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Un Observatoire des parcelles agricoles alimenté par et pour les agriculteurs

Parle moi de ta terre, je te dirai qui tu es ! Le nouvel outil mis en place par l’EPFAM est collaboratif et peut révolutionner les pratiques agricoles à Mayotte. L’agriculture à deux vitesses persiste, mais l’Observatoire du parcellaire agricole de Mayotte (OPAM) devrait tirer l’ensemble vers le haut.

Des observatoires, Mayotte commence à en être dotée : les mineurs isolés, le littoral, les communes, etc., ont le leur. Un petit dernier vient de voir le jour, l’Observatoire du parcellaire agricole.

De quoi s’agit-il ? Chaque agriculteur peut désormais entrer les données concernant sa parcelle sur une plateforme qui peut être consultée par l’ensemble des professionnels à tout moment. « Cette mise en commun permettra la création de nouvelles données, essentielles pour affiner les plans de développement et avoir une approche prospective fine du secteur », indique l’EPFAM (Etablissement public foncier et d’aménagement de Mayotte) dans le dernier bulletin du Bulletin d’info rurales mahorais, qui intègre le Réseau d’Innovation et de Transfert agricole (RITA), le Réseau rural pour la valorisation des fonds européens et Ecophyto.

Une plateforme numérique ouverte à tous, permet d’accéder aux cartes et données relatives aux espaces et activités agricoles. Ces informations sont ensuite mises à disposition par les membres de l’OPAM.

L’OPAM est issu d’un projet partenarial débuté en 2018, piloté et mise en œuvre par l’EPFAM grâce notamment au fonds européen FEADER.

Répartition des exploitations de vanille sur le territoire

Comparer pour mieux gérer

Cet outil collaboratif permet aux acteurs institutionnels et privés de disposer d’un Système d’Information Géographique (SIG) complet, et ainsi d’accéder à différentes données portant sur les parcelles agricoles du territoire, de stocker ces données, d’utiliser des applications qui permettent de collecter des données terrain, d’analyser toutes ces données dans un outil cartographique web, de contrôler le partage de ces données, etc.

« Plusieurs groupes de travail ont été créés (environ 70) et ont développé différentes applications utiles, utilisables et utilisées dans leurs activités quotidiennes », rapporte encore le bulletin du RITA. Qui cite un exemple : les analyses de sol effectuées chez des maraîchers peuvent être comparées entre elles pour trouver des solutions intelligentes aux problèmes de fertilité.

Et un autre : un groupe de coopération DAAF/EPFAM autour de la campagne de Politique Agricole Commune (PAC) et du recensement des parcelles des primo déclarants « a permis d’éviter de nombreuses erreurs de saisies, faisant gagner un temps précieux à toutes les équipes mobilisées ».

Pour une meilleure diffusion des données, de nouveaux web médias pourront être créés, notamment sur l’envoi de tableaux de bord ou de questionnaires.

La vanille mise en bâtons

Une exploitation de vanille

On peut l’illustrer par l’enquête menée par l’association Saveurs et Senteurs sur la production de vanille en 2021, et donc disponible sur le webSIG. Un tableau de bord fait de diagrammes et de camemberts, qui permet de saisir l’utilité de l’OPAM et de la diffusion de ces données, ainsi que de leur importance pour orienter les politiques agricoles. On y apprend qu’un meilleur rendement des 56 cultures de vanille a été enregistré entre 2019 et 2020, qu’elles sont essentiellement concentrées sur le Nord-Ouest de l’île, et qu’un tiers sont de plein champ, un tiers sous-couvert arboré, et un tiers en association avec d’autres cultures, essentiellement des bananiers et des cocotiers. Les recettes tirées de la vente de la vanille, sont un complément de revenus car majoritairement consacrés aux études des enfants, et à la construction de logements. Des données qui permettent de tirer le portrait des exploitants et d’orienter les accompagnements en fonction.

Autre opération diffusée sur la plateforme numérique, « Cultive ton toit 976 », qui ambitionne de créer un jardin sur le toit de sa maison à Mayotte. L’expérimentation, d’une durée de trois ans, est menée sur trois maisons à Sada, chez des particuliers qui avaient déjà quelques cultures sur leurs terrasses ou leurs toits. Les familles sont accompagnées dans la réalisation et le suivi de leurs toitures terrasses. D’autres utilisations sont consultables sur le site.

Autre info en direct du monde agricole, le 4 août dernier s’est tenue au Pôle d’Excellence rural (PER) la réunion de lancement du PSN (Plan Stratégique National), pour la prochaine programmation du FEADER 2023-2027 à Mayotte, piloté par la DAAF. Il doit se doter d’une gouvernance « pour pérenniser son utilisation ».

Le secteur agricole se dote donc d’outils permettant de mieux cerner sa logique, pour notamment éviter de dupliquer des méthodes inappropriées, et coller au terrain.

A.P-L.

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