Alors que la consommation de la population est d’environ 45.000 m3 par jour, l’écart avec la production qui était encore fin novembre à moins de 40.000m3/j se réduit peu à peu. C’est un travail de fourmi que cette mise en service progressive des forages issus des campagnes successives. Celui de Coconi 1 a permis de compter sur 200 m3/J supplémentaires, et c’est désormais Coconi 2bis qui va déverser ses 200 m3/j supplémentaires dans le réseau.
Le préfet vient de prendre un arrêté en ce sens, autorisant sa mise en production sur six mois, renouvelables, une décision « indispensable afin de sécuriser l’approvisionnement en eau du syndicat LEMA ».
Une mise en production dont la qualité des eaux a été validée par plusieurs expertises, dont celle d’un hydrogéologue et des analyses validées par l’avis sanitaire du 17 octobre 2024 de l’Agence Régionale de Santé de Mayotte.
Avant distribution, les eaux subissent une désinfection par chloration et passent par le réservoir d’Ongoujou. « Les eaux ainsi produites doivent respecter en permanence les exigences sanitaires en vigueur », avec une surveillance mise en place par Les Eaux de Mayotte.
Urgence d’un compromis sur l’usine de dessalement
Il reste encore à mettre en service le forage de Combani, qui pourra produire jusqu’à 900 m3 d’eau par jour. C’est prévu pour les semaines à venir.
Pour combler le fossé avec une consommation en hausse constante, quasiment indexée sur l’évolution démographique, la préfecture mise à moyen terme sur l’usine de dessalement d’Ironi Be, qui promet 5.000m3/J pour monter ensuite jusqu’à 10.000m3/J, de quoi envisager la fin des tours d’eau pour 2026, espère le préfet Bieuville. Le projet a ses détracteurs qui se méfient d’une détérioration de l’environnement, sur laquelle le préfet a donné des garanties de respect de l’avis de l’Inspection générale de l’Environnement et du Développement durable.
Le Parc Naturel Marin (PNM) a rendu un avis conforme favorable à la construction de cette usine. Alors qu’un article est sorti à ce sujet récemment dans le quotidien Le Monde, rappelons que l’usine de dessalement de Petite-Terre qui abreuve ses habitants, n’avait pas fait l’objet d’autant de précautions. Si on ne peut que se réjouir que des garanties environnementales se soient durcies pour éviter des erreurs, rappelons que les habitants de l’île sont privés d’eau plus d’un jour sur trois. Il s’agit de trouver un juste équilibre.
Dans ce cadre, pourquoi ne pas envisager une mise en production de cette 2ème usine sur un temps limité en attendant la construction d’une 3ème retenue collinaire et la production de nouveaux forages ? Car si la saison dernière a été généreuse en pluie permettant de recharger les retenues collinaires dans lesquelles nous avons puisé notre eau pendant la saison sèche, leur niveau actuel 29% pour celle de Dzoumogne, et 23% pour Combani, n’attend à nouveau que la générosité du ciel pour remonter, et avec lui, le moral des acteurs de l’eau et des habitants de l’île. Fragile.
A.P-L.