Six jeunes, âgés de 20 à 28 ans, se préparent à partir pour le Togo, Maurice et les Seychelles d’ici la fin de l’année, dans le cadre d’une mission de Service Civique International ou de Volontariat de Solidarité Internationale (VSI) du programme Territoires Volontaires (TeVo). Impatients, ils peaufinent leur départ au sein du Comité Régional Olympique et Sportif de Mayotte, à Mamoudzou, à travers une formation de deux jours, lundi 6 et mardi 7 octobre.
La première promotion de volontaires en service civique internationale de Mayotte
Leurs missions, qui dureront entre 8 et 12 mois, sont variées : protection de l’environnement, communication, littérature, culture ou marketing. Si de nombreux volontaires mahorais et mahoraises sont déjà partis à l’étranger dans le cadre du VSI, mis en place à Mayotte depuis 2019 suite à la signature d’une convention entre le Conseil départemental et France Volontaires — la plateforme française du volontariat international d’échange et de solidarité, opérateur du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères —, c’est la première fois que le SCI est utilisé sur le territoire.
Grâce à la communication des collectivités locales — la Ville de Mamoudzou, M’Tsangamouji ou encore la CAGNM — et surtout au bouche-à-oreille, plusieurs jeunes ont pu postuler aux offres de Service Civique International. Cinq d’entre eux ont été retenus pour former la première promotion mahoraise, le sixième étant engagé dans le cadre du VSI.
Une expérience enrichissante qui leur donnera un atout certain dans la recherche d’un emploi ou dans la poursuite de leurs études, qu’ils se trouvent à Mayotte, dans les autres départements français ou à l’étranger.
« Le but de ce stage est de les préparer aux réalités des différents pays où ils vont se rendre, à leurs cultures, pour qu’ils puissent vivre pleinement leurs expériences », explique Sandrine Turpin, chargée de projets du programme auprès de France Volontaires. « L’idée est aussi de leur rappeler de l’importance de prendre un temps de réflexion sur leur propre projet individuel durant la mission, pour en tirer le maximum lorsqu’ils seront de retour ».
« Cette expérience sera très positive »

« C’est la première fois que je vais vivre aussi longtemps loin de ma famille », confie Anrfadjati, 21 ans, habitante de Mamoudzou qui s’apprête à se rendre dans la ville de Kpalimé au Togo. « Ma mission consiste à améliorer l’accès à l’eau et à œuvrer à la préservation de l’environnement au sein de l’ONG PADIE (Pionniers en Action pour le Développement Intégré à l’Environnement)« . Binti, 20 ans, de Passamaïnty, ira elle aussi vivre plusieurs mois au Togo, dans la capitale Lomé, pour participer aux actions menées par l’ONG les « Jeunes Verts », également actif dans la protection de l’environnement. Les deux jeunes femmes espèrent travailler dans ce domaine à leur retour à Mayotte, et elles ont bien conscience que cette expérience va grandement les aider.
« Quelques jours avant la fin des dépôts de dossiers, ma sœur m’a transmis la fiche de poste. J’ai postulé et j’ai été acceptée, je ne m’y attendais pas », raconte Hidaya, 22 ans, originaire d’Acoua. Pour elle, c’est Maurice qui l’attend, et plus particulièrement son tout nouveau musée dédié à la photographie, « Zimaz », dont l’ouverture est prévue à la fin de l’année. « Je vais gérer la partie communication du musée avec des vidéos, de la photographie, des mises en relation », se réjouit-elle. « J’ai décidé de faire une pause dans mes études pour mieux réfléchir à mon projet professionnel. La communication m’intéresse, et cette expérience sera très positive ». Le musée « Zimaz » a également recruté Rahama, 22 ans, d’Hamjago, afin qu’elle participe à la conservation des fonds photographiques de l’établissement.

« Je n’étais pas sereine à l’idée de partir aussi longtemps », avoue Yasmina, 21 ans, originaire de M’Tsangamouji. Elle se rendra aux Seychelles, plus précisément à la Bibliothèque nationale, où elle interviendra pour la sensibilisation à la lecture, à la littérature et à la culture générale auprès des habitants. « Heureusement France Volontaires m’a rassurée : je suis en lien avec ma tutrice sur place et nous sommes accompagnés tout au long de la mission, nous ne sommes pas livrés à nous-mêmes ».
Bassoiridine, 26 ans, également de la commune de M’Tsangamouji, partira lui dans le cadre d’un VSI pour 12 mois à Maurice. « Je viens de finir mes études en marketing, sur place je serai un chargé de projet entrepreneurial, dans le développement des entreprises locales, cela s’inscrit dans la continuité de mon projet professionnel ».
D’autres missions à venir, mais des barrières à lever

Tout au long de leurs missions, les volontaires toucheront une indemnisation pour assurer la couverture médicale, le logement, la communication, les besoins vitaux.
« On aimerait poursuivre le dispositif dans les prochaines années, mais il faut qu’on améliore notre communication. Le service civique international est encore méconnu et de nombreux freins sont à lever pour les jeunes ici à Mayotte », constate Sandrine Turpin, qui assure tout de même que d’autres missions vont s’ouvrir. « En tout cas pour cette promotion, il y a une vraie volonté de revenir travailler à Mayotte après leurs missions, pour participer au développement du territoire, dans tous les domaines ».
Et les six jeunes ont bien l’intention de faire rayonner Mayotte à l’étranger, « une évidence » pour eux, fiers de représenter leur département et sa culture.
Victor Diwisch