Crise de l’eau : Les mesures restrictives se durcissent 

Au sortir de cet énième Comité de suivi de la ressource en eau (Csre), depuis le début de la crise, qui s’est tenu cette fois-ci au Rectorat, ce mardi 11 juillet, il a donc été présenté aux différents acteurs et élus locaux, le nouveau plan des tours qui prendra effet dès ce lundi 17 juillet.

Tout le monde le pressentait et l’utopiste échéance ne se voulait que momentanément repoussée. En somme, reculer pour mieux restreindre et niveau restriction, nous passons donc à la vitesse supérieure sachant le niveau extrême bas, pour ne pas dire alarmiste au regard de la saison, des retenues collinaires. Un niveau qui n’a de cesse de diminuer sans ressource naturellement miraculeuse et compensatoire, présentant un pourcentage de remplissage de 41% pour Combani et de 22% pour Dzoumogné.

Des niveaux de retenues collinaires équivalents à ce qu’ils devraient être à l’amorce de la rentrée, en Septembre… Ici, Combani.
Certains se verront privés d’eau momentanément toutes les fins d’après-midi ainsi que les nuits et d’autres essuieront 3x semaine des coupures de 24h

Coup dur à venir pour les robinets mahorais 

C’est donc à partir de lundi prochain que la nouvelle organisation des tours d’eau prendra effet. Une organisation qui se scinde en 2 stratégies de préservation de la ressource :

  • Pour les communes du Grand-Nord (Mamoudzou, Koungou et Pamandzi), centralisant une activité économique plus accrue, il sera question de couper l’eau 7 jours sur 7, à partir de 16h et ce, jusqu’au lendemain 8h ;
  • Concernant toutes les autres communes du département, il ne sera plus cas de tours nocturnes mais de coupures étalées sur 24h à une fréquence de 3 fois par semaineà 16h (jusqu’à 16h le lendemain).

Cette nouvelle stratégie de la rationalisation de l’eau vise à générer des économies encore plus importantes en prévision des prochains mois secs et d’appréhender, par anticipation, de quoi il en retournera pour la proche rentrée.

Des solutions litigieuses 

Lors de ce dernier Csre, où divers légitimes échanges se voulaient plus ou moins animés, il fut cas pour les potentiels option et retour des fameuses rampes d’eau de l’ARS. Sujet virulent qui avait déjà fait parler de lui de par le passé et qui, manifestement, ne fait toujours pas l’unanimité bien qu’un travail de remise en service durant cette période estivale de vacances scolaires ait été commandé auprès du Syndicat des eaux de Mayotte.

Les rampes de la colère…

Pour le député Mansour Kamardine, il est évident que cette pseudo solution imposée par l’établissement public référent en matière de Santé ne correspond aucunement ni aux besoins ni à la réalité : « L’idée d’aller chercher de l’eau potable à plus d’une centaine de mètres, avec nos gourdes, comme il y a 40 ans, ne résout en rien les questions de comment nous avons pu en arriver là et, surtout, comment allons-nous nous en sortir. Cet argumentaire d’infantilisation moralisateur vise à tirer tout le monde vers le bas, sous prétexte d’un pied d’égalité social. Donc on coupe l’eau de ceux qui ont des robinets chez eux, pour leur imposer d’aller chercher de l’eau avec ceux qui n’en ont jamais eu (ndlr – des robinets), au niveau de rampes d’eau alimentées en permanence. Donc finalement il y a de l’eau mais il n’y a pas d’eau ! Soyons honnêtes et lucides et, surtout, il serait temps que les acteurs que nous sommes, soyons consultés avant d’imposer de mauvaises décisions de ce genre. Mon but n’est pas d’assoiffer les gens, au contraire, trouvons des solutions pour ceux qui n’ont pas accès à l’eau mais ne privez pas les autres dans cette optique. Ne poussons pas les gens à bout plus qu’ils ne le sont déjà… ».

Toutes les alternatives et adaptations sont déjà exploitées depuis longtemps face à ces restrictions d’eau qui touchent depuis fort longtemps le 101ème département français

Également présent à cette réunion, le sénateur Thani Mohamed Soilihi a souhaité attirer l’attention sur le fait qu’il était plus judicieux et stratégiquement économique de prioriser cette remise en fonction des rampes d’eau plutôt que déjà anticiper des frais plus conséquents concernant la création de nouveaux accès supplémentaires : « Lors de nos échanges, il a été évoqué l’importance de potentiellement démarrer des chantiers nouveaux afin que ces rampes d’eau se situent en moyenne à moins de 500 mètres des lieux de domiciliation. Je ne pense pas que cela soit une priorité adaptée. Gardons ces moyens pour les injecter notamment dans des médiateurs et ambassadeurs de l’eau afin de sensibiliser et conscientiser les populations sur l’importance de cette économie de l’eau ». Des ambassadeurs qui se voudraient engagés sous forme de contrat Service Civique et qui permettraient d’accroitre l’efficacité terrain et directe. Ces effectifs devraient être effectivement plus conséquents dans les semaines et mois à venir au sortir des décisions actées de ce nouveau comité.

Car légitimement, les avis diffèrent…

Du côté de Bandrélé où la commune a su tirer leçons et profits des crises et gestion de l’eau, déjà vécues antérieurement, relatives notamment à 2017 ou encore au Covid, il fut cas d’attirer l’attention sur ces alternatives proposées en démystifiant justement l’inconsciente approche : « Il faut être honnête, contrairement aux idées reçues, ces rampes ne sont en aucun cas exclusivement dédiées à un certain type de population; tout le monde les a déjà utilisées au moins une fois, moi le premier avec ma famille, et elles sont bien pratiques », nous confie François Delaroque, directeur général de ladite commune, avant de poursuivre : « Il n’y a pas de honte ou de régression à se serrer momentanément la ceinture et faire les efforts communs nécessaires au regard de cette crise. Les gens sont naturellement civilisés aux abords de ces rampes justement. Le robinet ne s’ouvre pas pour être gaspillé. On vient y remplir 3 bouteilles et quelques bidons mais cela reste une consommation marginale par rapport aux consommations domestiques, soyons lucides. L’eau n’est pas gaspillée et l’efficacité en ce sens a déjà été prouvée de par le Passé. Dans cette volonté d’anticipation justement, nous avons formulé, des mois en amont, le souhait de créer davantage de points d’eau de ce type, sachant que nous en avons une dizaine à l’heure actuelle ».

Cette étape supplémentaire franchie met encore plus en lumière les promesses et priorisations énoncées lors de la récente et dernière visite interministérielle de Gérald Darmanin et Jean-François Carenco.

La douche froide dès ce lundi 17 juillet pour la majorité des citoyens mahorais aux sens propre et figuré !

Des promesses tant attendues qui confirment apparement la proche mise en application du décret visant à plafonner les tarifications de l’eau embouteillée ainsi que l’accélération des premiers travaux de la future et seconde usine de dessalement pour cette année 2024 prochaine. Du côté des 2 osmoseurs supplémentaires promis par le délégué aux Outre-mer, là, bizarrement et dans l’immédiat, aucune nouvelle ! Paroles en l’air ou bien efficace et stratégique logistique dans l’ombre ? Les jours prochains nous le révéleront en attendant, prions pour que cette nouvelle organisation ne soit pas la goutte d’eau qui fait déborder la calebasse mahoraise…

MLG

Nouveaux tours d’eau des 24h dès ce lundi 17 juillet 2023

 

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