La rentrée scolaire 2025-2026 à Mayotte a débuté ce lundi 25 août dans un contexte de reconstruction et de continuité pédagogique. La rectrice de l’académie, Valérie Debuchy, accompagnée du maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla, a entamé sa matinée sur le terrain, visitant écoles et collège pour constater l’état des bâtiments rénovés et rencontrer élèves et enseignants.
Tsoundzou II : une rentrée en continuité malgré les contraintes

La rectrice a commencé sa matinée à l’école combinée Ahamadi Djabou, à Tsoundzou II, où 754 élèves — maternelle et élémentaire — retrouvent un établissement sûr et fonctionnel. Avec 37 classes et aucun système de rotation, l’école a même accueilli les élèves de Tsoundzou 1 après le cyclone, assurant une continuité pédagogique précieuse. La rectrice s’est dite « très honorée par l’accueil ».

Le maire de Mamoudzou a dressé un bilan réaliste : « Le fonds d’amorçage c’est bien mais on attend toujours les premiers 100 millions d’euros ». Concernant les enfants déscolarisés, il a souligné les limites structurelles et financières : « On ne peut pas demander à toutes les écoles de scolariser tous les élèves… On ne peut pas réaliser de miracles… 10.000 naissances par an, plus les arrivées, c’est un sujet qui va au-delà des maires ».
Dans un courrier adressé au préfet le 15 juillet dernier, il rappelait déjà que « les parents d’élèves ne comprendront pas qu’à l’école de la République, neuf mois après le passage d’un cyclone aussi dévastateur soit-il, les conditions minimales d’apprentissage ne soient toujours pas rétablies ».
Chiconi : réfectoire inauguré, les élèves retrouvent leur école

À l’école Isouf Madi Mchindra, la rectrice et le maire ont inauguré un réfectoire flambant neuf et constaté la fin des travaux post-Chido. L’établissement accueille désormais 350 élèves, y compris ceux de Chiconi 4, précédemment répartis sur trois sites.
Le maire de Chiconi, Mohamadi Madi Ousseni, a souligné : « Après de lourds dégâts suite à cyclone, notre école est devenue inutilisable… Aujourd’hui nos enfants retrouvent enfin leurs salles de classe, conditions sûres et dignes », avant de détailler le réfectoire : « Les enfants pourront y bénéficier d’un repas équilibré ». La rectrice a salué l’exemple de la commune : « C’est emblématique et exemplaire… J’aurai à cœur de citer l’exemple de Chiconi, ce que vous offrez ici, je le souhaite à tous les élèves de Mayotte ».
Collège de Chiconi : se concentrer sur les compétences malgré les dommages
La matinée s’est terminée au collège de Chiconi, le plus ancien établissement du centre de Mayotte, ouvert en 1989. Frappé par Chido, seules 23 salles avaient rouvert après la tempête. Aujourd’hui, 45 classes sur 51 sont opérationnelles et 917 élèves sont accueillis de manière échelonnée cette semaine avant la reprise complète le 1er septembre.

La rectrice a déclaré : « Je suis venue ici parce que c’est le collège le plus touché par Chido. Même si vous avez dû faire des miracles pour exploiter au maximum les salles de classes, je suis rassurée ». Dans les groupes de besoins pour les 6ème, 13 élèves sont non lecteurs et 11 petits lecteurs, mais les progrès se voient déjà. Elle a insisté : « Je ne veux pas que les élèves soient stigmatisés par leur maîtrise du français… Se tromper, ce n’est pas grave. L’essentiel, c’est que vous puissiez être accompagnés pour les surmonter du mieux possible. »

Lors d’un micro-tendu, elle a précisé : « Cette semaine est dédiée à l’accueil des élèves et aux adaptations, mais dès lundi prochain les emplois du temps démarreront complètement… Huit mois après Chido, 90 % des élèves dans le premier degré auront 24 heures de cours… Dans le second degré, 100 % des élèves sont accueillis ». Elle a également rappelé que 80 postes supplémentaires ont été créés dans le premier degré et 102 dans le second, pour répondre aux besoins des enseignants.
Malgré ces avancées, le collège reste confronté à des contraintes matérielles. Le personnel déplore que 1 100 tables manquent toujours, alors que les commandes avaient été passées dès le mois de mars 2025. Les évaluations complètes des dégâts débuteront le 8 septembre prochain, permettant de planifier la suite des réparations.
Dans ce contexte, le collège historique du centre de Mayotte illustre l’urgence post-cyclone et l’enjeu central : offrir aux jeunes de l’île des conditions d’apprentissage dignes malgré les contraintes logistiques et structurelles.
Victor Diwisch et Mathilde Hangard