La campagne de vaccination contre le choléra bat son plein aux Comores. Des équipes sont déployées partout dans les régions du pays pour vacciner la population. « Nous voulons en finir une bonne fois pour toute avec cette épidémie, tous les moyens sont mobilisés pour garantir un succès de la campagne », a souligné la ministre de la Santé, Loub Yakout Zaidou qui avait donné le coup d’envoi à Anjouan (Ndzuani) où l’on a enregistré le plus grand nombre de cas et de décès.
L’immunité collective en priorité
Le dernier bulletin de santé fait état de 9.666 cas de choléra dans l’archipel depuis la déclaration officielle de l’épidémie il y a deux mois. L’île d’Anjouan est la plus touchée avec 8.491 cas, suivie de l’île de Grande Comore (Ngazidja) (662) et l’île de Mohéli (Mwali) (553). Le pays a enregistré 143 décès dont 121 dans la seule île d’Anjouan contre 15 à la Grande-Comore et 7 à Mohéli.
A ce jour, le pays a mobilisé 400.000 doses de vaccins grâce au soutien de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et du programme GAVI. «Nous estimons que le nombre de doses suffira à parvenir à l’immunité collective de la population », a estimé Mme Hissane Abdou Bacar du Bureau de l’OMS à Moroni. « La population doit rester mobilisée car la lutte contre l’épidémie passe d’abord par le vaccin. Chaque citoyen est concerné par la campagne de vaccination », a ajouté le Docteur Sainda Mohamed qui assure la coordination entre les autorités sanitaires et les agents déployés sur le terrain.
Une propagation rapide du virus
Les premières évaluations font état d’une forte mobilisation à Anjouan où l’on comptabilise 200.000 personnes vaccinées sur un objectif de 379.000, soit environ 52% de la population, d’après le coordinateur régional Dr Ansouffoudine Mohamed qui, comme tous ses collègues, plaide pour l’immunité collective de la population. A Mohéli, les 57.000 doses de vaccins réclamées permettront de vacciner 100% de la population contre les 40% enregistrés en fin de semaine. « Le vaccin reste la seule alternative pour éradiquer le choléra à Mweli et dans le pays », soutient le Docteur Abdoul-Anziz Hassanaly, le coordinateur régional qui annonce « une nouvelle campagne » pour atteindre les objectifs fixés par les autorités sanitaires.
Le faible taux de vaccination est noté à la Grande-Comore où seulement 30% de la population a été vaccinée malgré les nombreuses actions de sensibilisation. Les professionnels de santé se heurtent à une forme de résistance des citoyens qui banalisent la maladie jusqu’à la renier. Une attitude que déplore la directrice régionale de la santé de l’île, Sitti-Foutoum Sagaf qui affirme que «l’opération n’a pas permis d’atteindre la moitié de la cible visée ».
Les Comores ont connu une hausse rapide du nombre de cas au lendemain de la découverte de l’épidémie en avril dernier. Les mouvements de la population pendant le mois de ramadan puis à l’occasion de l’Aïd El Fitr ont accéléré le niveau de propagation du virus dans un pays où la densité de population est très élevée et où les conditions d’hygiène et de salubrité publique laissent encore à désirer. Les Comoriens souhaitant voyager sont soumis à la présentation d’une carte de vaccination anti-choléra.
A.S.Kemba, Moroni