Le terme de rénovation urbaine laisse toujours songeur à Mayotte où les quartiers visés truffés de cases en tôles, mériteraient davantage celui de « création urbaine ». Comme La Vigie et Kawéni, Koropa à Koungou, est un quartier choisi pour bénéficier de Nouveau Programme de Rénovation urbaine (NPRU) depuis 2017.
La formule avait mis du temps à prendre, et dans son discours, le maire de Koungou, Assani Saindou Bamcolo en faisait état, « nous avons traversé des moments difficiles où plus personne ne pensait que le renouvellement urbain pourrait voir le jour dans notre ville », mais ensuite, la commune s’est structurée pour suivre la cadence.
Après les premières études, le 1er avenant signé en 2021 à hauteur de 10,2 millions d’euros, avait lancé la rénovation de la voirie de Bandrajou, la rue qui longe la mairie annexe de Koropa, et qui ceinture les hauteurs de Majikavo Koropa, ainsi que l’assainissement. Des logements dignes ont également été érigés, et inaugurés par Jean-François Colombet qui avait lâché, « Nous démontrons que les bidonvilles ne sont pas une fatalité ! ».
Démonstration par la pluie
C’est un autre préfet, Thierry Suquet qui signait ce mercredi le 2ème avenant avec la mairie de Koungou, sur un montant de 130 millions d’euros. Le conseil départemental participe à hauteur de 6 millions d’euros. Si « la première phase est toujours en cours de travaux », remarquait-il, la 2ème est d’une plus grande ampleur, et va permettre la création d’une nouvelle offre de logement et la résorption de l’habitat insalubre, la rénovation et la construction d’équipements publics, et toujours l’aménagement du réseau et des voiries. Deux quartiers sont particulièrement visés, Mavadzani et Amarachi.
Rifouata Ali, coordinatrice Aménagement et ANRU à la mairie de Mamoudzou, nous en livre des détails : « Les équipements publics sur lesquels porte cette 2ème phase sont la rénovation de l’école Koropa 1 et la construction d’une école à Mavadzani. Il y aura aussi des équipements sportifs. Mais ce qu’il fallait avant tout, c’est raccorder les habitations à un réseau d’assainissement alors que nous refaisions la voirie. Et également, créer un réseau de récupération de eaux pluviales ».
Et dame nature nous en offrait une démonstration ce mercredi en déversant des seaux d’eau sur Koropa, qui empêchait toute visite de chantier, mais permettait de souligner l’efficacité de la récupération des eaux de pluies. En matière d’assainissement, si le réseau est créé, il reste au SMEAM à le raccorder à une Station d’Epuration qui reste à construire.
5 médiateurs fonciers tout-terrain
Les attentes sont énormes, « j’espère que la rénovation va intégrer mon école pour les enfants déscolarisés et la route qui passe devant », nous glissait Combo Bacar Maoulida, alias « Stam » qui avait ouvert plusieurs classes pour une centaine d’enfants en errance de son quartier devenue depuis école itinérante.
Mais pour faire sortir écoles et terrains de sport, il va falloir libérer du foncier. « La grande majorité des habitants coopèrent. Mais parfois, il faut avoir recours à la Commission d’Urgence Foncière pour les cas délicats. Il faut dire que certains habitants se sont faits escroquer en achetant des terrains sans demande de titres de propriété, en fonctionnant comme au temps du droit coutumier », complète Rifouata Ali. C’est pourquoi 5 médiateurs fonciers ont été recrutés par la mairie, 5 contrats PEC de moins de 25 ans, pour sensibiliser les habitants sur ce domaine du foncier, « pour mener tous ces projets urbains, on doit racheter le terrain au propriétaire, et on s’aperçoit que ce n’est pas celui qui a acheté le terrain ! »
C’est le groupement EGIS qui a obtenu le marché, avec les entreprises Mami, Tetrama et Mayotte Pépinières. La DEAL précise que tout doit être engagé d’ici fin 2024, pour une livraison envisagée en 2026.
Anne Perzo-Lafond