L’association Oulanga Na Nyamba menacée de disparition dix mois après Chido

Dix mois après, les séquelles laissées par le cyclone Chido menacent l’avenir de l’association Oulanga Na Nyamba, pilier de la protection des tortues marines à Mayotte.

Le 14 décembre 2024, le cyclone Chido a frappé Mayotte « avec une violence inédite », laissant derrière lui des dégâts humains, matériels et environnementaux considérables. Parmi les victimes invisibles de cette catastrophe figure Oulanga Na Nyamba (ONN), une association créée en 1998 et considérée comme un acteur majeur de la protection et de l’étude scientifique des tortues marines sur l’île.

Depuis plus de 25 ans, ONN œuvre à la préservation des tortues vertes, pour lesquelles Mayotte constitue un site majeur de ponte. Elle est également partenaire de l’État dans le cadre du « Pacte de Sauvegarde des Tortues Marines 2024-2026 », un plan ambitieux de lutte contre le braconnage et de sensibilisation des habitants. Mais aujourd’hui, l’association se dit menacée de disparition.

Des activités paralysées depuis le cyclone

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Fragilisées par les blessures, le braconnage et le trafic, les tortues marines déclinent depuis des années, rendant essentiel le soutien au centre Kaz’a Nyamba, dédié à leur protection et à leurs soins (photographie/Kaz’a Nyamba).

Les conséquences du passage du cyclone se traduisent d’abord par une paralysie partielle des activités de terrain. « De nombreuses plages mahoraises restent inaccessibles, empêchant le bon déroulement des activités de l’association, comme les suivis scientifiques et la surveillance anti-braconnage », souligne ONN.

Le cyclone a également eu des répercussions sur l’emploi et la sensibilisation auprès des plus jeunes. L’association est passée de 18 à 6 salariés, ce qui freine fortement ses interventions dans les établissements scolaires. Par ailleurs, le chantier de la Kaz’a Nyamba, futur centre de soins et de sensibilisation destiné aux tortues marines, est à l’arrêt. Ce projet, présenté comme une innovation, devait répondre aux échouages et blessures de tortues constatés sur l’île et offrir un nouvel outil pédagogique.

Un appel d’aide aux acteurs et à la population 

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Sur le modèle du centre réunionnais Kélonia, la Kaz’a Nyamba ambitionnait de devenir un lieu de soins et un observatoire ouvert au public, afin de sensibiliser aux enjeux de protection des tortues marines.

Dans un territoire confronté à des tensions sociales et économiques, la disparition de l’association constituerait, selon ses responsables, une double perte. « Perdre ONN, ce serait non seulement fragiliser la protection des tortues, mais aussi affaiblir une initiative citoyenne exemplaire, au service du territoire tout entier ».

Face à cette situation, ONN a lancé un appel au soutien matériel et financier auprès des pouvoirs publics, des entreprises et des citoyens. L’association met en avant un message clair : « Soutenir ONN, c’est contribuer à sauver les tortues marines de Mayotte et préserver un patrimoine écologique et culturel unique dans l’océan Indien ».

Cette alerte locale résonne avec un constat plus large, porté par le Mouvement associatif en France. Dans une déclaration publiée le 11 octobre 2025, il affirme : « Ça ne tient plus ! (…) Nous traversons une crise sans précédent, alors même qu’affaiblir les associations n’a pas de sens ».

Mathilde Hangard

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