Alors que les campagnes officielles continuent à marteler l’importance de trier ses déchets pour le bien de l’environnement, à Mayotte cette habitude normalement simple à mettre en place devient un calvaire. Les bennes de tri sont en effet régulièrement trop pleines pour accueillir de nouveaux déchets, contraignant les usagers à se rendre sur plusieurs sites pour espérer pouvoir y vider leurs ordures ménagères recyclables. Certains rentrent même chez eux avec leurs poubelles toujours pleines ! Une perte de temps et d’énergie qui décourage les habitants et finit parfois par avoir raison de leur conscience écologique. Le confort de vie prime en effet chez beaucoup sur l’angoisse de voir notre belle île devenir peu à peu une poubelle à ciel ouvert. Terrible, mais « humain trop humain » pour reprendre la formule du philosophe Nietzsche.
Le problème ne concerne pas uniquement les ordures ménagères recyclables… Aussi, nous avons demandé des explications sur les causes de ce problème majeur auprès de Philippe Moccand, le directeur Collecte et tri de l’éco-organisme Citeo.
Des problèmes de sécurité à l’ISDND qui se répercutent « par ricochet »
Afin d’expliquer les causes du problème, Philippe Moccand a évoqué les problèmes de sécurité de l’Installation de Stockage des Déchets Non Dangereux, située à Dzoumogné. C’est là en effet que se retrouvent tous les déchets non recyclables, quand les recyclables atterrissent quant à eux au centre de tri de Longoni pour y être retriés et envoyés dans les pays chargés d’assurer leur recyclage. L’ISDND de Dzoumogné a en effet été victime au cours de ces derniers mois de plusieurs dégradations et de vol de matériel. Quel rapport, me direz-vous, avec la collecte des bennes de tri ? « C’est que le fonctionnement moins bon de l’ISDND engendre une saturation du quai de transfert de Hamaha et perturbe donc le turn-over des camions », explique le directeur de Citeo. Le quai de transfert étant saturé, il ne peut plus accueillir les bouteilles en verre, ce qui provoque « un effet ricochet » impactant toute la collecte des déchets assurée par Star Mayotte, le prestataire mandaté par Citéo. L’organisation générale de la gestion des déchets sur l’île au lagon comporte plusieurs étapes faisant intervenir plusieurs entités, si imbriquées les unes dans les autres que le moindre problème chez l’une se répercute automatiquement sur l’autre.
Par ailleurs, Philippe Moccand nous révèle également que deux Camion de la Star étaient dernièrement en panne, ce qui a augmenté la difficulté de la collecte. « Ces camions sont désormais réparés et nous avons ouvert l’accès à la plateforme d’urgence pour la collecte du verre. Au 1er juillet, tout le verre en retard sera normalement collecté », affirme-t-il. La collecte des déchets se faisant « matière par matière » afin de ne pas mélanger, chaque camion effectue 3 allers-retours sur les sites de tri par types de déchets. Une organisation bien huilée, sauf quand un chaînon de l’engrenage est perturbé pour une raison ou pour une autre…
Le directeur nous également confié que les entreprises manquaient de moyens pour entretenir correctement le matériel nécessaire à la collecte. En milieu tropical, il est en effet soumis à une usure plus importante que dans les zones plus tempérées.
Citeo lance un nouveau marché pour la collecte
Si le rattrapage de la collecte du verre doit se terminer dès ce lundi 1er juillet, les autres déchets recyclables seront quant à eux collectés courant juillet. Philippe Moccand nous annonce par ailleurs que Citeo a lancé un nouveau marché pour la collecte des ordures ménagères. Star Mayotte ne sera pas évincée puisqu’elle garde un lot, mais renforcée par Enzo Recyclage, qui a gagné l’appel d’offre. Cette dernière entreprise s’occupera désormais de Petite-Terre et de la Cadema tandis que la Star gardera la collecte de tout le reste de l’île. « Nous espérons pouvoir mettre en place des collectes supplémentaires dès les prochaines semaines », affirme Philippe Moccand. « Normalement, les communes doivent signaler à Patrice Roux, notre représentant en local, les points de débordement afin que nous puissions nous y rendre en urgence », précise-t-il.
Il ajoute que la collecte des bennes de tri reviendra à la normale d’ici fin septembre. « Nous aurons terminé le rattrapage et pourrons enfin reprendre notre rythme de croisière », indique-t-il. « Je suis conscient que tout n’est pas parfait, mais nous tentons de résoudre au mieux les problèmes en mettant en place de nouvelles choses. Nous rajoutons des bennes de tri régulièrement et allons très prochainement acquérir de nouveaux camions », conclut le directeur.
N.G