Grève SIDEVAM 976 : situation compliquée dans un contexte de fragilité sanitaire

Une partie de l’île est de nouveau plongée dans l’insalubrité en raison d’une grève d’une partie des agents du SIDEVAM 976 depuis le 12 août. En cause une harmonisation des primes plus compliquée de prévue, qui a cependant donné lieu à un calendrier

A peine sorti d’une période de « gouvernance défaillante » et de « graves dysfonctionnements » selon les termes employés par la Chambre régionale des comptes dans un rapport qui incitait le parquet national financier à y mettre son nez, le syndicat de collecte et de traitement des déchets n’avait pas besoin de ça. « Ça », c’est un mouvement social d’une partie des agents, qui, par le tournant qu’elle vient de prendre, va encore plomber les comptes, alors qu’il faut au contraire les relever, le déficit ayant été multiplié par 6 entre 2017 et 2019.

Réclamant la régularisation de l’attribution des primes, le syndicat SNUTER-FSU a déposé un préavis de grève le 12 août dernier. N’étant pas un syndicat historique du SIDEVAM, ses représentants ne sont pas élus aux instances de dialogue social, mais il a pour lui de siéger au Conseil supérieur de la fonction publique territoriale. Le DGS Chanoor Kassam a alors décidé de convier l’ensemble des syndicats représentés, les deux « historiques », CGT Ma et FO, ainsi que la CFDT qui a intégré la structure en intersyndicale, et donc, le SNUTER-FSU.

Trouver un juste équilibre

Et en termes syndicaux, il y a des sujets, rapporte Chanoor Kassam : « On peut comprendre l’impatience des agents car beaucoup de sujets n’ont pas été traités par la précédente mandature. Il s’agit notamment du RIFSEEP* qui synthétise l’ensemble des primes et indemnités de la fonction publique, mis en place en 2014 au niveau national. Sa mise en place est complexe au SIDEVAM 976, car la structure est issue de plusieurs syndicats de collecte des déchets qui couvraient l’ensemble de l’île, avec chacun, leur régime indemnitaire propre. En harmonisant ces disparités, certains vont y gagner, mais d’autres, environ 40%, vont y perdre, a mis en valeur un bureau d’études que nous avons mandaté en 2020. Pour trouver un juste équilibre avec les finances du SIDEVAM, un travail concerté doit être mené, c’est ce que nous avions commencé à faire. Nous avons proposé un calendrier, les parties étaient d’accord, les autres syndicats avaient signé mardi dernier, seul le SNUTER avait demandé un délai de réflexion, et nous apprenions mercredi par la presse qu’ils continuaient la grève ».

Chanoor Cassam revient sur les évolutions à mettre en place progressivement au SIDEVAM 976 (Photo d’archive)

Une réunion qu’il juge prometteuse s’était tenue ce lundi, « avec une réflexion de notre côté sur les mesures compensatoires demandées », mais sans issue favorable. Entretemps, les agents non-grévistes de Petite-Terre, avaient tenté de démarrer la collecte des déchets dès 5h du matin ce lundi, « deux camions sont partis », ce qui aurait été mal vécu par les grévistes, « un faisceau de câbles et de tuyaux ont été arrachés sur deux camions qui sont hors-service, et des clés ont été volées, un camion a été utilisé comme barrage routier empêchant l’accès au centre d’enfouissement », l’ISDND de Dzoumogne. Des plaintes ont été déposées contre ces exactions, également pour entrave à la liberté de se rendre sur leur lieu de travail pour les agents non-grévistes.

Compliqué de savoir désormais qui est gréviste et qui ne l’est pas, en tout cas, le SIDEVAM a recours à des prestataires privés pour assurer une collecte minimale dans certains endroits. Il n’y a pas encore eu de demande de réquisition d’agents au préfet, « nous restons dans le dialogue », explique le DGS, mais si la situation sanitaire se dégrade, cela sera fait. Autre donnée, le coût du recours aux prestataires privés, « c’est considérable pour une structure qui tente de se relever. Et ça va se prolonger au-delà de la grève, pour pallier les deux camions inopérants. »

On assiste ces derniers jours à une radicalisation du mouvement, ou plus exactement à une flambée de contestations, mais des discussions se poursuivent. C’était notamment le cas ce mardi, toujours sans compromis de fin de conflit à l’issue.

Anne Perzo-Lafond

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