Originaire de Combani, à Mayotte, la mahoraise a toujours eu un goût prononcé pour l’aventure et la découverte. Après un baccalauréat scientifique au lycée de Kahani, elle choisit de se lancer dans des études d’ingénierie à l’École supérieure d’ingénieurs de l’océan Indien (ESIROI), à La Réunion. Deux années de classe préparatoire intégrée plus tard, elle se spécialise en agroalimentaire, concentrant ses efforts sur la recherche et le développement tout en multipliant les stages et expériences à l’international. En dehors de son parcours professionnel, Inayati Bacar se décrit comme une jeune femme pétillante, proche de sa famille et de ses amis, passionnée par la vie, curieuse et très connectée.
Des expériences qui ouvrent l’esprit
Son parcours prend un tournant marquant lors d’un stage de quatre mois en Australie, à Brisbane, où elle a travaillé dans un laboratoire d’analyse de produits alimentaires, en collaboration avec plusieurs universités du monde. Une expérience qui va confirmer son goût pour l’autonomie et l’ouverture à d’autres cultures. « Pour moi, partir seule à l’étranger, c’est le meilleur moyen de se découvrir et de s’ouvrir aux autres », a confié la jeune femme. À propos des préjugés et inquiétudes de sa famille avant son départ, elle raconte : « On m’a dit plein de choses, que les gens étaient racistes là-bas, que c’était dangereux. Au final, c’était génial et j’ai adoré. Faut oser, vraiment ».

Juste après son diplôme, la mahoraise décide de postuler au Volontariat de solidarité internationale (VSI). Sa première mission : le Kenya, pour le compte de l’Agence de développement et d’innovation de Mayotte (ADIM) et de la Chambre de commerce franco-kenyane. Là-bas, elle va contribuer à la mise en place du projet Daraja, qui vise à créer des ponts commerciaux entre le département et le Kenya dans plusieurs secteurs stratégiques comme l’agriculture, l’agroalimentaire, le tourisme ou encore l’économie bleue. Rapidement, l’ingénieure va se concentrer sur l’agroalimentaire, notamment après le cyclone Chido, afin de répondre à la forte demande locale de denrées alimentaires. Son rôle était de faciliter les échanges entre entreprises, mettre en relation des acteurs mahorais et kenyans. Si Inayati Bacar n’a pas directement été impliquée dans la signature de contrats, son travail de « facilitatrice » a permis de créer un réseau solide et des liens durables. « C’était une mission qui avait du sens, parce qu’elle contribuait directement à l’intégration régionale de Mayotte et à son développement économique », nous a partagé la mahoraise.

Pendant un an de mission, la jeune femme a multiplié des expériences enrichissantes : voyages professionnels en Tanzanie et en Afrique du Sud, ainsi que des retours ponctuels sur l’île pour organiser des missions de coopération. Elle y a aussi découvert le quotidien des ambassadeurs et directeurs d’entreprise : « À l’étranger, les gens sont beaucoup plus accessibles, ça ouvre l’esprit et ça crée des opportunités ». Cette expérience lui a également permis de mieux se connaître, Inayati Bacar a appris à se dépasser, à apprécier la solitude et à développer un réseau professionnel international. Sur le plan personnel, elle garde un souvenir marquant de sa première rencontre avec un lion lors d’un safari au Kenya.
Une ambition forte pour Mayotte

Au-delà de ses missions, l’ingénieure est animée par une ambition forte pour Mayotte. Chaque initiative qu’elle entreprend vise à apporter plus à son territoire d’enfance et à le faire avancer. Elle imagine déjà Mayotte dans 50 ans : « Je la vois comme Nairobi, avec des buildings, une ville moderne et dynamique » Son objectif principal est de se former, voyager, découvrir d’autres modèles pour ensuite revenir avec des idées et des compétences concrètes, afin de contribuer au développement économique et social du département.
Pour l’avenir, Inayati Bacar reste ouverte aux opportunités : dans le commerce, l’agroalimentaire ou la coopération régionale. Elle espère continuer à travailler à l’international, tout en apportant, à terme, ses compétences et ses idées à Mayotte. Son conseil aux jeunes mahorais : « Oser, sortir de sa zone de confort et faire confiance à ses capacités. Le monde est à portée de main si on décide d’y aller ». Et pour les parents soucieux : « Faites confiance à vos enfants. Laissez-les partir découvrir le monde, ils apprendront à se connaître et à s’ouvrir aux autres ».
Shanyce MATHIAS ALI.


