« Nous avons décidé de délocaliser le conseil de gestion du Parc Naturel Marin à Bandrélé pour des raison pratiques, et notamment la circulation, indique Abdou Dahalani, président du Parc Naturel Marin de Mayotte. C’est un moment de convivialité. C’est l’occasion de réunir l’ensemble des acteurs de la protection de l’environnement et de la biodiversité pour parler de dossiers importants ». Ce conseil a été l’occasion de nommer Guillaume Amirault, ancien directeur par intérim, en tant que directeur délégué du Parc Marin et d’aborder entre autres la problématique du braconnage des tortues. « C’est une source de grande inquiétude… Les chiffres du premier semestre 2023 sont supérieurs aux chiffres de 2022 sur l’année entière. Nous voulons accompagner ceux qui luttent contre le braconnage et protéger ainsi les tortues », explique le président.
Un nouveau directeur délégué pour prendre en main les sujets importants
Parmi les thématiques abordées lors de ce conseil de gestion figurait donc la validation de la nomination du nouveau directeur délégué, les discussions concernant la ZAC (zone artisanale et commerciale) des Badamiers en Petite-Terre, la lutte contre le braconnage des tortues ou encore le passage de la mangrove en régime forestier.
Concernant l’aménagement de la ZAC des Badamiers le conseil de gestion a émis quelques réserves, même s’il n’a qu’un avis consultatif. « C’est un gros projet avec des parkings, des commerces, des structures et le futur lycée de la mer. Toutefois, nous pensons que le dossier manque de précisions, qu’il n’y a pas de garanties suffisantes concernant le transport de matière dangereuse, le bien-être des tortues, l’impact pour le littoral, la gestion des eaux usées… Nous ne sommes pas assez rassurés, nous voulons être sûrs que les eaux pluviales et les eaux usées soient traitées et qu’elles ne se déversent pas directement dans le lagon », s’inquiète le nouveau directeur délégué.
En ce qui concerne le braconnage des tortues, la situation est considérée comme alarmante. « Nous avons remarqué une recrudescence des cas de braconnage. Nous en sommes déjà à 180 cas recensés en un peu plus de 6 mois alors que l’année dernière, en 2022, il y en avait eu 150 en tout. Sur les 180 cas, 97 tortues sont mortes suite au braconnage. On sait qu’à Mayotte elles sont tuées pour leur chair malgré que cela soit interdit ».
Dans ses résolutions, le conseil compte demander davantage de personnels pour la protection de l’environnement afin de lutter contre ce braconnage mais aussi dans le but d’informer la population car « La répression ne peut être la seule solution. Nous devons organiser des concertations et des points d’informations avec les villageois pour qu’ils prennent conscience de ce problème. Pour cela, nous souhaiterions avoir plus de spécialistes en sciences humaines et sociales afin qu’ils expliquent les enjeux », raconte le nouveau directeur délégué. Autre point important et qui tient à cœur au conseil de gestion du parc marin est la protection de la mangrove. « Le défrichement sauvage de la mangrove est un réel problème à Mayotte. Elle permet de lutter contre l’érosion et protège ainsi le littoral. Nous souhaiterions la faire passer en régime forestier afin notamment de permettre une intervention plus rapide et une plus forte réactivité des autorités et des services concernés en cas de défrichement ».
Enfin en tant que directeur délégué, Guillaume Amirault, à de nombreux projets qu’il aimerait mettre en place assez rapidement au cours de l’année prochaine. « Il faut déjà dans un premier temps que je m’attèle à remplacer les personnes qui sont parties et reconstituer une nouvelle équipe. Ensuite nous devons travailler sur le développement de la filière pêche avec l’ensemble des acteurs de ce secteur. J’aimerais également organiser une mobilisation citoyenne en impliquant davantage la jeune génération dans la protection de l’environnement à travers la mise en place d’un conseil de gestion de la jeunesse qui pourrait donner son avis et émettre des idées ». D’ici la rentrée 2024, Guillaume Amirault voudrait également mettre en place la révision du plan de gestion, évaluer le bilan de ces 15 dernières années et en proposer un nouveau.
Bref, de quoi occuper le nouveau directeur délégué qui devrait officiellement être nommé directeur d’ici quelques semaines en attendant la validation administrative par l’OFB (office français de la biodiversité).
B.J.