Mayotte consolide son autorité Interreg VI et signe ses premières conventions avec 9 lauréats

Le 21 août, Mayotte signe ses premières conventions Interreg VI pour neuf projets renforçant les échanges régionaux.

Pour la première fois de son histoire, le Département de Mayotte assume le rôle d’autorité de gestion d’un programme européen de coopération territoriale : Interreg VI – Canal du Mozambique. Ce jeudi 21 août, cette responsabilité, acquise en juin 2022 pour la période 2021-2027, s’est concrétisée par la signature des premières conventions de cofinancement avec les porteurs de projets retenus.

Le fait que le Conseil départemental soit autorité de gestion d’Interreg est important pour le développement du territoire, car il lui permet de piloter directement les fonds européens destinés à favoriser la coopération transfrontalière avec les pays voisins. Lors de la période précédente (2014-2020), cette fonction était assurée par le GIP Europe à Mayotte.

Neuf lauréats séléctionnés

Conventions interreg, Conseil départemental, Mayotte
Au total, 9,6 millions d’euros ont été investis par le Conseil départemental sur un budget total du programme de 24 millions d’euros. D’autres appels à projets vont être annoncés prochainement.

Le programme Interreg VI – Canal du Mozambique est un dispositif de coopération régionale financé par l’Union européenne. Il vise à renforcer les échanges et partenariats entre Mayotte et les pays riverains du canal du Mozambique (Comores, Madagascar, Mozambique, Tanzanie, etc.). Ses priorités portent sur le développement économique, l’innovation, la transition écologique, la formation, ainsi que la mobilité et les échanges culturels, afin de favoriser l’intégration régionale de Mayotte dans son environnement géopolitique et économique.

Sur les 14 dépôts de dossiers, neuf lauréats ont été sélectionnés : Mayotte in Tech, le Lycée de Coconi, les Naturalistes, l’Institut de recherche pour le développement, le Centre d’Animation, de Ressources et d’Information sur la Formation (Carif Oref), Maestria, l’ADIM et la Direction de l’Agriculture, de la Pêche et de la Forêt (DAPF).

Leurs projets s’inscrivent dans des secteurs stratégiques pour l’avenir de Mayotte : soutenir l’économie locale, renforcer la souveraineté alimentaire, positionner le territoire comme un hub numérique régional, protéger l’environnement et développer des formations adaptées aux métiers émergents afin de favoriser l’insertion professionnelle. Grâce à ces signatures, les lauréats pourront consolider ou initier des coopérations avec les pays voisins, en développant des partenariats « gagnant-gagnant », bénéfiques à la fois pour les acteurs impliqués et pour Mayotte.

Des conventions pour établir les premières connexions avec les pays voisins

Lycée agricole, Coconi, Mayotte
Grâce à cette subvention, le lycée agricole de Coconi souhaite renforcer les échanges avec les pays voisins, proposer de nouvelles formations et promouvoir des pratiques agricoles innovantes au bénéfice de l’ensemble de l’océan Indien.

« Notre projet offre aux élèves du lycée de Coconi l’opportunité de réaliser des stages pratiques et de découvrir les savoir-faire de nos partenaires à Madagascar et aux Comores. Il permet également aux professionnels de suivre des formations continues sur des thématiques adaptées à leurs besoins : multiplication fruitière, transformation agroalimentaire, expérimentation et innovation en agroécologie », explique Cécile Morelli, coordinatrice du projet Interreg au lycée agricole de Coconi, dont les actions ont débuté dès le dépôt du dossier de candidature en 2024. « Il encourage également la mise en place d’expérimentations et d’innovations en agroécologie, un enjeu commun et pertinent pour nos trois territoires, qui permet d’adopter de nouvelles pratiques agricoles respectueuses de l’environnement. Enfin, il vise à créer un réseau d’établissements de formation agricole à l’échelle de tout l’océan Indien ».

« La convention finance 85% de notre action sur un budget de 600.000 euros, sans cela on n’aurait pas pu mettre en œuvre ce programme », indique Cécile Morelli.

Les Naturalistes de Mayotte ont obtenu une subvention pour leur programme de protection du dugong qui passe par un meilleur suivi de l’espèce et donc une plus forte coopération régionale.

« A Mayotte le dugong est en voie critique d’extinction et avec le projet « Cadummo » on veut aller plus loin pour mieux connaître l’espèce et ses déplacements dans la région », souligne Auriane Serval, chargée du projet dugong pour les Naturalistes de Mayotte, « pour cela il faut renforcer les échanges avec les pays voisins notamment les Comores, Madagascar et le Mozambique. Jusqu’à présent ce sont ces connexions qui nous manquaient ».

« La convention va nous permettre par exemple de faire d’ici quelques mois des missions à Madagascar pour former les pêcheurs sur le suivi des dugongs et des herbiers marins afin de récolter les données, notamment avec des drones ». « Nous avons aussi l’ambition de mettre en place une plateforme collaborative avec tous les acteurs du sud-ouest de l’océan Indien pour y relever les observations et les suivis scientifiques », se réjouit Auriane Serval.

« Le développement de Mayotte passe par des échanges plus soutenus »

Ben Issa Ousseni, Conseil départemental,
Le président du Conseil départemental, Ben Issa Ousséni, défend des conventions de partenariats « gagnant-gagnant » pour Mayotte et les pays voisins.

« Nous sommes convaincus que le développement de Mayotte passe par des échanges plus soutenus entre notre territoire et les pays de la zone. Nous sommes dans un territoire où le marché est très étroit nous devons nous ouvrir. Il faut aussi que nos entreprises puissent voir ce qui se fait ailleurs », insiste le président du Conseil départemental, Ben Issa Ousséni, qui précise mettre l’accent sur les échanges économiques.

« Ces conventions permettent concrètement à nos entreprises et institutions d’échanger avec les pays voisins, non seulement pour y vendre la production mahoraise, mais aussi pour valoriser ce qui est actuellement sous-produit à Mayotte », poursuit Ben Issa Ousséni. « Par exemple, dans le domaine de l’élevage, nous soutenons un projet visant à produire de l’aliment pour bétail à Madagascar afin de nourrir les animaux ici à Mayotte. Cela crée de l’emploi à Madagascar tout en favorisant le développement de l’élevage sur notre territoire. Le même principe s’applique au secteur du numérique, en contribuant à la montée en compétences ».

Ces neuf premiers projets représentent un investissement de 9,6 millions d’euros (85% financés par l’Union européenne), sur une enveloppe totale de 24 millions d’euros jusqu’en 2027. « Nous sommes confiants sur le fait de pouvoir consommer la totalité des fonds », remarque le président du Conseil départemental. De nouveaux appels à projets se tiendront dans les prochains mois.

Victor Diwisch

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