Le 14 décembre 2024, le cyclone Chido a balayé Mayotte avec des rafales atteignant 250 km/h. Derrière les toitures arrachées et les cases effondrées, ce n’est pas seulement l’île qui est à nu : c’est la vulnérabilité d’un territoire où l’habitat informel touche près de la moitié des habitants.
Le rapport Mayotte, France : habitat précaire et informel en zone à risque, produit par l’École urbaine de Sciences Po, propose un regard critique et comparatif sur ces fractures trop longtemps ignorées.
Chido, révélateur d’inégalités

Selon le rapport, le cyclone a agi comme un « révélateur d’inégalités structurelles ». Dans les communes de Mamoudzou, Koungou et Tsingoni, les toits arrachés et les cases détruites ont mis en lumière une urbanisation « qui échappe à la logique de la norme mais répond à une logique de survie ».
Les auteurs rappellent que ces quartiers ne constituent pas une anomalie locale : ils s’inscrivent dans un continuum entre habitat formel et informel que les institutions françaises peinent encore à reconnaître.
Une France oubliée de ses propres programmes
L’étude souligne un paradoxe frappant : Mayotte contribue, via l’AFD et l’Union européenne, au financement du Programme participatif d’amélioration des bidonvilles (PPAB) d’ONU-Habitat… sans pouvoir en bénéficier.
« L’habitat informel serait un problème des pays en développement, non de la République », notent les auteurs. Ce constat met en lumière l’écart entre la politique nationale et la réalité du terrain, où l’urbanisation spontanée et la précarité restent largement marginalisées.
S’inspirer de l’international et reconstruire autrement

Pour sortir de l’impasse, le rapport explore des exemples étrangers : Cuba et ses Centres de gestion et de réduction des risques. Fidji et Salomon avec leurs protocoles de relogement planifiés. Ces expériences montrent qu’une gouvernance efficace repose sur la coordination, l’intégration des populations et la mémoire collective.
À Mayotte, des initiatives locales telles que des ateliers scolaires, des « écoles de témoignages », des podcasts et contes, commencent à faire vivre cette culture du risque, transformant le souvenir des cyclones passés en outil de prévention et de résilience.
Mathilde Hangard


