C’est dans une lettre adressée au président de l’université de Mayotte, Abal-Kassim Cheik Ahamed, que le syndicat Sup’Recherche Unsa a fait une liste de dysfonctionnements au sein de l’établissement d’enseignement supérieur dénonçant des conditions indignes à la fois pour les étudiants mais aussi pour les personnels.
De mauvaises conditions pour accueillir les étudiants
Selon le syndicat il y aurait des inscriptions incomplètes à près de 98 %, « privant l’accès à Moodle et aux mailing listes pédagogiques ». Des étudiants seraient également sans carte universitaire pour la deuxième année consécutive. Mais ce n’est pas tout puisque les étudiants boursiers mahorais attendraient toujours leur bourse « en raison d’un problème de paramétrage dans Pégase (côté Université de Mayotte) », les obligeant à avancer leurs frais d’inscription en espérant un remboursement par la suite.

Par ailleurs, l’assistante sociale du CROUS serait toujours sans bureau attitré depuis deux ans, « contrainte de partager un espace avec deux administratifs, ce qui empêche d’accueillir correctement les étudiants ». A cela s’ajoute d’autres problèmes d’ordre matériel et technique avec notamment une bibliothèque universitaire dévastée, « laissée sans solution de substitution », déplore le syndicat. Mais aussi une salle polyvalente rendue difficilement exploitable par sa nouvelle disposition (contre-jour, chaleur) et sans sonorisation avec l’absence de micro.
Nous avons pu contacter le président de l’Union des étudiants de Mayotte, Chamsiddine Abdou Bendji, qui nous a confirmé une partie de ces dysfonctionnements et a indiqué qu’une réunion avait eu lieu ce mardi avec la direction de l’université et les différents services concernés (gestion, informatique, logistique, …). « Nous avons eu des échanges… Nous avons demandé des écrits à la direction et qu’ils soient signés. Nous allons nous revoir dans 10 jours afin de faire le point sur nos revendications et voir si elles seront prises en compte. Pour l’instant nous mettons fin à la grève à compter de ce mercredi en attendant la prochaine rencontre, et si ce n’est pas satisfaisant nous reprendrons le mouvement « , nous a-t-il dit.
Des personnels en sous-effectif et des retards de paiement

Toujours selon le syndicat, les conditions de travail réservées aux personnels ne sont guère attrayantes : des photocopieurs toujours hors service depuis des mois, empêchant la préparation des cours, TD et contrôles. « Des retards persistants dans le paiement des heures complémentaires, qui surviennent chaque année de plus en plus tard, mais également le non-paiement des frais de mission pour nombre d’enseignants-chercheurs, ou encore le non-paiement de plusieurs prestataires », s’inquiète le syndicat.
Ce dernier pointe également du doigt des retards dans les procédures de validation (conventions de stage, missions, etc.), « dus à une volonté de centraliser et de tout contrôler », et de dénoncer le « choix de chefs de département à l’encontre du consensus des équipes ; et des nominations à la tête de départements sans compétence disciplinaire », notamment.
Des postes non pourvus
En outre, il y aurait de nombreux postes de coordinateurs et de responsables pédagogiques vacants, indique le syndicat Sup’Recherche Unsa: « absence de chef de département dans deux départements (LSH et DEG) ; absence de coordinateur pour la filière Droit ; absence de coordinateur pour la filière AES ; absence de responsable pédagogique pour la LP DPT ; absence de responsable pédagogique pour la LP MGO ; mais aussi des intervenants extérieurs qui découvrent trop tard qu’ils sont censés assurer des cours, faute d’information de l’administration ».
Face à ces dysfonctionnements, le syndicat exige que la direction précise immédiatement les délais concrets de remise en état des équipements (photocopieurs, micros, salles, bibliothèque, climatisation) ; les solutions prévues pour l’attribution des cartes étudiantes, la finalisation des inscriptions et la régularisation des bourses ; et enfin le calendrier de régularisation du paiement des heures complémentaires, des frais de mission et des prestataires.
« À défaut de réponses rapides et précises, nous considérerons que la direction a choisi de faire perdurer une situation indigne d’un établissement public d’enseignement supérieur. Nous en tirerons toutes les conséquences syndicales, y compris par des saisines des autorités de tutelle et des actions collectives », prévient le syndicat Sup’Recherche Unsa.

Nous avons joint le président de l’université de Mayotte, Abal-Kassim Cheik Ahamed, pour connaître son avis sur cette situation, il regrette la méthode employée mais reconnait que tout n’est pas parfait. « On a découvert ce mouvement sur les réseaux sociaux… je regrette la méthode de blocage qui a été employée, je pense que ce n’est pas un bon choix. Dans chaque établissement il y a des difficultés… Nous avons pris le temps de discuter avec les étudiants pour connaitre leurs besoins et dont je salue par ailleurs la qualité de nos échanges. Il est important qu’ils aient une parole libre ». Le Président dénonce toutefois une sorte d’instrumentalisation faite par le syndicat. » Tout n’est pas vrai…qu’il y aient des choses à améliorer dans cet établissement c’est vrai. Qu’il y aient des difficultés je n’en doute pas, mais il ne faut pas pour autant instrumentaliser, ce territoire a déjà assez de difficultés. Nous avons fait des efforts importants depuis Chido… Nous avons réussi à obtenir 1,7 million d’euros pour réparer l’amphi… ». Abal-Kassim Cheik Ahamed plaide ainsi pour un travail en commun. » On doit construire nécessairement ensemble et nous mobiliser. Nous faisons partie de la même communauté depuis Chido ». Quant aux revendications des étudiants, il assure vouloir « les examiner point par point afin de trouver des solutions concrètes ». Rendez-vous est donc pris dans 10 jours.
B.J.