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La prise en charge des anciens et des personnes vulnérables par le Département en voie d’amélioration

Le Département accuse un gros retard dans la prise en charge médicalisée et dans la lutte contre la pauvreté. La convention de compensation de l’action sociale du département de 150 millions d’euros n’a été que très partiellement versée par l’Etat, mais de gros chantiers sont malgré tout lancés. Le vice-président Madi Velou, nous les détaille.

Nous l’avions annoncé en cernant ses problématiques sociaux-économiques, un premier EHPAD (Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) de 60 places et 20 en accueil de jour, est en gestation à Mayotte, fruit d’une collaboration entre le Conseil départemental et l’ARS. Il est sur de bons rails, « l’appel à projet en est à mi-parcours », nous indique Madi Vélou, vice-président du Conseil départemental, chargé de la Solidarité, de l’Action sociale et de la Santé, qui communique à son tour sur l’ensemble des investissements menés.

La prise en charge des anciens et des personnes à mobilité réduite devrait grandement s’améliorer à l’horizon 2030. Un Établissement d’accueil médicalisé de 50 places, doté d’une présence médicale 24h sur 24, également co-porté par le Département et l’ARS, connait déjà son gestionnaire sur les 15 ans à venir, dont le nom sera dévoilé prochainement. Moins médicalisée, une Résidence de l’Autonomie de 50 places permettra aux personnes âgées ou en situation de handicap suffisamment autonomes, d’intégrer des T1 ou T2. « L’interco du Sud a été choisie pour le gérer sur 30 logements, et l’APAJH*, pour les 20 autres. » Une première ! « C’est la 1ère fois qu’une interco se mobilise ainsi, c’est le signe que ce ne sera plus un domaine réservé », se félicite l’élu.

C’est sur la ZAC de Dembéni que seraient implantées ces deux structures, fruit d’un travail mené avec la SIM (Société Immobilière de Mayotte), et ça aussi c’est nouveau, « l’entrée en scène de la SIM c’est le signe d’une confiance mutuelle ». Elles pourraient ouvrir en 2027, « d’ici 2030 pour rester prudent ». Pour la partie relevant de l’interco du Sud, deux sites sont étudiés, Bandrélé ou Mramadoudou.

« Augmentation catastrophique des grossesses précoces »

EHPAD, Action sociale, Mayotte, Elisabeth Borne, Pacte des solidarités, Mlézi maore, APAJH, MDPH,
Quelles réalisations depuis la signature de la Convention d’engagement par Élisabeth Borne en décembre 2023 ?

Le 17 octobre, le Conseil départemental va signer le Pacte des Solidarités 2023-2027, la continuité de la Stratégie Nationale de Prévention et de Lutte contre la Pauvreté, « pour l’occasion, un secrétaire d’Etat ou un ministre devrait se déplacer, mais c’est compliqué d’avoir une visibilité actuellement ! ». A Mayotte, sa gouvernance implique 18 partenaires, et regroupe plus de vingt-cinq mesures concrètes, réunies en quatre axes prioritaires. Pour chacun, des appels à projets, avec des attributions à différentes structures. Pour la Prévention de la pauvreté et la lutte contre les inégalités dès l’enfance, qui prévoit la Maison des 1000 premiers jours, un GIP intégrant le rectorat, et la Communauté de communes du Sud (CC Sud)sur la lutte contre la prostitution des mineurs. Pour la Politique d’accès à l’emploi pour tous, le Carif-Oref, la mairie et la Régie des territoires de Tsingoni pour instaurer un guichet unique aux demandeurs de RSA, la CC Sud sur une aide au permis de conduire, la Mission locale, le CDAD, les PMI, etc. « Ces dernières vont travailler sur la sensibilisation des jeunes en matière de sexualité dans les établissements scolaires. C’est en réponse à une augmentation catastrophique de grossesses précoces chez les mineures, on est passé de 100 à plus de 450 l’année dernière. » Des agressions sexuelles pour certaines, des relations qui pourraient être qualifiées de consenties pour d’autres, « si elles n’étaient mineures ».

Le Pacte des Solidarités a fait l’objet d’une délibération ce 4 septembre en commission permanente, « 1,9 million d’euros ont déjà été attribués, et 900.000 euros sont à venir ».

Des relations en accordéon avec Mlézi

Bientôt une prise en charge de jour comme de nuit pour les publics non autonomes

Parmi les structures bénéficiaires, des absentes, comme l’association Mlézi Maore. Les tensions entre l’élu et l’association notamment sur les frais élevés de fonctionnement en sont-elles l’explication ?, l’avons-nous interrogé. « Le problème, c’est que Mlézi n’a pas répondu dans les temps aux appels d’offres. Dans un courrier reçu ce jour, je vois qu’ils signalent avoir fait une demande de subventions en juillet 2024, or la plateforme de dépôts des demandes étaient ouvertes en février et mars. Également, une somme de 10 millions d’euros a dû repartir à la DGOM car l’association n’avait pas fourni les justifications des actions. Or, nous sommes régulièrement contrôlés par la Chambre régionale des comptes, je ne veux aucun écart. »

Nous avons contacté Hugues Makengo, directeur général de Mlézi Maore, qui confirme en partie le problème : « C’était en 2022, et en effet, nous avons manqué la fenêtre de tir pour les subventions. La moitié a été payée, et nous sommes en train de justifier du reste. Des actions n’avaient pu être réalisées, comme la réunification familiale des enfants vers leurs parents aux Comores. » Pour autant, il se félicite de meilleurs échanges avec le Département, « ils se sont grandement améliorés, nous demandons justement davantage de dialogue de gestion, en toute transparence. »

Madi Vélou de son côté, reconnait un passage à vide du Conseil départemental, « nous avons eu de grosses difficultés pour payer les subventions engagées. » Rappelons que la convention de compensation de l’Etat sur la protection de l’enfance signée en 2016 n’avait pas été réactualisée malgré le flux migratoire exponentiel. Renouvelée en décembre 2023 par la Première ministre Elisabeth Borne à hauteur de 150 millions d’euros, elle n’a été versée qu’en partie, « nous n’avons perçu que 30 millions d’euros en début d’année, nous attendons 4 fois cette somme dans l’année, mais sans gouvernement, c’est compliqué ! ». L’assurance d’être accompagné a néanmoins soulagé le Conseil départemental, qui a pu se consacrer à ses autres missions de Département-Région.

Inauguration des nouvelles PMI en vue

La PMI de Koungou en attente d’inauguration depuis plusieurs mois

Autre gros chapitre, l’entretien de ses bâtiments par le Conseil départemental en général, et de la DGA Santé-Solidarité en particulier. Et l’inquiétude des usagers de Koungou dont la vieille PMI (Protection Maternelle Infantile) a été fermée, avec une  qui ne va pas rester longtemps flambant neuve, qui trône depuis plus d’un an en attendant son inauguration, n’est pas pour rassurer. « Ça y est, c’est enfin réglé !, s’exclame Madi Vélou, nous avons enfin un nouveau DGA chargé de l’Aménagement, qui récapitule tous les chantiers. Nous réceptionnerons Koungou au plus tard en janvier 2025, ainsi que les PMI de Vahibé, de Mtsamboro, qui avaient été programmées par la mandature précédente, et nous reprendrons le bâtiment de Passamainty. Puis ce sera le tour de M’gombani et de Kawéni. »

L’élu ne se défile pas quand on évoque les échos de difficultés de gestion quotidienne de ses services, notamment sur l’entretien du matériel et la présence des agents au travail. « Nous avons sollicité le bureau d’étude Espelia, qui nous avait déjà accompagnés, qui nous livrera sa synthèse en octobre sur l’organisation de la DGA sur les pôles Santé et Solidarité. Une réorganisation financière est en cours pour permettre de fluidifier la gestion, « et nous avons voté 600.000 euros pour le parc auto de la PMI et l’ASE, en récupérant la main sur sa gestion en direct.

Toujours sur le matériel roulant, 6 bus doivent arriver d’ici la fin de l’année, « 4 comme PMI mobiles qui iront vers les villages éloignés pour parler notamment de contraception, et 2 seront livrés à la MDPH, également dans l’objectif de ‘l’aller vers’ ».

La Maison Départementale des Personnes Handicapées justement, qui avait fait parler d’elle en mouvements sociaux, semble avoir retrouvé le calme indispensable à cette structure, « la nouvelle directrice a toute ma confiance », glisse l’élu qui doit se rendre avec elle à Laval, « pour muter avant la fin de l’année prochaine la MDPH en Maison Départementale de l’Autonomie, avec un guichet unique d’accès des usagers quel que soit leur âge. »

Avec un recentrage sur sa DGA que lui permet son budget annexe, Madi Velou espère se doter d’une gestion « au plus proche des besoins ».

Anne Perzo-Lafond

* Association Pour Adultes et Jeunes Handicapés

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