Première prise de parole du nouveau gouvernement à propos de Mayotte ce mercredi. Et c’est une première question au gouvernement pour la députée RN Anchya Bamana, qui, sous les applaudissements de son camp, s’adressait au Premier ministre en dressant le tableau d’une Mayotte « en extrême difficulté », qui « condense l’ensemble des problèmes qui touchent notre pays », en terme d’immigration, d’insécurité, de surpopulation carcérale, de services publics « submergés », de pouvoir d’achat, le tout, « sous une diplomatie atone qui laisse les Comores dicter sa politique à la France ». Elle appelait à mobliser la Marine nationale pour stopper les kwassas de migrants arrivant sur nos côtes.
C’est le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau qui lui répondait, rappelant qu’il était venu en mai dernier sur le territoire pour constater « la situation d’urgence ». « Mayotte est un triste exemple d’une immigration incontrôlée », rapportait le ministre, qui résumait la situation en trois grands axes, « trois grandes crises », tout d’abord, migratoire, en livrant les bons quotas, « la moitié de la population est étrangère, dont la moitié est en situation d’irrégularité », puis de l’emploi, « avec quasiment 40% de la population active au chômage », statistique qui ne tient pas compte des 10% de personnes sans emploi non inscrites à France Travail, et sécuritaire, « avec des caillassages de bus de soignants, ceux-là mêmes qui viennent au secours de la population irrégulière ».
Applaudi par Gabriel Attal
Parmi les solutions qu’il envisage, celles de court terme qui consiste à « reprendre l’action de mon prédécesseur », une main tendue vers Gérald Darmanin, ex-LR, avec le décompte des forces de l’ordre livré ainsi, « 1.150 gendarmes et policiers, auxquels s’ajoutent 4 escadrons de gendarmerie, et 300 gendarmes spécialisés. » Suscitant les applaudissements de son camp… et du précédent gouvernement, dont l’ancien Premier ministre, Gabriel Attal.
Sur le plan diplomatique, on se souvient que la Délégation sénatoriale aux Outre-mer avait préconisé d’affirmer la souveraineté française aux Comores. Ce chapitre n’était pas abordé, mais celui « d’accords bilatéraux avec les pays voisins des Grands Lacs », est initié, notamment avec la RDC. « Dès octobre, le préfet organisera des vols groupés pour mener des reconduites d’étrangers en situation irrégulière vers la République démocratique du Congo ». On est loin des polémiques qu’avait déclenché Edith Cresson en 1991, quand la Première ministre de François Mitterrand évoquait la mise en place de vols « charters » pour expulser chez eux les étrangers en situation irrégulière…
Arrivant à la fin de son temps de parole, le ministre n’a pu évoquer le rideau de fer maritime, annoncé lui aussi par son prédécesseur, qu’en précisant son « évaluation à long terme ». Pour l’instant, on ne connaît de ce rideau de fer maritime que les annonces du préfet Bieuville, notamment sur une permanence avec un ponton à l’îlot Mtsamboro, point le plus proche d’Anjouan d’où arrivent les kwassas et la mise en place des technologies modernes de détection, qui étaient en cours de sélection en août dernier.
Un premier point lors de la mise en place globale du dispositif est donc très attendu.
Anne Perzo-Lafond