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A mi-mandat, le maire de Sada annonce sortir peu à peu la tête de l’eau

C’est quasiment un maire idéal pour ses partenaires dont l’Etat, que cet Houssamoudine Abdallah. Héritier d’une commune endettée, il a suivi les préconisations à la lettre, lui permettant de recevoir des appuis financiers. Et c’est un des seuls maires à proposer un bilan de mi-mandat.

Devant 400 invités dont le député Mansour Kamardine et le sénateur Thani Mohamed Soilihi, Houssamoudine Abdallah a tiré le bilan de sa première moitié de mandat qu’il place sous le signe du redressement. « Quand nous sommes arrivés à la tête de la mairie en 2020, la trésorerie était dans le rouge à -8 millions d’euros et le déficit budgétaire se montait à 3 millions d’euros. En réalité, l’équipe précédente avait fait l’impasse sur les cotisations dues par la commune. Nous devions 2 millions d’euros à l’intercommunalité, 600.000 euros au SDIS et 40.000 euros à l’Association des maires. Ça nous a mis en difficulté. »

La Chambre régionale des Comptes en dressera un sombre tableau, en émettant des préconisations que le maire et son équipe suivront à la lettre. Augmentation des impôts fonciers et contraction des investissements au strict nécessaire. Pour exemple, l’élu nous avait confié la difficulté à mener des compétences de base comme le nettoyage des écoles de la vile, « les prestations vont de 500.000 euros à 1 million d’euros par an ». Les efforts sont partagés, « nous avons également fait des économies sur notre train de vie à la mairie ».

Bon retour des magistrats de la CRC qui considèrent en août 2021 les insincérités du budget comme « corrigées » et des « garanties suffisantes » pour un retour à l’équilibre.

La commune a rempli son COROM

Les équipes de la préfecture et de la commune devant le chantier de la future Maison France Service en décembre 2022

Quasiment un blanc-seing pour décrocher un préfinancement de l’AFD, « avec les 9 millions d’euros obtenus nous avons pu relancer les investissements et ramener l’année suivante le budget de -3 millions d’euros à +600.000 euros. Et en 2022, l’AFD nous accordait un prêt de 5 millions d’euros pour décliner nos projets ». Les engins de chantiers peuvent ressortir, et c’est la place Manzaraka qui sort de terre, un terrain de foot synthétique, et le chantier de 3 millions d’euros de la Maison France Services, « également grâce à nos partenaires que sont l’Etat, à travers le Fonds Exceptionnel d’Investissements, et la CSSM ». Celui de la future mairie d’un montant de 10 millions d’euros est lancé, mais pas encore entièrement financé, « nous sommes invités à commencer les travaux avec l’assurance que les financeurs suivront, car là, nous payons 250.000 euros de location par an, ça fait beaucoup ». Une voirie a été aménagée, « une deuxième est en cours », le pont de Mangajou enfin réalisé, « cela fait 40 ans qu’il était attendu pour désengorger les routes du Nord et du Sud ! », et une crèche de 40 places qui doit être inaugurée en janvier 2024.

Si la commune a pu sortir la tête de l’eau c’est aussi qu’elle a été décrétée éligible au COROM, les Contrats de Redressement Outre-mer pour les communes. Au travers des signatures de COROM, l’Etat s’engage sur trois ans, à apporter aux communes un appui technique avec l’envoi d’experts et un appui financier dont les enveloppes sont déterminées pour chacune en septembre sur la base des premiers résultats. « Nous avons bénéficié de deux fois 400.000 euros ». C’est la seule commune de Mayotte à être signataire, des gages de bonne gestion sont demandés. « Nous avons pu payer nos dettes au SDIS », commente le maire.

Mais toutes ne sont pas encore apurées, notamment envers la 3CO, « tous les ans nous devons rembourser 1 million d’euros de dettes, dont près de 600.000 euros à l’interco et jusqu’en 2026. Ça nous tue ! » Il n’arrive pas à comprendre que des investissements aient pu être menés avec de telles dettes, « alors que quand je suis arrivé à la mairie, on ne m’a rien laissé passer. »

Rappel à l’ordre du maire contre deux marchands de sommeil

Avec les policiers municipaux et ASVP de la commune (©Salimini)

La poursuite des investissements structurant a également bénéficié à la jeunesse indique Houssamoudine Abdallah, « 100 demandeurs d’emploi ont été insérés grâce aux clauses sociales intégrées dans les marchés », et des plans de formation mis en place. « Nous avons également organisé le concours Jeunes Talents et l’élection de Miss Excellence. » Des évènements intergénérationnels sont menés, comme des sorties en mer, des animations de quartier, « notre Maison France Services désormais labellisée accueille déjà 7.000 visiteurs par an, en concentrant les Finances publiques, la CSSM, etc., et quand elle sera inaugurée, intègrera La Poste, le greffe, le CCAS, le Centre social, le centre culturel. »

Les 10 policiers municipaux et 4 ASVP ont été formés, « et nous avons signé une convention de rappel à l’ordre avec le procureur. » Qui a été mise en pratique il y a deux semaines, « deux marchands de sommeil ont été arrêtés, condamnés à 10.000 euros d’amende et le bâtiment saisi. »

Logiquement à Mayotte, l’avenir se décline principalement en construction de logements et d’écoles pour répondre à la forte demande. Un permis est accordé pour une école T15 (15 salles de classe), les travaux d’une T8 ont commencé, « en tout, ce sont 32 salles de classe supplémentaires qui vont voir le jour ». 38 logements seront réalisés au niveau du dispensaire et 500m2 de services, « dont la permanence d’un médecin ». La construction d’un nouveau quartier est envisagée sur les hauteurs de Mangajou.

Si les dettes plombent encore l’envol de la mairie, le bilan de mi-mandat a un parfum de vision dynamique pour l’avenir. A l’image de la détection de talents sportifs chez 4 jeunes de la commune, « l’un d’entre eux a signé en pro au Paris FC ! »

Anne Perzo-Lafond

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