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Le Département prend le large en lançant une formation en mobilité aux métiers maritimes

Si nous attendons toujours que le marché des navettes maritimes, compétence du Département, soit lancé, les métiers qui vont les investir sont en cours de formalisation avec LADOM

La mer est en passe de susciter des vocations. L’évocation du jeune capitaine de remorqueur mahorais Soulaïmana Moustakima Silahi dans nos colonnes a provoqué des sollicitations en incitant des jeunes à se jeter à l’eau. Ce qui nous a incités à contacter les services du Conseil départemental pour connaître les accompagnements dont pouvaient bénéficier les jeunes qui voudraient embrasser un métier de marin.

Nassanatia Maoulana, Directrice adjointe de la formation professionnelle à la DAFPI (Direction de l’Apprentissage, de la Formation Professionnelle et de l’Insertion) du Département, détaille les possibilités offertes et nous annonce la mise en place d’une action qui devrait coller aux besoins maritimes du territoire. « Nous travaillons en partenariat avec LADOM, L’Agence de la Mobilité Outre-mer, pour envoyer les jeunes en formation professionnelle. Les conditions d’accompagnement sont l’inscription du jeune comme demandeur d’emploi chez France Travail et se conformer à plusieurs critères, identiques pour tous les Outre-mer. »

Si le jeune, comme Soulaïmana Moustakima Silahi, décroche un diplôme à l’École d’Apprentissage maritime (EAM), il peut bénéficier d’un accompagnement, explique la directrice : « Ce n’est pas automatique. Celui qui obtient son 250 cv doit chercher un centre de formation à l’extérieur de Mayotte, puis contacter la DAFPI ou LADOM, et s’il correspond aux critères, il obtiendra ce financement. La démarche est individuelle ».

Le lagon et le canal du Mozambique offrent une grande diversité de métiers

Le statut administratif, comme la nationalité française, n’est pas en soi un élément rédhibitoire, assure Nassanatia Maoulana, « les titres de séjour sont bien sûr acceptés, du moment que le jeune obtient un visa pour quitter Mayotte. » Et l’aide n’est pas négligeable, le coût de la formation est pris en charge, auquel se rajoute une rémunération de 700 euros par mois pendant la durée de la formation, ainsi qu’une prime d’installation de 800 euros. « De notre côté, nous entrons en contact avec l’organisme de formation professionnel pour vérifier l’inscription effective du jeune ». Par contre, sans validité de l’autorisation de séjour sur la longueur de la formation, « et c’est parfois un an et demi », pas d’accompagnement.

Retour sur le lagon après la formation

Le maritime, un secteur que le Conseil départemental considère comme porteur, pour preuve, une action est annoncée pour les semaines à venir, explique Latufa Ali Abdou, chargée de formation mobilité, conseillère en insertion professionnelle. « Nous travaillons avec le Centre Européen de Formation Maritime Continue de Lorient, en Bretagne, pour leur envoyer des jeunes diplômés en Capitaine 200 de l’EAM, afin qu’ils décrochent là-bas le Capitaine 500 et le Mécanicien 750 kW. Nous recherchons des jeunes intéressés pour cette formation qui débutera à la fin de l’année. »

Les simulateurs de l’Ecole d’Apprentissage maritime

Pour l’instant, ils sont 6 à être inscrits, 4 pour le Capitaine 500 et 2 à la machine, « si nous en totalisons 8 à 12, nous pouvons former un groupe de Mahorais, sinon, ils intègreront un groupe déjà formé sur place. L’action est financée par le Conseil départemental en partenariat avec l’EAM. » Une formation qui dure jusqu’à un an et demi.

Et qui correspond aux besoins à venir, puisque des recrutements sont prévus à Mayotte. « Le STM a besoin de ces brevets, et le marché des dessertes maritimes doit être lancé. Il faut anticiper en formant les futurs capitaines et mécaniciens. »

Après une période de gros mou, le Département semble se remobiliser autour de la formation qui porte l’avenir du territoire. Pour cela, Nassanatia Maoulana vise des financements alternatifs, « nous espérons que le prochain Programme Opérationnel du Fonds social européen 2021-27 intègrera la formation à la mobilité. Cela nous permettrait de diversifier nos sources de financements et de proposer davantage d’offres. Avec à la clé, davantage de retours sur investissement, comme là dans le maritime. » Car pour cette formation, une exigence de retour des diplômés sur place est prévue, « comme pour les infirmiers », car les projets en cours sont très demandeurs de ces niveaux.

Avec cette action, les métiers de la mer vont avoir enfin le vent en poupe sur le lagon.

Anne Perzo-Lafond

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