« Sur les 20.000 vaccinations faites à ce jour à Mayotte, 10.000 l’ont été depuis le début du mois de juillet. Nous avons pour objectif le chiffre de 40.000 vaccinations d’ici la fin du mois d’août ou début septembre », a indiqué le directeur de l’ARS de Mayotte, Sergio Albarello. Pour atteindre cet objectif, l’ARS a mis en place des dispositifs et des moyens importants avec l’aide de la Réserve sanitaire. Ainsi des « points fixes » ont été installés durant plusieurs jours dans différents villages de l’île.
« Actuellement nous avons cinq point fixes : deux à Ongojou, deux à Kahani et un à Combani, plus deux équipes mobiles qui vont à la rencontre des gens qui ne peuvent pas se déplacer, explique Marine Degornet, coordinatrice terrain pour l’ARS. Depuis le milieu de cette semaine, pas moins d’une douzaine d’agents vaccinent la population à Ongojou. Mercredi nous avons vacciné 500 personnes dans la journée. Jeudi nous devrions vraisemblablement atteindre le même chiffre. On arrêtera quand plus personne ne viendra nous voir pour être vacciner, nous continuerons dans les prochains jours s’il le faut », poursuit-elle
Une stratégie de vaccination ciblée
Pour rappel, aucun cas de choléra n’a été signalé à Mayotte depuis le 12 juillet et sur les 221 cas au total recensés dans le département depuis la mi-mars, 214 cas ont été confirmés et 7 cas probables. Parmi ceux-ci, 199 ont été acquis localement et 22 sont des cas importés.
Comme le souligne le directeur de l’ARS, l’objectif est de toucher le plus de monde possible, sans pour autant généraliser la vaccination à l’ensemble de la population mahoraise. « Nous installons des points fixes au plus proche des populations vulnérables où l’accès à l’eau potable est parfois difficile voire inexistant, et où il y a également une forte promiscuité. C’est une vaccination de prévention que l’on amplifie maintenant depuis plusieurs semaines ». Pour mener à bien cette campagne de vaccination préventive plusieurs actions de sensibilisation, d’explication, de porte à porte ont été menées en amont. « Nous travaillons avec des associations comme Mlezi ainsi qu’avec la Croix-Rouge qui sont allées chez les gens pour leur expliquer la situation, ce qu’est le choléra et la vaccination. Les gens sont compréhensifs et il y a peu de refus de se faire vacciner », raconte la coordinatrice terrain de l’ARS.
Le vaccin contre le choléra s’administre par voie orale, il se boit, fini donc la peur de la piqûre, notamment pour les enfants. Et même si le goût du vaccin ne semble pas faire l’unanimité, il n’en demeure pas moins efficace assure Sergio Albarello. « Les gens ont tendance à croire que le vaccin qui se prend par voie orale serait moins efficace que celui avec une seringue, ce qui est faux ! ».
Actuellement l’ARS considère que la situation est « favorable » et que tous les foyers sont actuellement inactifs. Comprenez qu’il n’y a semble-t-il pas de propagation de l’épidémie de choléra et pas de nouveaux cas détectés. Cependant, l’Agence régionale de Santé de Mayotte a mis en place des réunions de concertation pluridisciplinaire afin de statuer sur l’imputabilité des décès suspects. De plus, elle va continuer d’accentuer les vaccinations préventives en portant son choix sur les populations vulnérables afin d’éviter que l’épidémie ne reparte de plus belle d’ici quelques mois.
B.J.