Atmosphère familiale et intimiste, composée majoritairement des employés pour cette célébration qui n’est pas des moindres en termes d’engagement et de longévité. Vingt-cinq ans… Mayotte n’existait guère en tant que département que déjà l’entreprise œuvrait et ça, il est important de le souligner.
La preuve par l’emploi
Association loi 1901, naquit en l’an de grâce dix neuf cent quatre-vingt-dix-huit (1998), sous l’appellation Odina, Tifaki Hazi s’est par la suite structurée en un groupement de 4 entreprises devenu référence en matière d’accompagnement et d’insertion professionnelle durable. Alors que le chiffre d’affaire annuel s’élevait aux alentours des 30 000 euros aux prémices de l’activité, il excède désormais les 25 millions d’euros pour un total global de 1,5 million d’heures de mission cumulées et un joli palmarès, avant tout humain, de 4 500 demandeurs d’emploi guidés, voire quasi chaperonnés. « Une qualité de service construite intelligemment et patiemment en plusieurs années de réflexion et de préparation » comme ne manque pas de le souligner son président, Mohamed Nassor — faisant aussi référence à l’obtention, en 2020, du label certifié norme CEDRE ISO 9001 — qui voit également en cet anniversaire tout le chemin déjà parcouru non sans challenge(s) et embuche(s). Pourtant, le vent habilement en poupe, la structure poursuit sa navigation au service des conjoints volets que sont le social et le développement local économique du marché. Istawi Tifaki Hazi !
Une symbolique fête à double connotation
Outre la légitime célébration de ce quart de siècle d’existence, il s’avère que cette amorce de novembre marque également le lancement et la mise en lumière nationale de cette 15ème édition du Mois de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS). Tout un symbole sachant que Tifaki Hazi fait pleinement partie et ce, de manière quasi historique, des organismes qui ont pensé, structuré et accompagné la création de l’antenne CRESS Mayotte, comme tient à le rappeler Kamal Youssouf, présent à cette occasion :
« Dans chaque région, les Cress sont pilotées, gouvernées et dirigées par les entreprises de l’ESS. En 2014 lorsque la loi a été promulguée, Tifaki Hazi et son modèle économique finalement novateur existaient déjà; c’est l’une des plus importantes structures d’insertion sur notre territoire donnant de la dignité aux personnes les plus éloignées du marché de l’emploi. En tant que Cress, notre rôle était, et se veut toujours, d’appuyer les petites entreprises face aux grands groupes privés pour parvenir à décrocher le marché des commandes publiques qui représente quasiment la moitié de la potentielle employabilité à Mayotte ». C’est ainsi qu’en 2017, l’un de ces premiers marchés, dits réservés, a été attribué à l’association concernée et depuis, le succès et la réactivité n’ont guère flanché propulsant Tifaki Hazi comme la structure sociale et solidaire mahoraise ayant obtenu le plus grand nombre de ces spécifiques marchés et insérer 71 personnes; soit près de 47 000 heures de mission travaillées sur le territoire. Chapeau bas, comme quoi, il existe efficiente et saine alternative au modèle économique capitaliste et notre île fait figure de référence internationale en la matière, tâchons fièrement de ne pas l’oublier.
Alors on fait quoi, on fonce encore plus vers de la nouveauté ?
Oui mais justement non ! Et c’est aussi cela qui a jusqu’à lors assuré la saine pérennisation durant ce quart de siècle de ladite structure. Développer pour développer et ne pouvoir assurer derrière les nouveaux services et dispositifs escomptés ? Très peu pour Tifaki Hazi et son discret, mais ô combien efficace, directeur général, Lahadji Abdou :
« Initialement, je suis une personne qui perçoit les choses dans leur globalité de manière plutôt rapide et j’aime justement cette dynamique d’expansion croissante tablée sur du court terme; j’ai pourtant dû apprendre à freiner ici, prenant en considération un tas de facteurs extérieurs. Comme toutes les entreprises mahoraises, nous sommes d’une part, soumis au grand turnover en interne et, d’autre part, au manque de qualification et profils précis recherchés en externe, sur le marché du travail. Il est impératif qu’il y ait une actualisation et un réel alignement entre l’offre de formation diversifiée du Département et les besoins du territoire qu’il faut aussi anticiper. Si vous regardez les sites d’emploi, tout le monde a les mêmes annonces et de nombreux postes n’arrivent pas à être pourvus. Penser un projet et le mettre en place, c’est beaucoup d’énergie et au regard du contexte économique actuel, des difficultés climatiques qui ont leur impact direct, et autres réalités que j’ai précédemment évoquées, on ne peut se permettre de jouer aux apprentis sorciers; ça n’est pas notre politique ».
Malgré cette pertinente conscientisation des difficultés et potentiels freins présents sur notre marché, Tifaki Hazi a dans ses valises la proche création d’un garage mobile solidaire qui pourra sillonner toutes les routes de l’île et aller à la rencontre d’une clientèle faisant appel à cette prestation, avec de surcroit, création de 3 emplois ainsi qu’une approche environnementale de sensibilisation terrain pour inviter les gens à ne pas jeter leurs déchets mécaniques dans la Nature.
Lentement, pas à pas, discrètement mais surement, l’entreprise active de Mayotte aux 20 salariés permanents, poursuit son expansion et ses ramifications — employant de manière mensuelle près de 150 personnes — et qui, nous lui souhaitons, offrira encore, pour les 2 décennies et demi à venir, des opportunités et solutions à la fois sociales, écologiques, économiques et professionnelles au profit de la population mahoraise. Allez, dans un premier temps, on se dit rendez-vous pour le 30 ans…
MLG