Mamoudzou, Tsingoni, Koungou, Pamandzi et Dzaoudzi-Labattoir : dès la première semaine de décembre prochain, les foyers de ces communes pourront commencer à bénéficier de la fibre optique, soit près de trois mois avant la date initialement prévue entre le Conseil départemental et Mayotte THD, l’entreprise chargée de déployer le réseau sur le territoire.
Les maires des communes concernées invités à faciliter les démarches

Une accélération qui s’explique par la volonté commune des parties prenantes de la délégation de service publique (DSP), qui, face à l’état du réseau actuel fortement touché par le cyclone Chido, ont décidé de raccourcir les délais. « Je remercie Mayotte THD d’avoir revu son calendrier », a déclaré le président du Conseil départemental, Ben Issa Ousséni, lors d’une conférence de presse organisée pour l’occasion, ce jeudi 17 juillet, « j’appelle les maires des communes à faciliter le passage des entreprises, notamment en simplifiant les autorisations de voirie, afin que nous puissions accélérer les travaux ».
« Les zones prioritaires retenues sont les plus dynamiques économiquement : Mamoudzou bien sûr, mais aussi Koungou avec son port et ses autres activités, tout comme Combani, qui est une zone en plein essor », précise Ben Issa Ousséni, « je continue également à mettre la pression sur l’opérateur Mayotte THD pour couvrir l’ensemble du territoire avant 2030 (année initialement prévue) ».
« Chaque jour est compté »

Au total, plus de 3.000 kilomètres de fibre optique doivent être déployés, afin de permettre à 60.000 foyers, entreprises et services publics d’y accéder. Un défi de taille, exacerbé par l’accélération des opérations. « Un an (mars 2026) c’était déjà rapide, 9 mois c’est difficile mais on va se mobiliser et le faire », reconnaît Emmanuel André, directeur général du pôle télécom d’OcéInde (société mère de MayotteTHD), qui a remporté l’appel d’offre réalisé en 2022 par le Département. « Modifier le calendrier va complexifier la chose, on va avoir plusieurs fronts ouverts en simultané à travers le territoire. Mais si on veut livrer le plus de prises possibles en décembre chaque jour est compté », ajoute-t-il, « depuis le lancement des travaux il y a quatre mois, les prestataires rencontrés ont été au rendez-vous, désormais il faut qu’ils tiennent sur la durée, avec cette accélération ».
Le directeur général affirme également que la réduction des délais ne va pas impacter la qualité des installations. « On est en train de construire une installation publique qui a pour objectif de s’inscrire dans la durée, il ne faut pas le prendre à la légère, et construire quelque chose qui s’envole au premier coup de vent. La fibre change la vie des gens et on n’aura pas le droit à un retour en arrière ».
D’un point de vue technique, Mayotte THD avait initialement prévue de construire une dorsale qui traverse d’Est en Ouest le territoire, pour ensuite se déployer du Nord au Sud. Mais pour rentrer dans le nouveau calendrier, ce dispositif original sera directement doublé par une seconde voie qui permettra de connecter plus rapidement les zones Nord et Sud.
Un site internet dédié aux utilisateurs

Du côté des opérateurs commerciaux, comme SFR, Orange ou Only, ils pourront désormais se positionner dès décembre 2025 pour acheter de la capacité sur le réseau puis proposer leurs offres. Emmanuel André espère qu’ils seront plus nombreux à terme pour offrir aux Mahoraises et aux Mahorais un « vrai climat concurrentiel », qui aurait un impact sur les prix.
Pour les futurs utilisateurs de la fibre, Faouzat Mli, directrice en charge des grands projets du Département, annonce qu’un site internet nommé : mayottefibre.fr permettra d’obtenir toutes les informations nécessaires pour connaître l’éligibilité de son village.
Le coût du projet s’élève à 183 millions d’euros sur cinq ans, financés à 50% par l’État, le Département et l’Union européenne, et 50% par l’entreprise Mayotte THD. Un financement partagé gage de qualité, selon Ben Issa Ousséni. A noter également que le Conseil départemental est le propriétaire de l’ensemble du réseau.
Victor Diwisch