Arrivée samedi matin, la ministre des Outre-mer a tout d’abord rencontré le préfet François-Xavier Bieuville ainsi que l’ensemble des représentants des services de l’État avant de se rendre, en milieu de matinée, sur le chantier de construction de la future usine de dessalement à Ironi Bé. D’un coût total estimé entre 95 millions et 105 millions d’euros, sa construction a pris du retard du fait de la crise de l’eau en 2023 et du passage du cyclone Chido. Si tout se passe bien, elle devrait être mise en service en octobre 2027 pour une production journalière de 10.000 mètres cubes d’eau.
« La question de l’eau, un enjeu essentiel pour les Mahorais »

Naïma Moutchou a très vite été briefée concernant les problèmes d’accès à l’eau que connaissent les habitants de l’île depuis maintenant plusieurs décennies. Même si une diminution des tours d’eau pourrait être envisagée à l’approche du ramadan, rien n’est encore garanti. « Nous allons attendre la fin du mois pour voir comment évolue la météo… », a dit à la ministre le directeur général des services du syndicat des Eaux de Mayotte, Ibrahim Aboubacar. Il lui a expliqué également l’avancement des travaux de l’usine de dessalement, « qui devrait permettre de sortir des tours d’eau », mais aussi les campagnes de forage qui sont menées sur le territoire.
« Les 6e et 7e campagnes de forage vont durer jusqu’en 2028 pour un montant d’environ 150 millions d’euros. En tout 25 forages vont être effectués soit plus qu’un doublement puisque nous avons actuellement 21 forages ». Par ailleurs, après des années de tergiverses, la 3e retenue collinaire devrait voir le jour d’ici la fin de l’année 2032. « Il faut deux années d’études, deux années de construction, et deux années de remplissage », a-t-il ajouté.
La ministre a insisté sur le soutien plein et entier de l’État. « Le Gouvernement est engagé pour Mayotte, pour sa reconstruction… Les 4 milliards d’euros sont sanctuarisés. La question de l’eau est un enjeu essentiel pour les Mahorais. L’eau pour les familles est une nécessité. C’est pourquoi j’ai tenu à venir voir de mes propres yeux ce chantier pour constater son état d’avancement ».
L’usine de dessalement de Petite-Terre un puit sans fond ?

Le directeur général des services du syndicat des Eaux de Mayotte a aussi évoqué devant la ministre le problème des fuites, notamment en Petite-Terre. « Nous avons investi 5 millions d‘euros pour rechercher et réparer les fuites, elles représentent 30 % des volumes et c’est encore pire en Petite-Terre où on atteint 50% ! Et plus principalement chez les particuliers. Il n’y a pas de dispositions pour financer et aider les particuliers à réparer leurs fuites… il faut faire des efforts ».
Naïma Moutchou a également été alertée sur la situation de l’usine de Petite-Terre menacée par l’effondrement de la falaise de Moya. « C’est un sujet très préoccupant, lui a dit François-Xavier Bieuville. Nous devons mettre en place un plan d’attaque et l’appliquer rapidement, après les élections de mars. Nous devons aussi mener une réflexion concernant une nouvelle programmation 2027-2032 sur le devenir de l’usine de Petit-Terre. Il est nécessaire de réfléchir à un projet nouveau car la production de l’usine part dans les fuites… ».

La ministre s’est rendue ensuite sur le chantier de l’éco quartier de Tsararano où elle a signé aux côtés du président de l’AlMa, Nizar Assani Hanaffi, et de Benoît Gars, directeur général de l’Établissement public de reconstruction et de développement de Mayotte, une cession foncière de la 1ère tranche de la ZAC (zone d’aménagement concerté) où vont être construits prochainement 166 logements sur les 2.600 prévus au total.
Enfin, interrogée sur le blocage et le retard des aides de l’État pour la reconstruction, Naïma Moutchou a tenu à souligner qu’il n’y avait pas de blocage des services de l’État. « L’argent est là ! Il est versé en fonction de l’avancement des dossiers ». Et qu’elle ferait en sorte de faciliter les choses. « Nous allons voir s’il y a des problèmes d’ingénierie, ou de process administratifs… Mais l’État aide les collectivités et les mesures d’urgence existent déjà, notamment en ce qui concerne l’allègement des normes », a-t-elle conclu.
B.J.


