En 2005, Zaharatty Ousseni Mouhadji, agente de médiation mise à disposition par le Conseil départemental, accompagnait déjà les élèves dans les bus scolaires, veillant chaque matin à ce que le trajet vers l’école se déroule dans le calme. 20 ans plus tard, ce 17 juillet 2025, son professionnalisme, son savoir-faire et son dévouement ont été officiellement reconnus lors d’une cérémonie organisée dans l’hémicycle Younoussa Bamana, où elle a reçu le diplôme d’Agent de Médiation, Information et Services (AMIS), à l’issue d’une année de formation. Comme elle, 16 autres agents ont obtenu cette reconnaissance professionnelle (AMIS et VAE), marquant une nouvelle étape dans la valorisation de leur métier.
Une formation attendue par les agents et les syndicats

Mise en place il y a deux ans par le gestionnaire des transports scolaires Transdev et le Conseil départemental, qui a investi près de 100.000 euros, la formation vise l’ensemble des agents de médiation mis a disposition, soit 120 personnes. Un dispositif très attendu par les agents et les syndicats.
« Chaque année les agents demandaient la mise en place d’une formation sur la médiation », raconte Zaharatty, 49 ans, « recevoir ce diplôme aujourd’hui est donc un soulagement. Je vais aborder le travail plus tranquillement car la formation m’a appris beaucoup de choses. Je me sens plus capable d’échanger avec les élèves pour qu’ils écoutent et respectent le règlement. Il ne faut pas être agressif mais calme et surtout aller vers eux ».
« Je souffre d’un manque de confiance en moi mais grâce à la formation je vais avoir moins peur en allant à la rencontre des gens dans ma fonction, je me sens plus sereine », confie Andilati Mroimana, 38 ans, agente de médiation depuis 5 ans au collège de Tsimkoura, venue en famille pour célébrer le diplôme.
La première ligne face aux violences

Contrôle des cartes de bus, rappel des règles — comme l’interdiction de manger ou d’écouter de la musique, et l’obligation d’attacher sa ceinture — les agents de médiation jouent un rôle essentiel pour assurer le bon déroulement des trajets scolaires, y compris lors des sorties. Mais leur mission va bien au-delà de la simple surveillance. Lorsque des bus sont caillassés ou que des élèves issus de communes « rivales » se croisent aux abords des établissements, ils participent à la désescalade des tensions, s’exposant à la violence, au même titre que les conducteurs. « C’est un métier très, très difficile, il faut avoir du courage », reconnaît Zaharraty, « certains jeunes te respectent, d’autres non. On prend des risques, mais on n’a pas le choix ».
« Nos agents ont une connaissance pratique de leur métier, la formation leur a donné un bagage théorique », souligne Ali Omar, vice-président du Conseil départemental chargé de l’administration générale, du transport et de la transition écologique, « ils ont été formés à utiliser le bon verbe, à rester professionnels, sans heurter les personnes ni entrer dans le conflit, ce qui leur apporte des repères et de la sérénité ».
Un diplôme qualifiant qui ouvre des possibilités

Pour les agents de médiation, ce diplôme ouvre la voie à de nouvelles perspectives professionnelles, notamment dans le secteur des transports, en lien avec les projets en cours à Mayotte, comme le réseau Caribus porté par la CADEMA ou le futur bus à haut niveau de service (BHNS) de la CAGNM — mais aussi dans d’autres domaines. « Avec ce diplôme on peut travailler dans n’importe quelle administrations, on peut rejoindre des établissements de santé, des mairies, des associations, on peut même aller en métropole, à La Réunion, ça ouvre beaucoup de possibilités », se réjouit Zaharatty, qui peut désormais envisager de changer plus facilement de métier.
En attendant, dès la rentrée en août, elle sera la première à accueillir les élèves à 5 h du matin.
Victor Diwisch