Les résultats du baccalauréat deviennent de plus en plus médiocres aux Comores. On enregistre un taux d’échec qui avoisine des 70%. Ce faible taux de réussite ne date pas d’aujourd’hui. Mais les choses s’empirent ces dernières années, selon de nombreux professeurs. «A chaque année, on fait le même constat, on parle pendant deux ou trois semaines et puis rien », a déploré cet enseignant de français qui travaille au Lycée Said Mohamed Cheikh de Moroni. Et l’année 2023 n’a pas dérogé à la règle. Les résultats tombés ce jeudi 27 juillet sont catastrophiques. Il y avait, en tout, 13.658 candidats au bac cette année.
Des centaines de candidats annulés à cause des copies identiques
A la Grande-Comores, sur les 6067 candidats, seulement 724 ont été déclarés admis au premier groupe et 1584 autorisés à passer les épreuves du deuxième groupe. A Anjouan, on a enregistré environ 1093 admis direct sur les 6361 candidats. Environ, 1761 autres devraient passer les épreuves du deuxième groupe. A Mohéli, on compte 257 admis sur un total de 1230 candidats alors que 389 autres sont attendus au cours des épreuves orales. En faisant le total, on note 2074 candidats admis au premier groupe et 3734 autorisés à passer les épreuves du deuxième groupe pour un total de 5808. Autrement dit, 8578 candidats doivent repasser l’examen l’année prochaine.
« Des enseignants présents à la réunion du jury ont indiqué que le taux de réussite initial était de 27,52% (1818 candidats au premier groupe), mais après les épreuves de rattrapage, il est passé à 34,93% (2308 candidats au second groupe) », a indiqué Al-watwan. Le journal, citant des sources des membres du jury, est revenu sur « la qualité de la surveillance et certaines décisions prises par les responsables du jury, qui ont entraîné des pénalités pour des copies jugées similaires ».
Le jury, après des rapports des correcteurs, a annulé des centaines de candidats dans de nombreux centres d’examen. A l’origine ? Leurs copies identiques. Pendant la correction, des enseignants avaient en effet constaté que des surveillants avaient laissé faire en violation des directives émises par les autorités éducatives. « J’estime que, contrairement à l’année dernière, nous venons d’enregistre les plus mauvais résultats de ces dix dernières années. Il y a des centres et des sous-centres d’examen où on voit des cas de banalisation de la fraude faute de contrôle renforcé », a ajouté l’enseignant de français. L’Office national des examens et concours (ONEC) avait été informé de certains cas et s’apprête à ouvrir une enquête pour répertorier les surveillants coupables de ces pratiques qui ont été fatales à ces centaines de candidats. Les épreuves orales du bac démarrent ce lundi 31 juillet.
Des états généraux de l’Education en septembre prochain
Aux Comores, le système éducatif est en difficulté. Les ressources didactiques demeurent encore insuffisantes. Le personnel enseignant est peu motivé. La qualité des enseignements baisse substantiellement. L’école publique, en crise, est à l’abandon. Un rapport de l’Inspection générale de l’Education nationale (IGEN) avait émis, en 2020, des centaines de recommandations pour inverser la courbe et engager le pays vers des réformes profondes pour améliorer le système éducatif. Mais la mise en œuvre des recommandations demeure souvent hypothétique faute de moyens conséquents.
A ce jour, la grande priorité des autorités comoriennes est la réhabilitation et la mise aux normes des infrastructures scolaires grâce à un important fonds apporté par la France dans le cadre du Plan de développement France-Comores (PDFC) et d’autres partenaires. La France finance un projet de 9,7 milliards de francs comorien (pres de 20 millions d’euros) qui prévoit la construction et la réhabilitation de 22 écoles primaires, 19 collèges et 4 lycées sur l’ensemble des trois îles. Les chantiers peinent d’ailleurs à démarrer faute d’entreprises qualifiées pour prendre en charge les chantiers qui demandent une ingénierie spécifique. Le gouvernement a annoncé la tenue des Etats généraux de l’Education au mois de septembre prochain pour refonder le système éducatif comorien.
A.S.Kemba, Moroni