Question drapeau, il ne faut pas lui en compter : en tant que président du Comité Régional Olympique et Sportif (CROS) de Mayotte, Madi Vita doit gérer à chaque Jeux des Iles de l’Océan Indien les tensions autour de l’hymne et du drapeau tricolores auxquels Mayotte n’a pas droit car non reconnue comme française par l’ONU dans une organisation sportive des Jeux où figurent les Comores.
Et à chaque compétition, Madi Vita refuse d’entrer dans la polémique, invitant les politiques à régler l’affaire au niveau diplomatique, ne souhaitant pas perturber les sportifs.
Cette fois pourtant, il entre dans l’arène. En prenant comme exemple de tolérance, « de multiculturalisme et de vivre ensemble » dégagés par le sport mahorais, la nomination du basketteur Hamza Ahamadi comme porte-drapeau de la délégation de Mayotte aux Jeux des îles de 2011 jusqu’aux derniers en 2019 : « Toute sa carrière, Hamza Ahamadi a choisi Mayotte et prouvé son attachement à notre île. Au moment de lui confier la mission de porte-drapeau mahorais, les dirigeants du CROS Mayotte n’ont eu que faire de ses origines comoriennes. »
Le pic d’un petit pin’s pour une grande plaie
A la différence que dans le cas de Miss Mayotte, c’est le drapeau DU pays qui fâche, « qui revendique vigoureusement le territoire qu’on représente, le drapeau d’un pays qui n’aspire qu’à effacer notre identité, est tout simplement scandaleux et insupportable ! Miss Mayotte aurait pu être d’origine malgache, mauricienne ou de tout autre pays, et épingler leur drapeau : cela n’aurait provoqué aucune indignation. »
Et poussant le parallèle au-delà des mers, « A l’heure où les yeux du Monde sont rivés sur la guerre opposant l’Ukraine et la Russie, peut-on, une seule seconde, imaginer Miss Ukraine se balader dans les rues de son pays avec un pin’s à l’effigie de la Russie sur son écharpe ? C’est impossible ! » On a compris l’esprit, même si Mayotte n’est pas en confit militaire contre des voisines.
Même exemple évoqué dans un courrier qu’on nous a transmis, signé par Gaillard Junior et Yazidou Maandhui, et adressé à Alexia Laroche-Joubert, présidente de la société Miss France, rajoutant un élément, « Lors de la soirée Miss France 2021, Miss Mayotte a porté une tenue dite régionale qui semblait étrangement reprendre les couleurs du premier drapeau de l’indépendance des Comores. » Ils demandent la destitution de miss Mayotte 2021.
De son côté, et sans aller jusqu’au bannissement, Madi Vita appelle à des mesures fortes : « Par cet acte réfléchi, délibéré, calculé, Miss Mayotte a planté un couteau dans le dos des Mahoraises et des Mahorais, et la profondeur de la plaie qu’elle a causée est telle que la cicatrice n’est pas près de se refermer… Au nom du Mouvement Sportif Mahorais, j’en appelle ainsi à l’ensemble des ligues et comités sportifs de Mayotte, et bien plus largement, à l’ensemble du monde culturel, social, économique ou politique de l’île : la réponse à ce mépris doit être la réprobation pure et simple de Miss Mayotte. Si nous ne possédons pas le pouvoir de la destituer de son écharpe, nous possédons le pouvoir de l’écarter de tout événement local, et de l’ignorer, tout simplement, ceci en attendant la réaction officielle du comité Miss France. »
Et appelle les dauphines à se saisir, non de la couronne, mais de la place.
A.P-L.