Les autorités comoriennes ont annoncé la construction prochaine de trois centrales solaires dans le cadre du plan de mise en œuvre de la politique énergétique du pays adopté en 2017. Des assises nationales sur l’énergie avaient émis, à l’époque, deux recommandations phares : un cap vers le mix énergétique et une libéralisation du secteur de l’énergie.
Le pays produit moins de 15 mégawatts
Le pays souhaite ainsi virer vers le mix énergétique total d’ici à 2026. Il s’agit pour les autorités de diversifier les sources énergétiques et mettre un terme aux difficultés posées par l’incapacité à faire rouler les centrales thermiques très coûteuses. Une enveloppe de 43 millions de dollars (19 milliards de francs comoriens) a été allouée par la Banque mondiale. Une bonne moitié servira à financer les travaux des futures centrales. La plus grande centrale solaire entretenue depuis 2020 par la société française Innovent assure l’approvisionnement en électricité pendant la journée au profit de plus de 44 localités du sud de la Grande-Comores. Les centrales solaires sont aujourd’hui une priorité de premier plan.
«C’est un passage obligé pour, d’un côté, faire respecter les engagements du pays en matière environnemental et, de l’autre, réduire les coûts d’exploitation de nos centrales thermiques », a justifié Soilih Mohamed Djounaid, le directeur général de la Société nationale d’électricité des Comores (Sonelec). Le prix du kilowattheure devrait, en principe, coûter 0,8 euro mais grâce aux subventions de l’Etat, il a été maintenu à près de 0,3 euro pendant des décennies avant de passer l’année dernière à 0,4 euro.
Trois nouvelles centrales de 9 mégawatts
Pour accélérer la politique du mix énergétique, le pays vient de lancer officiellement le Projet d’accès à l’énergie solaire aux Comores (Paesc) appuyée par la Banque mondiale. Le président Azali Assoumani a d’ailleurs fait mention des coûts de production. «Les consommations d’hydrocarbures ont une forte incidence sur l’économie en termes de coût des facteurs de production et d’impact sur la balance commerciale généralement déficitaire », avait-il souligné. «Le secteur énergétique représente à lui seul plus de 50% des émissions totales de gaz à effet de serre de notre pays. Cette situation n’est pas une fatalité et mon gouvernement est résolu à solutionner durablement les difficultés rencontrées par le secteur énergétique national, qui constitue, aux côtés des autres infrastructures, un des principaux leviers du Plan Comores émergeantes», a-t-il dit.
Le coup d’envoi de construction de ces trois centrales a été donné il y a quelques jours. La capacité cumulée est projetée à 9 mégawatts, une à la Grande-Comores (6 mégas), une à Anjouan (2 mégas) et une à Mohéli (1 méga). Les Comores comptent trois mini-centrales solaires dans les trois îles avec une capacité de près de 5 mégawatts. La crise énergétique est l’un des défis permanents des gouvernements successifs qui ont dirigé le pays ces 30 dernières années.
A ce jour, le pays est en train de poser le cadre légal. Un projet de loi portant libéralisation du secteur de l’énergie est en examen à l’Assemblée nationale. L’objectif est d’autoriser la naissance de fournisseurs d’énergie (autre que la société publique) avec comme but d‘assurer une autosuffisance énergétique et favoriser de nouvelles filière dans le secteur pourvoyeurs d’emplois.
Un taux d’électrification de 77%
Le texte prévoit la création d’une agence nationale de régulation du secteur de l’énergie pour faire la police dans le secteur. Les besoins en électricité aux Comores se situent entre 20 et 40 mégawatts. La société publique n’en produit que moins de 15 mégawatts cumulés dans les trois îles avec des coupures régulières du courant. Le taux d’électrification est estimé à 77% aux Comores, selon les données disponibles exploitées par la Banque mondiale. La moyenne africaine est de 40%.
Les défis sont toutefois énormes pour réussir une transition énergétique aux Comores. Le pays ne s’est pas vraiment préparé à constituer les compétences nationales en la matière. Il n’y a pas, à notre connaissance, une politique de reconversion des agents formés dans le thermique vers les nouveaux métiers des énergies photovoltaïque tout comme un plan de mobilisation des savoirs et des techniques de maintenance des futurs parcs solaires. La société publique envisage des contrats de type take-or-pay avec des entreprises spécialisées pour la synchronisation avec le réseau public et la fourniture de l’énergie solaire en attendant la mobilisation de ses propres compétences.
A.S.Kemba, Moroni