« Si je dis que l’heure est grave à Mayotte, ce serait se répéter au vu de la situation de ces derniers jours, mois et années ». Les propos du maire de Mamoudzou, en préambule de sa prise de parole sur le parvis de la mairie, sonnent comme un énième avertissement. Pourtant, loin de baisser les bras face à l’adversité, Ambdilwahedou Soumaïla s’est montré déterminé à innover pour contrer ce « mal profond » que constitue l’insécurité. « On a décidé de prendre à bras le corps les sujets » et ce, afin de garantir « la sécurité des hommes, la sécurité des femmes, la sécurité des biens et la sécurité sanitaire », s’est exprimé le premier édile du chef-lieu.
De nombreuses mesures annoncées pour enrayer la violence
Face à l’escalade de la violence, glissant « du vol de portables et des sacs » à des « agressions par armes blanches » et à des « harcèlement des gens avec des cocktails molotov », la volonté d’enrayer ce cercle infernal atteint une dimension nouvelle. Loin d’abdiquer, la municipalité est résolument tournée vers la recherche de solutions afin de ramener durablement la sérénité dans le chef-lieu.
Dès lors, à compter du 3 octobre prochain, « la vente de pétrole lampant sera interdite » à la station TotalEnergies de Passamainty. Un sujet sur lequel nous avions investigué. Les usagers se verront également refuser l’achat d’essence en bidon si ce dernier est inférieur à 30 litres. En outre, « la revente au détail de l’essence » sera également prohibée sur l’ensemble du territoire de la commune. Il sera par ailleurs interdit d’abandonner les véhicules hors d’usage où leurs carcasses sur la voie publique; au-delà de sept jours ils seront « systématiquement récupérés » a détaillé le maire. Il poursuit : « les activités de garages non déclarées seront également interdites ». Ambdilwahedou Soumaïla continue d’égrener les mesures applicables dès le premier lundi du mois d’octobre à l’instar de l’extension du périmètre d’interdiction de « vente à la sauvette » à Mamoudzou ainsi que la prohibition de la prostitution, par arrêté municipal, sur les espaces publics de la commune
L’insécurité revêt des dimensions humaines et sanitaires
Mais venir « à bout de l’insécurité sur le territoire de Mayotte, et plus singulièrement de Mamoudzou » ne semble pouvoir s’affranchir des décasages. Selon le maire cette insécurité est protéiforme : humaine, avec des habitations de fortune juchées sur des pentes escarpées qui ne demandent qu’à dévaler les flancs de collines en cas de coulées de boue; sanitaire dans la mesure où les déchets et les eaux usées s’amoncellent à proximité des habitants. A ce titre, en organisant samedi dernier sur les hauteurs de Cavani une randonnée en compagnie, entre autres, du préfet, Ambdilwahedou Soumaïla souhaitait faire passer son message concernant le péril imminent que constituent ces quartiers informels et la nécessité de détruire les cases. En conséquence, des arrêtés de péril imminent seront pris « afin d’éviter d’avoir des morts sur la conscience », s’est justifié le maire dans la matinée de ce lundi.
Renforcement de la vidéo protection et des effectifs de la police municipale
Interrogé sur les risques que peuvent représenter ces décasages concernant de potentielles actions de représailles, le maire s’est montré lapidaire indiquant que « la question ne se pose pas de savoir s’il y a violence au moment des décasages », dans la mesure ou « décasages ou pas, il y en a ».
Néanmoins, le développement de la vidéo-protection sur le territoire de la commune va se poursuivre avec l’installation d’une vingtaine de caméras supplémentaires, tout comme le renforcement des effectifs de la police municipale et la création de nouveaux commissariats à l’image de celui de Passamainty. Ambdilwahedou Soumaïla a rappelé, par ailleurs, que « la sécurité est affaire de tous », insistant sur le fait que chacun devait « jouer la participation à son échelle ».
Ainsi, la complémentarité des actions des forces de l’ordre, le renforcement des moyens d’actions – dont la vidéo-protection – le soutien du milieu associatif et le développement de dispositifs tels que Parents-Relais sont autant de réponses pour endiguer les épisodes de violences émaillant le quotidien des habitants du chef-lieu.
Pierre Mouysset