
La séance a commencé par la présentation officielle du nouveau Directeur général des services, François Ravier, qui a pris ses fonctions il y’a bientôt un mois, devant l’ensemble des élus. Ben Issa Ousseni en a aussi profité pour revenir sur sa récente mission à Maurice, où il accompagnait le président de la République, Emanuel Macron. Il a expliqué que la coopération régionale était au cœur des discussions, notamment l’intégration de Mayotte à la Commission de l’océan Indien (COI). Le président du Département a assuré avoir reçu des engagements de la part des autorités mauriciennes et a précisé qu’un agent dédié sera bientôt installé au sein de l’ambassade de France.
Budget, réseau électrique et avis des conseils
La plénière s’est poursuivie avec l’étude de six rapports. Parmi eux, la décision modificative numéro 2 du budget 2025, présentée par le président du Conseil départemental. Il a expliqué que la situation financière s’améliorait en cette fin d’année, ces efforts pourraient permettre d’envisager davantage d’investissements, surtout pour les cités administratives et les infrastructures sportives. La commission des transports et de la transition écologique a rappelé que le cyclone Chido a mis à mal au moins 90% du réseau électrique du territoire en détruisant une grande partie du réseau aérien, les câbles, ainsi que les postes transformateurs. Ben Issa Ousseni l’a dit clairement, il faut tirer des leçons de cette catastrophe : « il ne s’agit pas de réparer à l’identique mais de saisir l’occasion pour enfouir et moderniser le réseau afin de mieux protéger le territoire face aux risques cycloniques ». Dans ce cadre, le Département a choisi de renoncer à percevoir une partie des dividendes attendus d’environ 4,5 millions d’euros pour que cette somme soit donnée à EDM afin de servir prioritairement à la réparation et à l’enfouissement du réseau.
Le Conseil de la culture et de l’éducation (CCE) et le Conseil économique, social et environnemental (CESEM), ont aussi pu prendre la parole sur leurs avis et ont pu les expliquer à l’ensemble des élus du Conseil départemental, ils ont tous reçu un avis favorable.
Une motion d’urgence adoptée

La sécurité a constitué un temps fort du rassemblement. Soula Said-Souffou, conseiller départemental du canton de Sada-Chirongui, a déposé une motion de censure pour alerter sur une situation jugée d’extrême urgence à Mayotte. « La population se trouve aujourd’hui totalement désemparée. La justice elle-même est désemparée, elle manque cruellement d’un établissement pour les mineurs isolés et les mineurs impliqués dans des violences inouïes et inacceptables », a expliqué avec fermeté l’élu face à ses collègues. Le calendrier actuel de construction du centre éducatif fermé prévu pour 2031, est selon lui « incompatible avec l’urgence de donner à la justice les moyens de garder cette jeunesse dans un lieu approprié ». Il a donc demandé à l’État d’accélérer le projet afin que les autorités disposent rapidement des moyens nécessaires pour protéger la jeunesse et sécuriser l’île.
Le deuxième volet de sa motion portait sur les victimes de violences. Elles sont de plus en plus nombreuses et confrontées à des procédures longues et complexes pour obtenir une indemnisation et un accompagnement psychologique. « Les victimes subissent la double peine : celle d’avoir été victime de violence et celle de devoir traîner parfois des années pour obtenir leur indemnisation et leur reconstruction psychologique », a insisté Soula Said-Souffou. Il a défendu l’idée d’un allègement des démarches pour permettre aux personnes touchées d’être rapidement reconnues et accompagnées et palier les longues files d’attente tous les jours présentes au tribunal.
La réaction en séance a été rapide, Ben Issa Ousseni a salué la motion et estimé qu’elle ne soulevait pas de débat inutile : « Merci de ce qui est présenté, je crois qu’il ne devrait pas y avoir trop de débat. Les élus sont d’accord avec vous ». Elle a donc été validé à l’unanimité.
Un débat sur l’équité face aux foyers modestes
La rencontre a été conclue par le débat sur la fixation du taux des droits de mutation à titre onéreux, avec la proposition de passer le taux de 3,8 % à 4,5 %. Soula Said-Souffou, s’est opposé à cette hausse, estimant que dans un territoire où le PIB par habitant est à peine au‑dessus de 11.000 euros, cette augmentation pèserait sur les ménages les plus modestes. « Je ne pouvais pas justifier cette hausse, alors que la population fait déjà face à d’énormes difficultés, et qu’au même moment, on n’aligne pas les droits sociaux des Mahorais. Après le cyclone Chido, alourdir encore les taxes sur les habitants me paraît totalement injuste », a exprimé fermement le conseiller départemental. Pour lui, en plus de charger encore plus la population, cela déstabiliserait encore davantage la régularisation foncière.

Le président du Conseil départemental quant à lui a répondu en donnant le contexte plus large de cette décision. « Avec cette hausse, nous allons encaisser à peine 100.000 euros de plus sur un budget global de 350 à 400 millions », a-t-il indiqué. Il a ajouté qu’il ne considérait pas cette action comme pleinement juste, mais que face à la situation, elle était nécessaire pour montrer une certaine bonne volonté vis‑à‑vis des autres territoires, car chaque année Mayotte ampute leur budget. Le rapport a finalement été adopté malgré l’opposition de Soula Said-Souffou, qui est resté le seul élu à voter contre.
Hors plénière, deux annonces en lien avec le quotidien des habitants ont été faite : l’inauguration du stade de Cavani est prévue pour le premier semestre 2026, et le projet de centre sportif de haut niveau est prêt à démarrer dès l’obtention du permis de construire.
Shanyce MATHIAS ALI


