Rédigé et déposé le 6 juillet dernier auprès des hautes instances académiques concernées, le courrier revendicatif de la Fédération syndicale unitaire de Mayotte n’a manifestement pas trouvé réponse et issue favorables et ce, malgré des discussions et négociations au préalable, la semaine passée, mercredi 12 juillet. C’est donc dans cette dynamique d’insatisfaction et de sentiment de ne pas avoir été entendus (écoutés ?) au regard de problématiques, également bien antérieures et manifestement non résolues, que le syndicat durcit le ton et passe à la vitesse supérieure avec ce préavis de grève ciblant l’ensemble des personnels de l’Éducation nationale le mercredi 23 août 2023.
Des sureffectifs qui posent problème
Sans surprise, au regard notamment de la classification des établissements mahorais en zone dite de Réseau d’éducation prioritaire (REP), il est des effectifs et un enseignement adapté qui doivent être appliqués. Des légitimes préconisations visant à la fois la qualité du travail de l’enseignant et la réussite des élèves. Hors, en raison de classe bien souvent trop chargées, il ne peut en être cas : « Il est impératif d’aménager des classes à effectif réduit car si on veut travailler au plus près des besoins de l’élève, il faut pouvoir être disponible pour le faire. L’école se veut d’appliquer un enseignement pédagogique au profit des élèves et non de faire du présentiel ou de la garderie et on y tend malheureusement. Pour résoudre ce problème, il est important de travailler sur une répartition gérable à travers les établissements » nous indique un des secrétaires syndicaux. Pour information, un établissement en REP, comme il est cas pour à Mayotte, se voudrait d’accueillir 22 élèves au maximum par classe, contre 27 à 28 à l’heure actuelle. Des classes où les profils sont à dominante en difficulté ou même en décrochage scolaire voire allophone pour d’autres, comme tient à le souligner les représentants syndicaux ce qui justifierait une classification supérieure relevant du REP+*.
Problème d’attractivité et de pérennisation du corps enseignant
Malgré un projet académique 2023-2027 récemment dévoilé par le recteur de Mayotte, Jacques Mikulovic, les grandes lignes ne semblent déjà pas convaincre les enseignants. Des enseignants dont le turnover a de quoi donner le tournis sans parler du nombre de postes vacants qui semblent s’amplifier d’année en année. Dur challenge : « Si l’on doit, à proprement parler évoquer la notion de performance, toutes les études démontrent qu’il faut aussi en passer par une meilleure attractivité.
Si l’on veut améliorer la qualité de l’enseignement des savoirs fondamentaux prodigué aux élèves, il faut améliorer la qualité de vie des personnels. L’un ne va pas sans l’autre, toutes les études le démontrent, en particulier celle de l’Unesco. Et c’est un sujet que nous soulignons depuis des années » nous précise Henri Nouri, secrétaire départemental FSU Mayotte avant de poursuivre : « Cette amélioration vise aussi l’aspect financier mais malgré cela, nos revendications en ce sens sont rejetées en bloc depuis 2017 pratiquement. Et la réévaluation à échelle générale promise par Emmanuel Macron se voulait initialement de 10% alors que nous en sommes à peine à 5,5% en moyenne et l’autre dynamique semblait dire travailler plus pour gagner plus; mais travailler plus pour quoi au juste ? Faire de la garderie et dire aux parents que leurs enfants sont pris en charge; soyons lucides, il n’est pas question de travail pédagogique supplémentaire, c’est impossible. Arrêtons les mensonges ».
Concernant l’échelle locale, toujours selon les analyses syndicales visées, il semblerait que les effectifs pédagogiques, une décennie antérieure, se tablaient entre 80 à 90 % de titulaires. Des personnels donc formés spécifiquement, ayant acquis les outils d’enseignement nécessaires en amont hors, aujourd’hui « il est une centaine de personnels non formés qui arrivent à Mayotte pour être placés du jour en lendemain, quasiment, devant des élèves lorsque nous avons la chance d’avoir des postes pourvus… ». Et encore trop conséquents semblent les postes non pourvus justement au regard aussi d’une légitime montée d’effectif. En somme, une approche relativement manichéenne ascendant cornélienne, jonglant entre besoins, aspirations, et réalités pratiques parfois complexes en fonctions des disciplines et enseignements ( l’Éducation physique et sportive semble être la rare et seule matière générale qui ne connait pas la crise des postes vacants et/ou non pourvus en notre département. Point positif notable).
Les revendications officielles :
- Respecter les engagements pris antérieurement (ndlr – protocole du 15 février 2022 signé entre l’ex recteur le syndicat SNUipp ciblant des avantages et dispositions de pré et départ en retraite) ;
- Mettre en place un plan pluriannuel de constructions scolaires (premier et second degré);
- Classer tous les établissements du premier, second degré et université en REP+ ;
- Aligner l’indexation sur d’autres territoires ultra-marins, à minima à la hauteur de celle de la Réunion ;
- Ouvrir l’ASA (Avantage spécifique d’ancienneté) pour l’exercice au sein des établissements scolaires de Mayotte ;
- Pérenniser une indemnité de stabilisation afin de limiter les départs après la quatrième fraction d’Indemnité de sujétion géographique** ;
- Mettre en place un plan de titularisation des contractuel.les ;
- Ouvrir la cotisation à l’IRCANTEC*** pour les non-titulaires comme partout ailleurs.
Des revendications qui ont donc déjà bénéficié d’un traitement au cas par cas de la part du Rectorat mais qui ne satisfont pas les acteurs concernés jugeant « le caractère insuffisant des ces réponses ». Ce sont donc de nouvelles négociations qui s’ouvrent en cet estival calendrier qui ne présage guère des vacances de tout repos si souhait d’une sereine rentrée il y a, sans parler des dispositions et complications qui seront indéniablement liées à cette crise de l’eau. Affaire à suivre…
*Une zone REP+ est un réseau d’éducation prioritaire plus, qui présente davantage de difficultés sociales que les REP, eux-mêmes présentant davantage de difficultés sociales que les zones hors éducation prioritaire. Aux dires du Rectorat, 8 collèges vont entrer dans ce dispositif à la rentrée août 2024.
**Pour les fonctionnaires affectés en Guyane, à St-Barthélémy, St-Martin, St-Pierre-et-Miquelon ou à Mayotte indemnité versée pour 2 années consécutives de service, renouvelable une fois pour 2 autres années consécutives.
***Régime de retraite complémentaire par points.