La question fait le buzz. Par sa formulation, volontairement provocatrice, autant que par la réponse d’un ministre déconcerté.
« Je fais partie des trop nombreux Français qui ont séjourné à l’hôpital pour cause de Covid », a entamé Mansour Kamardine lors des questions au gouvernement. « Je fais partie de ces millions de Français qui ont suivi vos recommandations puis vos injonctions d’accepter l’inoculation dans le corps d’un vaccin encore au stade expérimental d’évaluation » a-t-il poursuivi. Une formulation péjorative qui a fait tiquer le ministre. Ce dernier n’a pas rebondi sur le terme d’inoculation, un mot qui fait pourtant peur puisque, contrairement à la vaccination qui désigne toute injection de résidus organiques afin de préparer le corps à combattre un agent pathogène, l’inoculation se définit par l’injection de l’agent pathogène lui-même. Le terme s’applique aussi bien à un virus ou une bactérie qu’à une toxine ou tout autre poison injecté, et pas forcément à des fins thérapeutiques.
« Puisqu’il est admis que le chemin emprunté ne conduira pas à l’immunité collective promise, a poursuivi l’élu de Sada, je vous demande simplement, combien de doses devra recevoir chaque Français au profit du bilan de Pfizer ? » a ensuite formulé le député.
« Je reste sans voix devant la responsabilité que vous prenez »
Le ministre a surtout rebondi que le caractère supposément « expérimental » des vaccins, certes découvert et commercialisés en quelques mois grâce à des facilités administratives, mais qui, injectés à une majorité de la population française, peuvent encore difficilement être qualifiés d’expérimentaux.
« Je reste sans voix devant la responsabilité que vous prenez en ayant des affirmations comme celle que vous venez de tenir » a lâché le ministre, rappelant que « des milliers d’humains ont été vaccinés et que le vaccin sauve des vies ». « Vous aurez compris mon désarroi » a conclu le ministre avant de rendre le micro sans répondre à la question du député LR.
« Je sens que vous êtes isolé dans votre groupe » a aussi commenté le ministre. En effet, une courte minorité des Républicains a voté contre le texte.
Mais pour le député, « le désarroi est dans notre camp, car plus nous nous vaccinons, plus vous dîtes que c’est insuffisant ».
Si Olivier Véran n’a pas répondu ,c’est peut-être que la réponse est plus médicale que politique. La multiplication des variants, d’Alpha à Omicron, et la baisse progressive d’immunité d’un individu au bout de quelques mois après une exposition au virus ou au vaccin, ont conduit la communauté scientifique à émettre des recommandations en faveur de la 2e dose, puis de celle de rappel.
« Aucune malice »
Joint par téléphone, le député maintient sa formulation. « J’aurais pu utiliser d’autres mots, mais j’ai utilisé un vocabulaire courant, il n’y avait dans l’expression aucune malice ou arrière pensée » assure Mansour Kamardine. « Le vaccin reste expérimental jusqu’au 6 avril 2023, je n’invente rien. Comme la pandémie menace l’humanité, l’OMS l’a autorisé, ce n’est pas insultant de la dire » se défend-il. Quand au fond de sa pensée, « il n’y a aucune méprise dans la question, ni dans la réponse. Je ne suis pas un antivax, j’ai fini à l’hôpital, j’ai pris 3 doses, tous les Mahorais diront que Mansour a fait une grosse publicité pour se faire vacciner, j’ai fait la dose de rappel sans y être contraint » rappelle-t-il. Ce qu’il conteste en ayant voté contre le texte, c’est le caractère contraignant du passe vaccinal.
« Encore une fois, je me suis fait inoculer le vaccin, s’il doit y avoir une 4e dose et ainsi de suite, je les ferai. Mais je ne peux pas forcer quelqu’un à le faire. Je n’ai pas cette compétence ni cette autorité. J’ai la liberté concernant mon corps, mais s’agissant de mon mandat, je dois faire attention à ce que je dis. Nous n’avons peut être pas le droit de forcer les gens ».
D’où le choix de cette formulation à l’adresse de M. Véran. « On nous parle d’une 4e, voire d’une 5e dose, la question c’était combien de doses faudra t il ? Je voulais démontrer que forcer tout le monde à se faire vacciner n’est pas forcément la solution, car je suis contre la contrainte, mais je suis partisan de la conviction, il faut convaincre de la nécessité d’aller se faire vacciner » conclut Mansour Kamardine.
Y.D.