Depuis plusieurs semaines, la circulation est compliquée pour entrer et sortir de Koungou. Toujours dans la thématique des guerres de bandes, Majikavo et Koungou s’affrontent, l’un reprochant à l’autre d’une agression. Mais finalement, le motif est futile pourvu qu’il y ait bataille. Le problème c’est que les habitants en font les frais.
Particulièrement ce samedi soir où l’axe Kawéni-Koungou a été impraticable pendant quasiment toute la soirée. Des automobilistes se sont fait caillasser, faisant éclater des pare-brise, terrorisant les occupants des voitures. Si la population s’est endormie au son des lacrymo, il ne fallait pas être un professionnel partant faire son service de nuit, « vers une heure du matin, les jeunes avaient carrément envahi Majikavo Koropa, il n’y avait plus de forces de l’ordre », témoigne un automobiliste.
Le salut vient des groupes Whatsapp où chacun échange les informations, et livre les dégâts occasionnés. Un service de renseignements précieux, mais à quel prix ?!
Vendredi et samedi, c’est aux abords du collège que des barrages étaient érigés, empêchant les automobilistes de passer par la commune. Vers 15h ce vendredi, ceux qui sont arrivés à passer en présence des gendarmes, se sont retrouvés à Trévani, entourés de hordes de jeunes cagoulés et armés de machettes, sans présence de force de sécurité. Une passagère nous explique avoir eu la peur de sa vie, « Notre voiture était entourée de jeunes aux regards hostiles, chombo à la main, et alors qu’un embouteillage se formait et que les gendarmes nous avaient dit qu’on pouvait aller vers le Nord. Nous étions des proies faciles. Quand j’ai appelé le 17, on m’a répondu qu’à Trévani, ils ne s’en prenaient pas aux gendarmes contrairement à Koungou, ce pourquoi il n’y avait personne pour sécuriser ».
On ne pourrait mieux illustrer le déficit en forces de l’ordre sur le territoire. Car les gendarmes étaient sollicités aux quatre coins de l’île. Si à Dembéni, les choses se sont calmées sous l’action du maire et de la gendarmerie, plusieurs points chauds étaient signalées, comme à Miréréni où la population a également été prise en otage, ou à Mtsapéré, en zone police, où depuis une dizaine de jours, les habitants dépendent pour rentrer chez eux, du bon vouloir des voyous. C’était notamment le cas ce dimanche soir.
Il faut également regarder de plus prés les zones épargnées par ces combats violents, et en comprendre les raisons. Car, alors que chacun a besoin de décompresser le week-end, se déplacer devient un vrai cauchemar, 7 jours sur 7 et 24h sur 24.
A.P-L.