« C’était un une très belle aventure ! C’était un peu comme un contrat d’apprentissage, sourit Salama Ramia. J’ai essayé d’apporter un minimum de mon expérience… ».
Une expérience intense ponctuée de bons souvenirs…
Même si l’ancienne sénatrice n’est restée que 13 mois au palais du Luxembourg, elle n’a pas chômé ! « En 1 an j’ai pu voir plusieurs facettes de la fonction… et j’ai participé à 2 CMP (ndlr, commission mixte paritaire) ce qui est assez rare ! J’ai aussi effectué plusieurs interventions au sein de l’hémicycle », raconte-t-elle. En effet, dans le cadre de la loi d’urgence pour Mayotte et la loi de refondation, Salama Ramia faisait partie de la commission mixte paritaire composée de sept députés et de sept sénateurs. Cette CMP était chargée de trouver un compromis entre l’Assemblée nationale et le Sénat concernant les lois sur Mayotte.

« Sénateurs et députés nous avons dû nous mettre d’accord sur un texte. Chacun a dû faire des concessions pour aboutir à un consensus. Les 4 parlementaires mahorais qui étaient membre de cette CMP ont bataillé dur pour obtenir gain de cause et défendre les intérêts de Mayotte après le passage du cyclone Chido notamment. Par exemple, dans le cadre de la loi d’urgence nous avons obtenu le report des charges patronales jusqu’en décembre 2025 et non en mars 2025 comme le voulait au départ le Gouvernement. On a dû se battre pour obtenir ce report et à 4 on a finalement réussi à faire adopter un amendement pour décembre 2025 », se félicite l’ancienne sénatrice.
…mais aussi d’âpres négociations
« Durant la CMP sur la loi de refondation il y a eu plusieurs suspensions de séances… c’était très éprouvant par moment. On s’est battus, on a négocié, on n’a pas lâché pour convaincre nos collègues parlementaires, et finalement nous avons obtenu la fin du titre de séjour territorialisé pour 2030 et la mise en place de la LODEOM (ndlr, Loi pour l’Ouverture et le Développement Économique de l’Outre-Mer), au 1er janvier 2026. J’ai fait un gros travail d’argumentation et d’explication auprès de mes collègues », se souvient Salama.

Quant à savoir si elle est devenue maintenant experte en compromis, l’intéressée en sourit : « je ne sais pas, mais en tout cas j’ai essayé de faire entendre mon point de vue et celui de l’intérêt de Mayotte ». En ce qui concerne ses pires moments en tant que sénatrice, elle avoue qu’elle n’en a pas vraiment. « Je ne veux retenir que les bons ! Insiste-t-elle. Sinon peut être quelques moments de solitude… quand je discutais avec différents groupes sur un projet loi et qu’ils me disaient qu’ils allaient le voter, et finalement au moment du vote il n’y avait plus personne. je me suis sentie un peu trahie et seule… », confie Salama.
De nombreux combats menés pour défendre les intérêts des Mahorais
Avant de quitter officiellement ses fonctions, Salama Ramia a interpelé le Gouvernement à plusieurs reprises ces derniers temps. « J’ai interpellé la ministre des Outre-mer sur la crise de l’eau sans précédent que traverse Mayotte. J’ai demandé au Gouvernement de dégager, dès 2026, des crédits budgétaires pour financer des citernes de récupération d’eau et des équipements de stockage dans les foyers, écoles et établissements publics ». Mais aussi sur la reconstruction : « J’ai aussi interpellé la ministre sur le non-versement des fonds d’amorçage destinés à la réhabilitation des écoles et infrastructures communales… Zéro euro débloqué à ce jour ! Comment les communes peuvent-elles reconstruire et protéger la population à l’aube d’une nouvelle saison cyclonique, sans moyens concrets ? Mayotte a fait preuve de résilience. Il est temps que l’État tienne ses engagements », s’exclame-t-elle.

Enfin, Salama a interpellé le Premier ministre sur l’absence de prise en compte des spécificités législatives et réglementaires de Mayotte dans les informations diffusées sur les sites officiels du Gouvernement, comme service-public.fr. « Certaines pages affirment, à tort, que le droit au logement opposable (DALO) s’applique à Mayotte, alors que la loi exclut expressément ce dispositif. Ces erreurs créent une confusion pour les citoyens, compliquent leurs démarches et faussent l’accès à leurs droits. J’ai demandé au Gouvernement de corriger ces anomalies et d’assurer que les règles applicables à Mayotte soient clairement indiquées sur tous les sites publics ».
Maintenant que Salama Ramia est redevenue suppléante du sénateur Thani, elle compte mettre à profit son expérience pour continuer le travail. « Avec ce que j’ai vécu j’ai plus de matière… je sais quoi faire pour que les dossiers avancent vu que j’ai connu et compris ce qu’était le travail de sénateur ». Salama va ainsi œuvrer afin de poursuivre le développement du 101e département. « Je vais me concentrer sur le monde économique car c’est mon domaine, notamment la LODEOM… Mais aussi faire en sorte que ce que j’ai initié en tant que sénatrice je dois maintenant m’assurer que ce soit mis en place dans les faits et appliqué ! ».
B.J.


