Le gros incendie qui s’est produit en Guyane ce 27 juillet 2024 devrait résonner comme une alarme à Mayotte. Environ 80% de la zone d’habitat précaire dite « Source de Baduel » à Cayenne, la capitale, y a été détruite. Selon Ouest France, qui parle de « crise humanitaire d’ampleur », c’est plus de 1.000 sinistrés qui ont ainsi dû être provisoirement relogés dans des gymnases en attente de relogement. On imagine que des solutions seront plus facilement trouvées qu’à Mayotte sur un territoire 200 fois plus étendu avec un foncier potentiellement plus facilement libérable.
Selon l’Etat, qui a déployé une cellule d’urgence médico-psychologique en soutien aux familles rescapées, près de 1.500 personnes vivaient sur cette zone pentue dans des conditions précaires. Aucun décès n’est à déplorer.
Si l’origine du sinistre reste encore à ce jour indéterminé, la multitude de branchements électriques sauvages est mentionnée par le quotidien, qui souligne qu’il s’agit du 4ème incendie en deux ans dans un quartier informel de Guyane.
Le site Lutte Ouvrière mentionne que l’incendie a mis du temps à être maitrisé en raison des difficultés pour les pompiers de pénétrer au cœur du bidonville.
A Mayotte, un risque accru sans eau
Ces problématiques de branchements sauvages, d’impossibilité de circuler sur les chemins étroits et pentus des zones d’habitats insalubres, sont les mêmes à Mayotte, doublées de la difficulté d’accès à l’eau, coupée un jour sur trois, ce qui prive les habitants de la possibilité de commencer à éteindre le moindre départ de feu, surtout en cette saison sèche où la végétation est prête à s’embraser.
Si les services d’Électricité de Mayotte (EDM) interviennent progressivement sur les branchements illégaux, ces derniers se multiplient au gré des arrivées nocturnes de kwassa, leur compliquant la tâche.
La destruction progressive de ces bidonvilles est un des objectifs de l’Etat, qui se heurte à la difficulté du relogement. Nous avons vu que des biais législatifs facilitateurs existent, et peuvent être exploités dans le cas de péril ou d’insalubrité, comme la DUP Vivien couplée à la loi Letchimy, qui allège la phase administrative. Elle est actuellement utilisée à Koungou à Mayotte, sur la zone de Mavadzani-Mouinajou et ses 460 cases en tôle.
Il va falloir mettre les bouchées doubles pour venir à bout des plus gros bidonvilles avant qu’un incendie ne s’en charge.
Anne Perzo-Lafond