L’autonomie alimentaire, Mayotte en est encore loin ! Pourtant l’EPFAM a décidé de « passer la seconde » pour encourager ce processus. Depuis 2022, une loi est en effet passée autorisant les notaires à signaler à l’établissement la vente de terrains qui pourraient constituer un terrain agricole. L’EPFAM a alors un droit de préhension dessus. « Cela a été mis en place pour éviter que tout le foncier de Mayotte ne serve uniquement qu’à construire des habitations ou des piscines », explique Anjara Moussa, le chargé d’opération agricole au sein de l’EPFAM. « Les enjeux d’autonomie alimentaire sont urgents à Mayotte, il est donc indispensable de libérer du foncier pour les projets agricoles sérieux », ajoute-il.
Constatant certaines carences au sein de la chambre de l’agriculture, des syndicats ou des groupements agricoles, faute de temps ou de moyens humains, l’EPFAM a décidé de prendre en main l’accompagnement des agriculteurs pour accélérer le processus. « Une fois que nous avons sélectionné les projets qui tiennent la route, nous accompagnons les agriculteurs dans toutes leurs démarches administratives dont les demandes de subvention. L’objectif est qu’ils puissent racheter le terrain que nous mettons à leur disposition au bout de cinq ans », explique-t-il. Autant dire que seuls les dossiers vraiment béton, permettant de générer des rendements rapidement, seront retenus. Ils doivent également respecter les normes agro-biologiques respectant l’environnement et la biodiversité.
Quatre parcelles sont concernées par cet appel à projet
Quatre parcelles sont concernées par cet appel à projet : deux parcelles de 3000 m² à Vahibé, destinées principalement aux agriculteurs déjà en place qui voudraient élargir leur exploitation, une autre parcelle de 3000 m² à Kwalé, destinée au même usage et une parcelle de 1 ha à Kwalé également. Seule cette dernière pourra être destinée à un nouvel agriculteur étant donné sa plus large superficie. « Dans tous les cas, nous n’accordons ces parcelles qu’à des agriculteurs professionnels ou qui souhaitent le devenir puisque ces derniers doivent la racheter au bout de cinq ans », explique Anjara Moussa. Outre la culture du manioc, des bananes et des arbres fruitiers, des élevages de volailles sont également aptes à être installées sur ces parcelles.
L’EPFAM encourage les adeptes de l’agriculture vivrière, très courante à Mayotte, à se professionnaliser en suivant des formations au complexe de Coconi. Ce n’est que dans ces conditions qu’elle pourra les accompagner. « Pour tout ce qui concerne les légumes comme le manioc par exemple, nous pourrons arriver à une autonomie à l’horizon 2026. En revanche, pour la culture maraîchère (tomates, concombres, salades, etc.) ce sera plus long car ce type d’agriculture est peu courante sur le territoire », affirme le chargé d’opérations agricoles.
En tout cas, le projet est lancé et les agriculteurs intéressés peuvent contacter l’EPFAM qui organisera une visite des parcelles le 30 octobre prochain. Les agriculteurs devront ensuite monter des dossiers solides pour convaincre l’EPFAM de leur attribuer la parcelle convoitée.
Nora Godeau