deux se trouvent en difficulté si les deux autres caracolent en tête dans leur circonscription. Siteny Randrianasoloniaiko et Roland Ratsiraka sont en bonne position tandis que Hajo Andrianainarivelo et Jean Brunelle Razafitsiandraofa frôlent la défaite électorale ».

Un total de 163 sièges à pourvoir

L’Assemblée nationale malgache pourrait connaitre un basculement.

Le chef de l’Etat malgache n’a pas encore fait de déclaration sur les élections, attendant les structures électorales finir leur boulot avant de se prononcer, comme le rapporte Madagascar Tribune. Les candidats à la précédente élection présidentielle, farouchement opposés à l’actuel président risquent de mettre un terme à leur alliance contre Andry Rajoelina. « La plate-forme Firaisankina (« solidarité » en malgache), construite autour des partis des deux anciens présidents Marc Ravalomanana et Hery Rajaonarimampianina et du député de Tuléar, l’ancien judoka Siteny Randrianasoloniaiko, constitue la plus importante liste d’opposition même si celle-ci ne parvient à présenter des candidats que dans un peu plus de la moitié des circonscriptions », note le journal Le Monde.

Madagascar, confrontée à de graves problèmes socio-économiques, vit des épisodes politiques difficiles depuis la réélection d’Andry Rajoelina et la disqualification de certains chefs de l’opposition à la dernière présidentielle de novembre 2023. Une crise institutionnelle, puis politique avait émaillé la campagne électorale. Les opposants à l’actuel chef de l’Etat veulent tirer leur revanche à travers ces législatives. Mais, il faudra attendre encore deux semaines pour connaitre les vrais résultats définitifs qui seront publiés le 18 juin prochain par laCommission électorale nationale indépendante (Ceni). Les électeurs étaient appelés à renouveler les 163 sièges que compte l’Assemblée nationale malgache.

A.S.Kemba

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