Le Salon International de l’Agriculture (SIA) se tiendra du 22 février au 2 mars, Porte de Versailles à Paris, et Mayotte aura bien son stand. Étant donné les ravages commis par Chido et l’état sinistré de l’agriculture, la nouvelle peut surprendre. Ibrahim Fonte, Responsable du service Végétal à la Chambre d’agriculture, de la Pêche, de l’Aquaculture de Mayotte (CAPAM), est le coordinateur du projet SIA. Il nous explique la logique de ce déplacement.
« Tout d’abord, nous avions déjà payé l’emplacement. Ensuite, nous ne présentons jamais de produits frais au Salon de l’Agriculture en raison des problèmes de fret et des conditions de transport. Nous récupérions les marchandises avariées. Quant aux agrumes, plus résistants, comme les citrons et combavas, ils ne peuvent être acheminés, interdits par un arrêté pour l’ensemble des Outre-mer. Du coup, les années précédentes, nous n’acheminions que des produits transformés, comme la vanille, l’ylang, les clous de girofle, le poivre, le café, le chocolat, les achards, les épices, etc. Ils étaient déjà prêts même avant Chido ». Donc pas de problème pour présenter des produits made in Mayotte. Ce qui ne sera pas le cas l’année prochaine. « C’est là que la question va se poser ».
Réapparition des bananes dans 8 à 9 mois
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Car les dégâts sont conséquents. Comme nous l’avions constaté, « Chido a ravagé les pieds de vanille alors que nous étions à un mois de la récolte, un mois ! », se lamente-t-il, « et en plus, elle avait beaucoup donné cette année. On a perdu toute la production pour l’année prochaine. »
Des indemnisations ont déjà été octroyées, « on aura une vision d’ensemble début mars. »
Les agriculteurs ont été réactifs, et la nature les a malgré tout aidés : « Un bananier à terre, cela signifie que des rejets vont repartir, surtout grâce aux fortes pluies actuelles et de Dikeledi. Mais il ne faut surtout pas les laisser là où ils repoussent, mais repiquer les rejets. Les premières mains de bananes pourront être récoltées 8 à 9 mois après. » Pareil pour cet autre met apprécié des marmites mahoraises, le manioc, « les boutures vont vite prendre avec la pluie », mais il n’est pas aussi optimiste pour le reste : « Tout ce qui est verger, ainsi que les cocotiers, les manguiers, vont mettre du temps avant de redonner », explique celui qui est aussi producteur.
Emplacement offert
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Donc Mayotte aura bien son stand au Salon international de l’Agriculture, avec une bonne surprise à la clef : « Les organisateurs du Salon ont initié une réflexion pour nous offrir l’emplacement ». Plus qu’initié même, puisque l’information est confirmée sur le site même du SIA qui la met en avant : « Le Salon International de l’Agriculture offre un stand aux agriculteurs de Mayotte, du 22 février au 2 mars 2025 », suivi par ce commentaire de Jérôme Despey, Président du Salon International de l’Agriculture et du SIA’PRO, suite à sa visite dans l’archipel début janvier 2025 : « Il est important pour nous, et plus que jamais cette année, que Mayotte soit présent au SIA et que nous participions à la reconstruction de l’agriculture de l’île » .
Si Ibrahim Fonte est prudent, c’est qu’il attend un courrier, « nous n’avons pas reçu la confirmation officielle ». L’emplacement demande un budget de 30.000 à 40.000 euros, financés par la CAPAM, soutenue financièrement par le Conseil départemental de Mayotte, et un partenariat avec la Communauté de communes du Grand Nord de Mayotte (CCGNM) et celle du Sud de Mayotte (CC Sud). Un beau cadeau donc que le SIA fait au territoire.
Les 90m2 de l’espace mahorais seront occupés par les produits de 10 exposants, contre 7 les années précédentes, avec bien sûr l’association Saveurs et Senteurs de Mayotte dont la vanille décroche chaque année une médaille au Concours général agricole. Si c’est le cas cette année encore, elle aura un goût amer de cyclone qui nous privera peut-être d’une présence en 2026.
Anne Perzo-Lafond