Tous les jeunes de 18 à 30 ans, animés d’un projet de salariat, d’entreprenariat ou ayant simplement besoin d’être guidés dans leur parcours professionnel, sont concernés.
Avec plus de 6000 jeunes accompagnés chaque année, la réputation du service militaire adapté (SMA) en matière d’insertion professionnelle n’est plus à faire mais quelques cordes manquaient encore à son arc : « Nous avons décidé de créer une fondation du service militaire adapté pour prolonger et compléter l’action des RSMA dans les outre-mer », explique le général Jean-Pierre Metz, président de la fondation du Service militaire adapté. Après deux ans d’étude et de réflexion, la fondation du SMA a finalement été créée en juillet 2023, sous l’égide de la Fondation agir contre l’exclusion (FACE), alimentée par des fonds privés. L’objectif de cette fondation est d’accompagner des jeunes de 18 à 30 ans, actuellement au RSMA, ou anciens de l’institution, ayant un projet professionnel, à les renforcer.
Mardi, le général Metz et Guillaume Villemot, directeur général de la fondation, étaient en déplacement à Mayotte, avant de partir à la rencontre de leurs partenaires réunionnais. Leur visite avait surtout pour objectif de présenter les missions de la fondation, mais aussi d’inscrire une dynamique locale. En effet, pour être opérationnelle, « la fondation est insérée au sein d’une association implantée localement » a expliqué le général.
« Parfois les jeunes ont besoin de plus »
Mais alors que le taux d’insertion des jeunes issus du RSMA est largement élevé, la création d’une fondation supplémentaire aurait pu interroger. Chaque année, le RSMA permet à 80% des jeunes de ses cohortes d’être intégrés à une formation ou un emploi. Pour Jean-Pierre Metz, « la création de la fondation du service militaire adapté n’est pas révélatrice d’obstacles rencontrés par le RSMA », mais il arrive qu’au moment de l’insertion des jeunes certains aient « besoin d’un plus, d’une aide, pour s’installer ou se loger », explique le général.
Lutter contre l’éloignement géographique des savoirs
D’après Jean-Pierre Metz, le logement, la mobilité et les formations spécialisées peuvent être trois freins majeurs à l’insertion professionnelle dans les départements d’outre-mer, auxquels souhaitent remédier cette fondation du SMA : « On peut aider les jeunes à s’installer dans un nouvel endroit car le travail qu’ils ont trouvé nécessite qu’ils déménagent ou qu’ils se déplacent, on va les aider à passer le permis (…). »
Le rôle de cette fondation intervient aussi en complément direct de certaines formations disponibles sur le territoire, comme celui de Mayotte. « Les régiments ont des filières de formation, mais parfois ils ont besoin de formations complémentaires ou qualifiantes, pour que le jeune puisse créer son entreprise, telles qu’une formation sur le transport des matières dangereuses pour un jeune qui souhaiterait créer son entreprise de poids lourds, et qui nécessiterait d’être formé aux matières dangereuses, à La Réunion ou dans l’hexagone, car cette formation n’est pas disponible à Mayotte », mentionne le général.
Pour appuyer son propos, Jean-Pierre Metz évoque l’exemple d’un jeune martiniquais, inscrit en formation pour devenir soudeur au RSMA en Martinique, qui souhaitait compléter son parcours, avec une formation au métier de scaphandrier, dont les enseignements n’étaient pas dispensés en Martinique. La fondation a ainsi pu lui financer sa formation de scaphandrier, réalisée dans l’hexagone, à Fréjus. Sa vocation est également de lutter contre les contraintes de l’éloignement géographique, qui pourraient priver certains jeunes d’accéder à des formations ou à des emplois, du fait d’une offre éducative moins importante dans les outre-mer qu’en hexagone.
Une antenne de la fondation à Mayotte
Si le siège de la fondation du SMA se trouve à Paris, le général Metz et Guillaume Villemot vont poursuivre leurs déplacements dans les départements de l’hexagone et de l’outre-mer afin de renforcer leurs liens avec leurs partenaires, notamment les entreprises d’accueil de ces jeunes, et auprès de leurs relais locaux. Ces partenariats s’organisent sous la forme de mécénats de compétences. Dans chaque département, une association financée par la fondation sera implantée. L’association de la fondation de Mayotte est d’ores et déjà à la recherche d’un salarié référent, dont la mission est pour l’instant assurée par le Commandant Toussaint.
« Favoriser l’autonomie alimentaire des territoires »
La fondation ambitionne également de former les jeunes du RSMA au métier de la pêche, de l’agriculture, de l’élevage et de l’agro-alimentaire, pour « favoriser l’autonomie alimentaire des territoires ». Actuellement, près de 70 projets dans l’ensemble des territoires d’outre-mer ont été impulsés par la fondation. D’ici quelques mois, l’objectif serait de les doubler largement en aboutissant à la mise en place de 200 projets.
Mathilde Hangard