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Bouteilles d’eau impropres à la consommation : la préfecture met la poussière sous le tapis

Une partie du stock d’eau de la préfecture serait non-conforme aux exigences requises en matière de la qualité de l'eau.

Le 28 janvier dernier, l’Agence régionale de santé de Mayotte alerte les habitants du département concernant un lot d’eau embouteillée de la marque Cristaline. Depuis, des bouteilles d’eau aux odeurs et aux goûts douteux continuent de circuler dans l’île. 

Des lots d’eau impropres à la consommation

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Une forte odeur de renfermé, un goût étrange en bouche, certains consommateurs d’eau Cristaline ont révélé leurs soupçons

En janvier 2024, un lot d’eau embouteillée de la marque Cristaline, source « Noémie », portant la numération CH1 23/10/25, est jugé impropre à la consommation. Deux mois plus tard, suite aux analyses menées par l’ARS sur des eaux embouteillées, un lot également de la marque Cristaline, source « Elena », portant la numération M1 03/11/25, est déclaré défectueux. Alors que les bouteilles de ce lot contiennent une forte odeur d’hydrocarbures, le groupe des sources Alma déclare que la qualité des eaux en sortie d’usine est bien garantie. Dans ce contexte, l’ARS recommande aux usagers de ne pas consommer cette eau mais précise qu’ « aucune anomalie n’a été détectée sur les autres eaux embouteillées aujourd’hui distribuées ou vendues à Mayotte. »

Un stress hydrique permanent 

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En décembre dernier, la DEALM estimait que les pertes d’eau dues aux fuites sur le réseau représentaient près de 15.000 m³ par jour, soit près de 40 % de la production totale d’eau de l’île

Le 30 janvier dernier, les acteurs de l’eau, réunis en conférence de presse présidée par l’ancien préfet du département, Thierry Suquet, avaient déclaré que les coupures d’eau pourraient être nettement allégées en mars 2024. Près de six mois plus tard, les coupures d’eau perdurent. Les habitants de Mayotte raccordés au réseau d’eau potable de l’île n’ont accès à l’eau que deux jours sur trois, et de nombreux habitants se plaignent de retards sur la remise en eau ou de coupures aléatoires en dehors du calendrier des « tours d’eau » transmis par la société mahoraise en charge de la distribution de l’eau sur le territoire (SMAE). Concrètement, depuis plus d’un an, les coupures d’eau sont quotidiennes sur le 101ème département français, qui n’a toujours pas gagné sa bataille contre l’épidémie de choléra.

Une partie du stock d’eau de la Préfecture serait non-conforme 

Si en sortie d’usine, la qualité des eaux Cristaline est garantie, que se passe-t-il durant l’acheminement, puis le stockage de ces bouteilles au port de Longoni ?

D’après nos sources, suite à ces différents signalements, les lots défectueux ont été assimilés comme appartenant à un stock d’eau stratégique de l’Etat. Pourtant, les bouteilles d’eau Cristaline continuent d’être vendues, achetées et consommées sur l’île, et certains habitants relèvent encore des odeurs et des goûts de « poussière » sur certaines bouteilles d’eau du groupe. Faute de communication officielle, nous avons interrogé les services de la préfecture sur ce sujet qui se sont montrés rassurants sur la qualité des eaux embouteillées distribuées : « La préfecture et l’ARS effectuent des contrôles sur l’eau qui est destinée à une distribution en cas de besoin, et ce afin de s’assurer que celle-ci demeure appropriée à la consommation humaine. Cette opération logistique organisée entre la préfecture et l’ARS permet de vérifier la qualité de l’eau stockée. Dans l’éventualité où un lot se révèle non conforme, l’eau sera valorisée dans un usage autre que la consommation. Ainsi, le stock stratégique est lui aussi concerné par des contrôles qui interviennent afin de s’assurer de sa qualité. » 

Or, d’après ce qui nous a été rapporté, une partie du stock d’eau concerné par ces anomalies s’est révélée non-conforme aux exigences requises en matière de la qualité de l’eau, obligeant ainsi la préfecture de Mayotte à détruire une partie du stock ou à l’utiliser pour d’autres usages. Si les causes de cette non-conformité ne sont pas dévoilées, on imagine l’incommodité des responsables de l’Etat de constater qu’une partie du stock d’eau distribuée à la population est impropre à la consommation, en contexte de crise de l’eau et d’épidémie de choléra. Quand la langue de bois prend l’ascenseur, la réalité, elle, prend l’escalier… 

Mathilde Hangard 

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