À même le tarmac et sur l’esplanade d’entrée de l’aéroport Marcel Henry, Marseillaise et folklore de circonstance à peine consommés, c’est au pas de course millimétré que la visite ministérielle, sur fond de crise, s’enclenche, direction l’usine de dessalement non loin de là, dont les travaux de rénovation — en vue d’accroitre la quotidienne production d’eau — semblent être officiellement terminés.
On introduit, présente et récapitule
La priorité gouvernementale depuis ces derniers mois, légitimement chahutée en amont par les parlementaires et le cri de raz-le-bol de la (bien trop ?) conciliante population éprouvant ce commun sentiment d’abandon, se ciblait non pas en des échéances et projets farfelus, nourries d’éternelles promesses non tenues, mais bien en un calendrier compact et stratégiquement restreint visant à trouver efficiente solution pour, d’une part, ne pas en arriver au seuil critique de la vidange complète de 2 retenues collinaires de l’île — ndlr : retenues qui alimentent majoritairement le réseau hydrique potable mahorais — et d’autre part, à gagner parallèlement en ressources et ce, en différents points.
C’est ainsi, en plus des coupures d’eau qui se sont amplifiées, qu’une vaste campagne de recherche et réparation de fuites sur les 800km qui composent le vétuste réseau s’est enclenchée, se combinant à l’exploitation de captages autres, à des travaux d’interconnexion ramifiée, ainsi qu’au lancement de la 6ème campagne de forages et ses prochaines premières mises en service aspirées. Quelques mesures phares, face à cette gestion de crise, principalement financées par l’État à hauteur de 35,7 millions d’euros qui n’ont tout de même pas perdu pour objectif antérieur, aussi celui du plan d’urgence eau de 2017, qui ciblait déjà une extension et un accroissement de la production d’eau dessalée, au niveau de l’usine de Petite-Terre, au regard des besoins qui se voulaient déjà croissants. Des besoins accrus et une quantité produite déjà bien trop insuffisante, notamment pour des raisons techniques relatives à la turbidité de l’eau, qui ont bénéficié là aussi d’une étatique aide financière de 4,2 millions d’euros durant l’été 2022 pour finalisation de travaux de rénovation promis aux alentours de novembre 2023. À quelques semaine près, c’est finalement Madame la Première ministre qui l’a officiellement annoncé, la production journalière de l’usine concernée doit donc passer à 4 700 m3 et cibler, à terme post-crise, une autonomie en eau potable de la petite île.
Entre DUP, foncier, études environnementales et lancement de chantier…
Introduit ainsi, cela peut faire doucement rire sachant l’optimisme gouvernemental assuré, insufflé par les informations du syndicat Les Eaux de Mayotte (LEMA), quant à la sortie de terre de la deuxième usine de dessalement située cette fois-ci en partie Est/Grande-Terre, au niveau de la zone d’Ironie Be. Une zone, en amont, là aussi complexe à trouver, au regard de la taquinerie foncière qui ne cesse de faire son pied de nez en notre restreinte insularité mais qui a tout de même bénéficié d’une procédure manifeste d’expropriation de type DUP* afin que ce site, stratégiquement étudié, puisse rapidement se développer non pas à horizon 2026 mais bien début d’année 2025. Et une production annoncée, à échéance, de 16 000 m3/jour. Sur le papier c’est beau mais dans les faits, il semblerait que le volet notamment environnemental ne soit pas encore bien entériné, sachant le massif concentrât en sel qui sera rejeté à même le lagon, risquant indubitablement d’en engendrer des perturbations sur l’écosystème et la richesse de sa biodiversité. Un travail d’étude sur les impacts environnementaux se veut déjà en cours aux dires de la Première ministre mais gageons de voir si ce dernier sera promptement établi et rédigé dans sa globalité et que le calendrier construction annoncé se mette en action.
Jimaweni et la 3ème retenue collinaire c’est (finalement) pas fini !
Ce nom de Jimaweni-M’Tsangabeach vous parle et pour cause, il était question d’y installer une unité de désalinisation de type osmoseur, exploitable à l’amorce 2024, d’une capacité de production se tablant à terme sur 3 000 m3/jour. Un beau projet annoncé en grande pompe (à eau), en septembre dernier, dont le foncier n’était pas encore totalement validé et qui finalement, pour motifs apparemment technico-pécuniaires, n’a pas abouti.
Qu’à cela ne tienne, LEMA ne jette ni l’éponge ni le bébé avec son eau du bain, voilà que le projet d’une potentielle sorte de 3ème usine de dessalement « en cours de mise au point » est officiellement présenté à Elisabeth Borne ainsi qu’à la presse, visant une production de « 10 000m3 par jour dans un calendrier allant à juillet 2024 ». C’est Noël avant l’heure, sans le sapin ni même les boules quoique, peut-être pas pour les héritiers du regretté Younoussa Bamana qui, manifestement toujours retissants dans les négociations foncières qui s’étalent depuis au moins deux bonnes décennies, au niveau du site d’Ourouvéni, pourraient se voir confrontés à leur tour à une procédure de type Déclaration d’utilité publique (DUP) afin que ce souhait de 3ème retenue — 3 millions de m3 de capacité — une nouvelle fois confirmé ce vendredi par la Première ministre, puisse enfin voir le jour. Un peu à l’image d’un médiatique marronnier, affaire à suivre…
MLG