Rare mais vrai ! Lors de cette réunion, les nouvelles à propos de l’état actuel des ressources en eau étaient bonnes, permettant d’annoncer un calendrier « progressif de retour à la normale » sur le sujet de l’eau à Mayotte, pour reprendre les mots du Préfet, qui présidait ce comité.
Plus de cent millions d’euros ENGAGÉS DEPUIS LE DÉBUT DE LA CRISE DE L’EAU
Lors de cette réunion, le Préfet de Mayotte s’est félicité des actions, travaux et moyens déployés par l’Etat et les acteurs de Mayotte pour répondre à cette crise hydrique sans précédent. « Plus de cent millions d’euros ont été engagés par l’Etat pour venir en aide aux mahorais lors de la crise de l’eau » a déclaré Thierry Suquet en préambule de ce comité.
Après une période de stress hydrique intense, le Préfet s’est félicité d’avoir mis en place des tours d’eau permettant d’éviter « un arrêt total de la distribution d’eau » pendant cette crise. Actuellement, les pluies abondantes et le maintien des tours d’eau, un jour sur deux sur le territoire, permettent de produire de l’eau « sans avoir besoin d’utiliser les retenues collinaires » afin de préparer la future saison sèche.
Grâce à d’intenses précipitations, la retenue collinaire de Dzoumogné s’est ainsi rechargée à 100% permettant de déverser des rivières, et la retenue de Combani est désormais pleine à 50%. « Cette recharge permet ainsi aux rivières et aux nappes d’être à nouveau bien alimentées », commentait Jérôme Josserand, Directeur de la Direction de l’Environnement, de l’Aménagement, du Logement et de la Mer de Mayotte (DEALM).
Il décrivait une évolution « tout à fait favorable » des ressources en eau disponibles sur le territoire. En effet, d’après le Directeur de la DEALM, grâce aux dernières précipitations, les niveaux des nappes remontent partout sur le territoire. Après un étiage sévère, la recharge des nappes phréatiques se poursuit favorablement et dans les bassins exploités, les débits ponctuels estimés sont élevés. Aussi, grâce aux pluies, les rivières sont passées en régime de hautes eau. Le cumul des deux retenues collinaires de Dzoumogné et de Combani est d’ailleurs très élevé par rapport aux années précédentes.
maintien d’un decalage entre la demande et la production
Cependant, comme l’a présenté la Directrice de la Société Mahoraise des Eaux (SMAE), Françoise Fournial, actuellement, la production maximale d’eau potable sur le territoire reste à cette date « inférieure à la demande en eau estimée. » Grâce aux usines de potabilisation en Grande-Terre, permettant de produire 24.200 m3 d’eau par jour, les forages d’eau traité, permettant de produire 11.900 m3 d’eau par jour et l’usine de dessalement de Petite-Terre permettant de produire, 4 700 m3 d’eau par jour, la production maximale à ce jour est de 40.800 m3 contre une demande en eau estimée à 44.000 et 46.000 m3/jour à la fin de ce mois de janvier 2024.
Cependant, plusieurs indicateurs ont permis d’annoncer un calendrier progressif de retour à la normale sur la question de l’eau à Mayotte. Comme elle nous l’avait expliqué, Floriane Ben Hassen, Directrice de Météo France-Mayotte, a indiqué que le bilan pluviométrique et les tendances attendues en termes de pluviométrie seront « normales » pour une saison des pluies, pour les mois de février, mars et avril 2024.
Ainsi, grâce au maintien des hautes eaux des rivières, au rechargement des nappes phréatiques, au remplissage progressif de la retenue collinaire de Combani et aux travaux permettant d’achever un équilibre des ressources en eau Nord-Sud jusqu’à la fin du mois de février 2024, les tours d’eau devraient « significativement s’alléger dès le 1er mars 2024 ».
La 6ème campagne de forages va être poursuivie de février à novembre 2024 permettant de produire jusqu’à 3.500 m3 d’eau par jour. Dès mars 2024, une 7ème campagne de forages va être engagée jusqu’au mois de juin 2025, permettant également de produire 3.500 m3 d’eau par jour.
Le site d’Ironi Bé décrit par le Préfet comme « un projet qui avance » accueillera la nouvelle usine de dessalement de Mayotte. Les offres des entreprises qui construiront cette nouvelle usine de traitement et de production d’eau sont en cours d’analyses. Le début des travaux a été annoncé pour mi-2025 avec une production d’eau de près de 10.000 m3 par jour.
Aussi, la chasse aux fuites sur le réseau se poursuit. Sur les 800 kilomètres du réseau d’eau existant, la SMAE a recensé près de 625 fuites au total répertoriées à ce jour. « La difficulté de cette identification a été de déceler des fuites alors qu’il n’y avait pas d’eau dans le réseau » a rappelé Françoise Fournial. Si l’essentiel des fuites ont été réparées par la SMAE et les entreprises concernées, certaines restent encore à la charge des propriétaires.
UN CALENDRIER OPTIMISTE DE SORTIE DE CRISE
Cet état des lieux a ainsi permis d’annoncer un calendrier optimiste pour la consommation et la gestion de l’eau à Mayotte. Le 24 février prochain, la distribution d’eau dans les écoles pourra prendre fin. Le 1er mars 2024, la distribution d’eau embouteillée à la population pourra également s’arrêter. A l’approche du mois de mars 2024, un allègement des tours d’eau sera communiqué à la population. Néanmoins, le Préfet a précisé que des stocks d’eau stratégiques allait être distribués « largement » à l’ensemble des établissements prioritaires et des services publics dès le début du mois de mars 2024, pour anticiper d’éventuelles difficultés à venir, forts de cette expérience vécue par les mahorais lors de cette crise hydrique sans précédent. Le 12 février prochain sera réalisé un « retour d’expérience » de cette crise (RETEX) réunissant le bilan de l’ensemble des acteurs engagés dans cette crise.
S’il va encore falloir tenir quelques semaines avant d’observer une diminution des coupures d’eau, il ne faudra surtout pas « abaisser notre garde » a rappelé plusieurs fois le Préfet. Même si de l’eau a coulé sous les ponts, il ne faudrait pas perdre nos habitudes en termes d’économies d’eau, acquises pendant cette crise, pour ne pas faire marche arrière !
Mathilde Hangard