« Il n’y a plus de vie à Mayotte, on survit », lâchait Carla Baltus ce mercredi matin sur France Inter. Invité de la matinale, la présidente du Medef rapportait aux oreilles métropolitaines les difficultés engendrées par le contexte du « chaos sur le chaos », de barrages des collectifs « qui se rajoutent aux barrages des délinquants ». Faisant le constat d’une économie touchée, « 100% du BTP est à l’arrêt, et les entreprises accueillent chaque jour 25% de leurs effectifs », d’une santé touchée, « les pharmacies manque de médicaments alors des patients ont des traitements à prendre », d’une éducation touchée, « les enfants ne sont plus scolarisés et trainent dans la rue », la chef d’entreprise rapportait également le quotidien des habitants en temps normal, « à 18h, on est cloitré chez nous, aller à la plage c’est dangereux, on peut se faire caillasser partout, nous n’avons pas de vie, on survit ».
Le premier soutien ultramarin vient de l’association Interco’Outre-mer qui rassemble les intercommunalités ultramarines. Sa présidente Lyliane Piquon-Salomé, qui succède au mahorais Mikidache Houmadi désormais maire de Dzaoudzi Labattoir, apporte son soutien à Mayotte « marquée par des violences insupportables », à ses élus et agents de collectivités, à sa population qui « fait preuve de courage et d’une remarquable résilience », et appelle à « une mobilisation collective pour soutenir Mayotte » : « Nous formulons le souhait que soit prise rapidement des mesures fermes, adaptées, et efficaces pour répondre aux besoins vitaux de la population, garantir la sécurité et résoudre le problème urgent de l’eau qui entraîne toute une escalade de défaillance. Cette situation est indigne, et notre République se doit solidairement de sortir la population de Mayotte de ce désastre. »
Un Sauve-qui-peut général
Le quotidien Libé évoque lui aussi cette violence, et quoi de mieux que de rapporter un témoignage pour l’évoquer. Celui d’Ahmed qui par une journée de 2022 se fait aborder près du CHM pour une cigarette, et se retrouve menacé d’une bande armée de machettes qui le menace de l’égorger avant de lui voler deux téléphones et 200 euros. Une agression ponctuée par son départ la même année pour La Réunion, qui indique accueillir de plus en plus de mahorais.
Le Figaro donne la parole aux enseignants, reprenant comme nous l’avions fait la longue liste des attaques d’établissements et de ses personnels blessés. C’est la tentative d’intrusion au collège de Koungou le 24 janvier dernier, c’est le professeur du lycée de Dzoumogne, grièvement blessé au crâne après être tombé dans une embuscade, c’est le témoignage d’une prof de lettres, « Depuis novembre, les violences s’intensifient, elles sont causées par les “dakou”, des délinquants, des jeunes mineurs arrivés sur l’île avec leurs parents qui sont souvent des Comores ou de Mayotte ». Avec une question du quotidien, « N’est-ce qu’un violent soubresaut parmi d’autres dans la longue dégradation de la sécurité à Mayotte ces dernières années ? »
Le Parisien évoque un « cocktail explosif à Mayotte », et désormais, les médias consacrent plusieurs articles à la situation insécuritaire intenable sur l’île.
Un début d’écho, « Si cette situation se produisait dans l’Hexagone, les médias nationaux en parleraient matin midi et soir », indiquait ce mercredi Gabriel Attal à l’Assemblée nationale.
En tout cas, on ne peut mettre le délai de traitement de notre quotidien par la presse nationale que sur une certaine lassitude de rapporter toujours les mêmes faits sans apercevoir d’amélioration de la situation. C’est bien ce que l’on vit.
A.P-L.