Des dysfonctionnements à l’université de Mayotte compliquent la vie des étudiants

Depuis maintenant le début de la semaine l’université de Mayotte est bloquée par les étudiants. Ils dénoncent des conditions d’enseignement et d’études inadmissibles.

C’est dans une lettre adressée au président de l’université de Mayotte, Abal-Kassim Cheik Ahamed, que le syndicat Sup’Recherche Unsa a fait une liste de dysfonctionnements au sein de l’établissement d’enseignement supérieur dénonçant des conditions indignes à la fois pour les étudiants mais aussi pour les personnels.

De mauvaises conditions pour accueillir les étudiants

Selon le syndicat il y aurait des inscriptions incomplètes à près de 98 %, « privant l’accès à Moodle et aux mailing listes pédagogiques ». Des étudiants seraient également sans carte universitaire pour la deuxième année consécutive. Mais ce n’est pas tout puisque les étudiants boursiers mahorais attendraient toujours leur bourse « en raison d’un problème de paramétrage dans Pégase (côté Université de Mayotte) », les obligeant à avancer leurs frais d’inscription en espérant un remboursement par la suite.

CROUS, Réunion, Mayotte, Frédérique Vidal
Les étudiants boursiers mahorais n’ont pas encore touché leur bourse de rentrée (illustration)

Par ailleurs, l’assistante sociale du CROUS serait toujours sans bureau attitré depuis deux ans, « contrainte de partager un espace avec deux administratifs, ce qui empêche d’accueillir correctement les étudiants ». A cela s’ajoute d’autres problèmes d’ordre matériel et technique avec notamment une bibliothèque universitaire dévastée, « laissée sans solution de substitution », déplore le syndicat. Mais aussi une salle polyvalente rendue difficilement exploitable par sa nouvelle disposition (contre-jour, chaleur) et sans sonorisation avec l’absence de micro.

Nous avons pu contacter le président de l’Union des étudiants de Mayotte, Chamsiddine Abdou Bendji, qui nous a confirmé une partie de ces dysfonctionnements et a indiqué qu’une réunion avait eu lieu ce mardi avec la direction de l’université et les différents services concernés (gestion, informatique, logistique, …). « Nous avons eu des échanges… Nous avons demandé des écrits à la direction et qu’ils soient signés. Nous allons nous revoir dans 10 jours afin de faire le point sur nos revendications et voir si elles seront prises en compte. Pour l’instant nous mettons fin à la grève à compter de ce mercredi en attendant la prochaine rencontre, et si ce n’est pas satisfaisant nous reprendrons le mouvement « , nous a-t-il dit.

Des personnels en sous-effectif et des retards de paiement

Le syndicat dénonce des retards persistants dans le paiement des heures complémentaires

Toujours selon le syndicat, les conditions de travail réservées aux personnels ne sont guère attrayantes : des photocopieurs toujours hors service depuis des mois, empêchant la préparation des cours, TD et contrôles. « Des retards persistants dans le paiement des heures complémentaires, qui surviennent chaque année de plus en plus tard, mais également le non-paiement des frais de mission pour nombre d’enseignants-chercheurs, ou encore le non-paiement de plusieurs prestataires », s’inquiète le syndicat.

Ce dernier pointe également du doigt des retards dans les procédures de validation (conventions de stage, missions, etc.), « dus à une volonté de centraliser et de tout contrôler », et de dénoncer le « choix de chefs de département à l’encontre du consensus des équipes ; et des nominations à la tête de départements sans compétence disciplinaire », notamment.

Des postes non pourvus

En outre, il y aurait de nombreux postes de coordinateurs et de responsables pédagogiques vacants, indique le syndicat Sup’Recherche Unsa: « absence de chef de département dans deux départements (LSH et DEG) ; absence de coordinateur pour la filière Droit ; absence de coordinateur pour la filière AES ; absence de responsable pédagogique pour la LP DPT ; absence de responsable pédagogique pour la LP MGO ; mais aussi des intervenants extérieurs qui découvrent trop tard qu’ils sont censés assurer des cours, faute d’information de l’administration ».

Face à ces dysfonctionnements, le syndicat exige que la direction précise immédiatement les délais concrets de remise en état des équipements (photocopieurs, micros, salles, bibliothèque, climatisation) ; les solutions prévues pour l’attribution des cartes étudiantes, la finalisation des inscriptions et la régularisation des bourses ; et enfin le calendrier de régularisation du paiement des heures complémentaires, des frais de mission et des prestataires.

« À défaut de réponses rapides et précises, nous considérerons que la direction a choisi de faire perdurer une situation indigne d’un établissement public d’enseignement supérieur. Nous en tirerons toutes les conséquences syndicales, y compris par des saisines des autorités de tutelle et des actions collectives », prévient le syndicat Sup’Recherche Unsa.

Cneser, CUFR, EPSCP, INU, Mayotte
Le président de l’université de Mayotte, Abal-Kassim Cheik Ahamed

Nous avons joint le président de l’université de Mayotte, Abal-Kassim Cheik Ahamed, pour connaître son avis sur cette situation, il regrette la méthode employée mais reconnait que tout n’est pas parfait. « On a découvert ce mouvement sur les réseaux sociaux… je regrette la méthode de blocage qui a été employée, je pense que ce n’est pas un bon choix. Dans chaque établissement il y a des difficultés… Nous avons pris le temps de discuter avec les étudiants pour connaitre leurs besoins et dont je salue par ailleurs la qualité de nos échanges. Il est important qu’ils aient une parole libre ». Le Président dénonce toutefois une sorte d’instrumentalisation faite par le syndicat.  » Tout n’est pas vrai…qu’il y aient des choses à améliorer dans cet établissement c’est vrai. Qu’il y aient des difficultés je n’en doute pas, mais il ne faut pas pour autant instrumentaliser, ce territoire a déjà assez de difficultés. Nous avons fait des efforts importants depuis Chido… Nous avons réussi à obtenir 1,7 million d’euros pour réparer l’amphi… ». Abal-Kassim Cheik Ahamed plaide ainsi pour un travail en commun.  » On doit construire nécessairement ensemble et nous mobiliser. Nous faisons partie de la même communauté depuis Chido ». Quant aux revendications des étudiants, il assure vouloir « les examiner point par point afin de trouver des solutions concrètes ». Rendez-vous est donc pris dans 10 jours.

B.J.

Partagez l'article :

Subscribe

spot_imgspot_img

Les plus lus

Publications Similaires
SIMILAIRES

Justice : Après Chido, une bagarre termine à la barre

Dix jours après le passage du cyclone Chido, une rixe éclatait devant un commerce de Dembéni. Trois jeunes ont comparu mardi 9 septembre 2025 pour ces faits, entre regrets maladroits et sanctions fermes.

Zangoma porte la voix de Mayotte devant les sénateurs : une ambition qui dépasse la reconstruction

Suivre la concrétisation sur le terrain de la loi d’urgence, votée en février dernier, et de la loi de programmation pour la refondation de Mayotte, votée cet été, voilà l'objectif de la visite de quatre jours sur le territoire d'une délégation sénatoriale. Ce mardi 9 septembre, les neuf sénateurs se sont rendus auprès de l'association Zangoma à M'tsapéré.

À Mayotte, six adultes sur dix sont en difficulté à l’écrit en français

Dans le cadre de la semaine de lutte contre l’illettrisme, l’Insee La Réunion-Mayotte et l’Agence Nationale de Lutte Contre l’Illettrisme ont organisé une conférence ce mardi portant sur « les difficultés face à l’écrit en français à Mayotte ».

Loto du patrimoine : un chèque remis à l’église de Dzaoudzi le 20 septembre prochain

La Fondation du patrimoine va remettre, lors d’un événement...