Mercredi 27 août 2025, sous un soleil brûlant, élus, techniciens et habitants se sont réunis sur la terrasse des Hauts-Vallons à Mamoudzou, à deux pas du restaurant Le Quartz, pour assister à un événement attendu depuis près d’un demi-siècle : la matérialisation officielle de la frontière entre Mamoudzou et Koungou. Quarante-huit ans après le décret fondateur de 1977 et cinq ans après un recours judiciaire, cette limite administrative devient enfin tangible pour les habitants.
Un décret ancien confirmé par la justice

La frontière entre les deux communes remonte au décret n°77-509 du 18 mai 1977, paru au Journal Officiel le 2 juillet 1977, qui fixait le découpage administratif de Mayotte. Modifiée par un décret en 1994, cette limite est restée longtemps abstraite. En 2020, la commune de Koungou avait contesté ce tracé devant la justice, obligeant les autorités à revoir le dossier. Le juge a finalement confirmé l’applicabilité du décret initial, mettant fin à une querelle qui empoisonnait les relations entre les deux municipalités depuis plusieurs années.
Le responsable du service de circulation et de stationnement de Mamoudzou a détaillé les aspects techniques de la matérialisation : « Ce plan permet aux services municipaux, aux professionnels et aux habitants de s’orienter avec exactitude », explique-t-il.
« Nous sommes en mode terrain »

Pour concrétiser ce projet, les techniciens ont travaillé « toute la nuit », selon les agents communaux, afin de finaliser le rond-point des Hauts-Vallons, officiellement intégré au territoire de Mamoudzou. Le maire, en survêtement après avoir participé au nettoyage hebdomadaire du quartier, a voulu donner à cette réunion une dimension symbolique. « Aujourd’hui nous sommes en mode terrain », a-t-il insisté, rappelant son engagement pris en 2020 de matérialiser cette limite avant la fin de son mandat.
Selon lui, cette clarification répond à une demande citoyenne ancienne : « Les habitants voulaient savoir précisément où commence Mamoudzou et où commence Koungou, pour leurs démarches administratives mais aussi pour leurs obligations fiscales. » La matérialisation a été réalisée par un géomètre expert, qui a implanté des repères visibles sur trois zones clés : une zone agricole, une zone urbaine et la zone autour de la gendarmerie. Plusieurs panneaux complètent cette signalisation pour marquer la frontière sur le terrain.
Une frontière désormais lisible

Cette matérialisation ne se limite pas à un simple affichage : elle permet aux habitants de savoir à quelle commune s’adresser pour les services essentiels — inscriptions scolaires, demandes de documents officiels ou paiement des taxes locales. Pour les municipalités, elle facilite l’organisation des services publics, qu’il s’agisse de gestion de l’éclairage, de collecte des déchets, de voirie ou de coordination des actions de sécurité et de prévention de la délinquance.
Elle constitue également un acte de sécurité : un adressage précis et géolocalisé permettra d’améliorer l’intervention des pompiers, du SAMU et la distribution postale. Comme l’a rappelé le maire : « La matérialisation de limites ne cherche pas à diviser ; elle vise à sécuriser les droits, les responsabilités et les services. »

La distinction entre la limite administrative et sa matérialisation est essentielle : la première relève de la compétence juridique et fiscale, la seconde la rend concrète sur le terrain. Les points de crispation, comme le rond-point du centre commercial Jumbo Score, sont désormais clarifiés. En marge de cette réunion, Laheri Boina Heri, responsable du service circulation et stationnement, a dévoilé le concept du rond-point Quartz, inspiré du logo de la Ville, réalisé jusqu’à la dernière heure par ses équipes.
Avec cette matérialisation, Mamoudzou et Koungou disposent désormais d’une frontière lisible, offrant aux habitants et aux services municipaux un repère concret pour toutes leurs démarches. Après près de cinquante ans d’attente, le tracé entre les deux communes devient enfin une réalité tangible.
Mathilde Hangard