C’est un public studieux et à l’écoute qui s’est présenté à la salle d’audience B du tribunal. Accompagnés de leur professeur d’Histoire-Géographie, Mme Parison, chargée des cours d’Éducation morale et civique (EMC), une quinzaine d’élèves de 3e du collège de Majicavo sont venus assister aux audiences dans la matinée du mardi 29 mars. Dans le cadre de leur leçon portant sur la Loi, cette sortie scolaire avait pour objectif une meilleure appréhension du fonctionnement de la Justice, leur faire toucher du doigt la réalité de ce qui souvent apparaît comme bien abstrait.
Il s’agissait aussi de comprendre le rôle et la place spécifique des différents acteurs au sein d’une salle d’audience que ce soit la présidente, la greffière ou encore le procureur. D’ailleurs, le représentant du parquet s’est montré d’une remarquable pédagogie, expliquant les fonctions incombant à son statut. Les questions fusent, l’intérêt des élèves est certain. Durant l’audience, peu de bavardages, les collégiens sont irréprochables, stylos en main, des notes sont prises. Assis, le buste penché en avant, l’œil averti, la concentration est totale; d’autant que parfois les faibles voix qui s’élèvent à la barre rendent les propos tenus inaudibles. L’intervention de Me Ousseni, lors de sa plaidoirie, va raccrocher les quelques élèves qui s’étaient laissés distraire.
L’avocate défendait son client dans une affaire d’abus de confiance commis le 24 décembre dernier. Lui était en effet reproché de ne pas avoir rendu les 211 euros qui lui avaient confiés un ami sous la forme d’un chèque afin de lui remettre l’argent en espèce. Toutefois, au regard des faits et compte tenu des explications du prévenu, l’avocate obtient la relaxe de son client en pointant “l’absence de volonté explicite de nuire à la personne ou de l’escroquer”; relaxe en outre demandée par le procureur général. Cette deuxième affaire de la matinée faisait suite au renvoi d’un dossier portant sur des dégradations commises en réunion ainsi qu’à la condamnation de la Mayotte Channel Gateway à une amende d’un montant de 35 000 euros. Le fait reproché? “L’installation ou l’exécution de travaux soumis à déclaration pour la protection de l’eau ou du milieu aquatique non conforme à une mise en demeure commis du 3 janvier 2018 au 19 juin 2018 à Koungou”. S’ensuivit une affaire de mutilation d’un doigt dans une bagarre. A l’énoncé des faits, certains des élèves ont été surpris par la violence de l’altercation. De quoi les faire réfléchir sur la notion de “ligne rouge à ne pas franchir”.
Alors que le prévenu a été reconnu coupable des faits reprochés, et condamné, entre autres, à 6 mois d’emprisonnement avec sursis, les élèves quittent la salle d’audience. Ce qui pouvait être encore perçu comme une immersion en eaux troubles en début de matinée, l’opacité s’est peu à peu dissipée rendant le fonctionnement de la Justice française plus transparent à leurs yeux.
Pierre Mouysset