Deux jours après la tentative d’intrusion au domicile du préfet de Mayotte, l’enquête éclaire désormais le profil du suspect. Si l’affaire avait provoqué une vive émotion politique, il apparaît aujourd’hui que l’homme présente des troubles psychiatriques, indépendants des faits constatés.
Une garde à vue interrompue et une hospitalisation d’office
Interpellé dans la nuit du 28 au 29 décembre après avoir tenté de forcer le portail de la résidence officielle du préfet à l’aide d’une barre de fer, le suspect a été placé en garde à vue pour « dégradations d’un bien d’utilité publique ». Le procureur de la République de Mayotte précise dans un communiqué du 30 décembre que « les constatations matérielles opérées par la gendarmerie nationale mettaient en évidence des légères éraflures sur le portail ».
Mais la procédure judiciaire a rapidement été suspendue. Le procureur explique que le mis en cause « tenait des propos incohérents » et a fait l’objet « d’une hospitalisation d’office en raison de l’incompatibilité de son état psychique avec la garde à vue ». L’examen psychiatrique diligenté dans ce cadre a conclu « à l’altération de son discernement ». L’homme, de nationalité rwandaise, est par ailleurs inconnu de la justice et en situation irrégulière sur le territoire.
Une affaire judiciaire toujours ouverte, au-delà du choc politique
Si l’intrusion a été stoppée avant toute effraction et sans blessé, la préfecture avait qualifié l’épisode de « menace directe visant le représentant de l’État ». François-Xavier Bieuville avait condamné « avec la plus grande fermeté cette tentative d’agression et de déstabilisation », provoquant de nombreuses réactions d’élus locaux et de membres du gouvernement. La ministre des Outre-mer, Naïma Moutchou, avait souligné : « S’en prendre à lui, comme à tout préfet, c’est franchir une ligne rouge en attaquant la République elle-même ».
Le parquet de Mamoudzou rappelle néanmoins que « les investigations se poursuivent sous l’autorité du procureur de la République ». Sur le plan pénal, le suspect encourt une peine théorique de cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende, même si l’altération de son discernement constitue un élément central pour la suite de la procédure.
Mathilde Hangard


