A Mayotte où près d’un habitant sur deux a moins de 18 ans, la question des droits de l’enfant et de leurs conditions de vie demeurent une priorité pour le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a fortiori un an après le passage de Chido et de ses conséquences dévastatrices.
Un territoire avec des fragilités structurelles
Le cyclone Chido, qui a frappé Mayotte le 14 décembre 2024, a détruit une grande partie du territoire : maisons, bâtiments publics, écoles, CHM, infrastructures de traitement de l’eau… Dans son rapport l’UNICEF France indique que « Malgré la mobilisation rapide des acteurs locaux et associatifs, la coordination institutionnelle est restée insuffisante, révélant la fragilité des dispositifs de prévention et de gestion de crise, et la faiblesse de la prise en compte spécifique des enfants dans la réponse d’urgence ».

Aussi, l’agence des Nations Unies estime à près de 50.000 le nombre de personnes ayant perdu leur habitat, « et de nombreux enfants vivent encore dans des conditions précaires, parfois sans abri », ajoute-t-elle. Concernant l’éducation, 40 % des établissements scolaires ont été détruits ou endommagés, « aggravant une situation déjà marquée par une forte non-scolarisation ».
De plus, le système de santé s’est retrouvé saturé, et les risques épidémiques ont augmenté, tout comme la malnutrition infantile, sans compter le fait que « des milliers d’enfants ont été privés d’eau potable durant des semaines et certaines distributions ont été conditionnées à la présentation de papiers d’identité, excluant de nombreuses familles », dénonce l’UNICEF. Par ailleurs, « les enfants étrangers à Mayotte vivent dans une insécurité juridique et sociale chronique, accentuée par des réformes récentes qui complexifient l’accès à la nationalité française », relève le rapport.
Une mission d’évaluation

L’UNICEF France a conduit une mission en 2025 afin d’évaluer l’impact de ces catastrophes sur les droits de l’enfant. « L’évaluation de la situation des enfants à Mayotte reste entravée par un manque criant de données fiables et actualisées. Les informations disponibles sur la santé, l’éducation ou la protection sont partielles et souvent obsolètes, rendant difficile la mesure réelle des besoins. Cette carence empêche de concevoir des politiques publiques fondées sur des preuves et adaptées à la réalité du terrain », déplore l’agence. Ainsi avant Chido, entre 5.000 et 9.000 enfants n’étaient déjà pas scolarisés et le passage du cyclone n’a fait qu’accroître cette déscolarisation du fait de la destruction de nombreuses écoles. « Malgré un fonds d’amorçage de 100 millions d’euros, la reconstruction des établissements est lente », constate l’UNICEF France.
Les recommandations de l’UNICEF France

Face à ces constats, l’UNICEF France appelle à une refondation des politiques publiques à Mayotte, plaçant l’intérêt supérieur de l’enfant au centre des décisions. Ses recommandations prioritaires sont : Renforcer la collecte des données sur l’enfance ; Garantir l’accès universel à l’éducation, à la santé, à l’eau et à la protection ; Intégrer les besoins des enfants dans toutes les politiques publiques et dans les plans de prévention et de résilience climatique ; Abroger les dérogations législatives discriminatoires en matière de logement et de droit des étrangers ; ou encore Anticiper et prévenir les crises liées au changement climatique, en veillant à intégrer les besoins spécifiques des enfants, ainsi qu’en travaillant sur les résiliences des infrastructures.
« Les enfants de Mayotte doivent être replacés au centre du projet politique pour l’île. Créer les conditions du respect de leurs droits est non seulement une responsabilité juridique, mais également la condition première de la reconstruction du territoire et de sa résilience », conclut Adeline Hazan, présidente de l’UNICEF France.


