La dynamique concernant la résorption de l’habitat insalubre (RHI) continue en dépit des nombreux recours portés devant le tribunal administratif de Mamoudzou. Hier ce sont ainsi trente-quatre cases qui ont été détruites à Mtsamoudou et onze familles qui ont été délogées. « Sur les onze familles qui habitaient sur ce terrain toutes ont fait l’objet d’une proposition de relogement, mais à ce jour seulement deux d’entre elles l’ont acceptée. Nous sommes dans la continuité de l’opération Wuambushu », a indiqué le Préfet de Mayotte, Thierry Suquet. Même si ce dernier concède que l’objectif annoncé par le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, risque de ne pas tout à fait être atteint. « Le mouvement est enclenché, la dynamique se poursuit. Nous avons identifié en amont les cases à démolir et même si nous n’en sommes qu’à 900 à la fin du mois de décembre, nous atteindrons les 1.000 en tout début de l’année 2024. Décembre ou janvier cela à peu d’importance », explique-t-il.
« Passer du bidonville au logement salubre »
Thierry Suquet compte ainsi maintenir les opérations de RHI coûte que coûte. « L’idée est de détruire environ 1.000 cases par an. Nous avons ainsi pour objectif d’arriver à la fin du mois de juin de l’année prochaine à 1.500 démolitions ». Le Préfet veut ainsi empêcher le développement de bidonvilles et compte montrer que l’État fait son travail. « Nous devons passer du bidonville au logement salubre et bloquer l’extension de banga afin de dégager du foncier pour aménager les villes. Il faut que la nature reprenne ses droits, le tout dans une urbanisation cohérente ». Puis il a ajouté que « Le ministre Darmanin entend continuer à lutter contre la violence, la délinquance et l’immigration illégale sur ce territoire. On ne veut pas que Mayotte soit en échec. Cette île ne peut pas accueillir tout le monde ! ».
Pendant ce temps-là le manque l’eau perdure…
Interrogé sur le problème d’approvisionnement des familles en eau, a fortiori pour celles vivant dans des banga illégaux, le Préfet assume : « On ne peut pas tout arrêter à cause du problème de l’eau… ». Aussi, concernant l’accès à l’eau potable le représentant de l’État maintient que les gens qui ne se trouvent pas sur le chemin de l’eau peuvent s’approvisionner aux citernes, aux rampes et que des bouteilles sont distribuées aux familles les plus nécessiteuses. « La crise de l’eau est une réalité, on se bat tous les jours avec l’ARS (Agence régionale de santé) et la Smae pour que la population y ait accès. Nous devons faire en sorte de maintenir la continuité de la vie économique et sociale en dépit du contexte de la crise de l’eau. Il faut que les entreprises puissent continuer à travailler et que les écoles restent ouvertes pour accueillir les élèves. Pour cela, de l’eau en bouteille est distribuée dans les établissements scolaires qui ne se trouvent pas sur le chemin de l’eau ».
Au cours de cette opération de RHI, ce sont environ soixante-dix personnes qui ont été délogées de leur habitat insalubre. Certaines en situation régulière ont accepté d’être relogées par les services de la préfecture, d’autres l’ont été dans des familles habitant la commune de Bandrélé. Concernant les personnes en situation illégale, Thierry Suquet a assuré qu’elles avaient été reconduites dans leur pays d’origine. « Tous les jours parmi les gens qui partent aux Comores, ce sont plus de 15% qui sont reconduits soit dans le cadre d’une OQTF (Obligation de quitter le territoire français), soit ce sont des départs volontaires ». Une prochaine opération de RHI aura lieu le mois prochain, toujours du côté de Mtsamoudou.
B.J.