Initié en 2021, ce forum a pour but d’informer les jeunes sur les dispositifs de mobilité et d’engagement comme le service civique, le service national universel, le bénévolat, les junior associations, les conseils de jeunes, mais aussi Erasmus+. « L’objectif est que ces jeunes puissent enrichir leur parcours en bénéficiant de nouvelles expériences. Nous constatons que beaucoup d’entre eux ignorent les dispositifs de mobilité dont ils peuvent bénéficier pour voyager en Europe ou dans le reste du monde », indique Madeleine Delaperrière, déléguée Régionale Académique à la Jeunesse à l’Engagement et aux Sports (DRAJES). Au cours de cette journée plusieurs ateliers étaient proposés aux jeunes afin qu’ils puissent connaitre les dispositifs instaurés pour eux, à l’instar d’un atelier sur la mobilité composé de témoignages et de vidéos, d’un autre sur la mission du service civique et ses débouchés ou encore un sur la création d’une junior association afin d’encourager notamment le bénévolat.
« L’avenir de Mayotte passera par sa jeunesse »
Le recteur Jacques Mikulovic, invité par la Drajes afin d’inaugurer cette troisième édition, a fait un long discours d’introduction sur la jeunesse de Mayotte. « La jeunesse est un atout pour ce territoire. L’avenir de Mayotte passera par vous. C’est à vous de proposer un modèle de vie pour changer les choses et faire diminuer notamment l’insécurité qui règne ici », a-t-il insisté. Le recteur a ensuite disserté sur le vivre ensemble et la notion de civilisation. « Il faut trouver une façon de vivre ensemble, cela doit passer par l’éducation et les règles. Il n’est pas normal qu’à Mayotte il soit dangereux de circuler le soir entre 18h et 20h et de se faire agresser. C’est un frein au développement économique et à l’emploi ». Le recteur a ensuite salué l’engagement de ces jeunes et a fortement insisté sur la nécessité de créer un dialogue avec la jeunesse afin d’identifier ses attentes et de pouvoir ainsi changer les choses. « C’est par l’engagement que vous pourrez devenir des acteurs majeurs pour transformer la société. Il faut prendre du recul et faire confiance à l’intelligence de chacun, à l’intelligence collective. Cela doit faire sens car vous serez responsables de la société que vous allez créer et de la construction du monde de demain ».
Tayina Daou : symbole de l’engagement de la jeunesse mahoraise
Ce moment introductif avec les élèves fut aussi l’occasion de rendre hommage à des jeunes qui font du bénévolat comme Tayina Daou, jeune étudiante de 19 ans, originaire de Koungou, actuellement en classe préparatoire au lycée Bamana de Mamoudzou, investie plus que jamais dans la vie associative. Son engagement lui a permis de devenir ambassadrice de Mayotte au sein de l’Union européenne ; vice-présidente de la première junior association L’espoir c’est nous ; de profiter de la mobilité internationale pour aller voir un orphelinat en Tanzanie avec l’association Mayotte Entraide Étudiants ou encore de visiter les institutions européennes ; d’être membre du conseil d’administration du lycée Bamana ; et enfin d’avoir eu le coup de cœur du jury lors de la grande finale des communes du Nord du concours « Mon quartier entreprend » et d’être ainsi soutenue par la couveuse d’entreprise Oudjerebou pour monter une structure d’aide aux devoirs dans sa ville de Koungou. A seulement 19 ans cette jeune fille a déjà une riche expérience grâce à son engagement.
Le recteur fut également interpellé par un jeune de 20 ans, chargé de mission vie étudiante au sein du CUFR et porte-parole des étudiants du campus, suite à ses propos sur la responsabilité de certains parents dans la bonne éducation de leurs enfants. « Je suis d’accord avec vous quand vous dites que la jeunesse c’est l’espoir, l’avenir de demain, mais il ne faut pas uniquement rejeter la responsabilité sur les parents quand les choses tournent mal… Il est aussi de la responsabilité de l’État et du recteur que les jeunes ne soient pas obligés de se lever à 3h du matin pour pouvoir aller à l’école et rentrer chez eux le soir vers 20h », a-t-il soutenu devant le recteur. Ce à quoi Jacques Mikulovic a répondu, en filigrane, que l’État ne peut pas tout…
Le recteur a néanmoins annoncé qu’une expérimentation allait être menée à partir du mois de novembre pour fournir un repas gratuit à tous les lycéens. « Il est insupportable de voir des gamins qui ont faim et qui sont fatigués », s’est-il insurgé. Puis de rajouter que quelle que soit l’origine des élèves, « Ma mission est qu’un jeune doit être éduqué d’où qu’il vienne ».
Enfin, Jacques Mikulovic a aussi annoncé l’instauration du projet de transformation du collège d’ici une quinzaine de jours avec notamment la mise en place de groupes de niveau et le développement de filières d’excellence mais aussi professionnelles car « L’objectif premier est l’acquisition des savoirs fondamentaux ! »
Plus qu’un temps d’apprentissage et d’information, cette 3ème édition du forum JEunesse Mobile et Engagée fut surtout un moment d’échange, de partage d’expérience et de réflexion autour d’une jeunesse mahoraise soucieuse de son avenir et du modèle de société qu’elle voudra construire.
B.J.