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Manifestation : « Maji kavu ! Mayotte a soif ! »

Depuis une semaine la population de l’île ne voit couler de l’eau à son robinet qu’un jour sur trois. Avec prière de la faire bouillir. Demandant des actes, quelques habitants avaient appelé à manifester bruyamment contre cette privation et pour demander des comptes.

C’est en connaissance de cause que la centaine de manifestants arboraient des tee-shirts « Mayotte à soif ! » ce samedi matin de soleil de plomb dès 9h. Monter la côte de la place Mariage pour un arrêt devant la préfecture du côté du bureau des étrangers imposait une hydratation régulière. « Où est l’argent des investissements ? », « L’eau source de vie, pas de profits », réclamaient ceux qui refusent le traitement fait à la population d’alimentation au robinet seulement un jour sur trois, et qui demandent des comptes aux responsables. « Maji kavu ! » (il n’y a pas d’eau), reprennent-ils en chœur, avant que l’un d’eux ne crie plus fort « Majikavo ! », pour une même signification, mais pointant du même coup le nom du village qui accueille la prison…

A peine après une semaine d’aggravation des coupures, la population sature

Le rassemblement est maigre au regard de la cause, et plusieurs s’étonnent, « mais où sont les gens ? » D’autant que cette crise touche tout le monde, en approvisionneemnt en eau potable, mais aussi en impact sanitaire. « La seule chose qu’on voit en arrivant dans les toilettes du CUFR c’est la montagne de papier amoncelé dans les WC! », lâche une manifestante.

Pour les organisateurs, Andrea et Aurélie, ce n’est qu’une première qui devrait être suivie par d’autres : « Au départ, c’est parti de l’intention de déposer plainte formulée par plusieurs sur les réseaux sociaux. Une pétition est née, il fallait créer l’union », nous explique Aurélie. « Nous demandons d’arrêter de facturer une eau qui n’est pas potable puisqu’il faut la faire bouillir, et des solutions immédiates après les discours du préfet puis du ministre. On ne peut pas rester comme ça. »

L’accès à l’eau, un droit fondamental

« On veut quoi ? », « De l’eau potable ! », reprennent les manifestants, avant que Balahache Ousseni, secrétaire départemental de la CFDT ne prenne le micro : « On nous dit ‘l’eau est potable, mais’, il ne faudrait pas que le directeur de l’ARS se fasse l’avocat de la SMAE. L’intersyndicale a demandé audience au préfet, j’espère qu’elle sera entendue. »

Andréa et Aurélie, à l’origine de l’évènement

Plusieurs se succèdent au micro. « Le droit d’accès à l’eau potable est une résolution des Nations unies de 2010. L’île est entourée d’eau et on ne trouve pas de solutions alors qu’on en a trouvé en métropole. Nous ne sommes vraiment pas un département français comme un autre. On entend que de l’argent est sur la table du côté des collectivité, de la préfecture, de l’Europe, mais où sont les résultats ? L’Etat doit répondre de l’utilisation de ce budget et que les collectivités fassent leur job. »

Une autre se plaint du prix à payer, sous toutes ses formes, « l’eau à Mayotte, c’est du caviar. Alors qu’un pack de 6 bouteilles d’eau Cristaline peut s’acheter entre 1 et 2 euros en métropole, elle est entre 4 et 5 euros ici ! » Le gel des prix semble avoir entériné une situation de marge. Et dans l’un des groupes de la place qui ne limite pas l’achat du nombre packs, à peine sont-ils mis en rayon que le vide se fait.

Hormis l’eau gazeuse, les rayons vides d’eau en bouteille ce samedi matin dont le prix du pack s’affiche à 4,14 euros

Scandant « transparence ! », la petite troupe qui était partie de la SMAE, repart vers la place de l’ancien Marché pour chercher de l’ombre et se désaltérer à prix d’or.

A.P-L.

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