« Enfin ! »… Une exclamation partagée par un grand nombre au regard de ce projet estampillé Sidevam 976, qui date de près d’une décennie. Un projet qui a essuyé moult et diverses complexités mais qui, contre vents et marées, s’est construit solidement sur le papier pour une 1ère sortie de terre confirmée, sur le site de Malamani, prévue d’ici cette fin d’année. Une naissance marquant le point de départ d’un grand tout, incluant la création de 7 autres déchèteries fixes à travers notre territoire.
Carré et dans les clous
Même si les complexités initiales, avant travaux, se voulaient en nombres, notamment en lien avec le strict respect du cahier des charges d’une Installation classée pour la protection de l’environnement (ICPE), la déchèterie de Malamani, à proximité du quai de transfert du même nom, peut se targuer de répondre à des normes environnementales hautement étudiées et ce, en vue d’un fonctionnement qui se voudra pérenne, justement au regard d’une politique verte de plus en plus poussée. Un respect qui a même conduit le début de ce chantier à se décaler à la fin de la saison des pluies, afin d’éviter tout déversement intempestif des eaux polluées ou boueuses, dans les proches forêts de mangroves et, indirectement, dans le lagon. Là est tout le subtil et double challenge de l’implantation de tels établissements, surtout sur notre territoire.
Une implantation devant au minimum trouver d’un seul tenant 5 000 m2 de foncier, c’est déjà pas évident et respectant, de surcroît, le contexte ambiant naturel aussi bien dans l’aspect faune que flore; autant dire que c’est limite labyrinthique ! Mais cette approche d’un chantier propre se veut toutefois intelligemment bien accueillie comme nous le souligne Martin Sannejan, chargé de projet retraitement au sein du Sidevam : « Dans notre manière d’élaborer et de présenter nos plans au bureau d’étude environnementale, une vision globale avec les impacts que cela peut engendrer est prise en considération. Nous sommes accompagnés par un coordinateur pour justement choisir les options et mesures compensatoires qui engendreront le moins de répercussions néfastes pour la Nature. C’est intéressant, cohérent et complémentaire dans notre manière de monter le projet. Ce 1er chantier essuie un peu les plâtres mais maintenant que tout est monté et étudié, les 7 autres sites suivront le même protocole. Nous sommes rodés ».
Le tout premier Centre de propreté
Longtemps Mayotte a été décriée telle une déchèterie à ciel ouvert. Une île magnifique de ses richesses naturelles mais également magnifiquement sale et polluée. C’est un fait. C’est justement parce que cette appellation ne peut engendrer une vision novatrice et positive que le maire de Sada, Houssamoudine Abdallah, également président du Sidevam 976 souhaite baptiser ces établissements tels des Centres de propreté. Le Centre de propreté de Malamini, 1er d’une longue série, a déjà été financé à près de 95% de son coût global, s’élevant à 2 719 740 euros dont 471 000 euros apportés par l’Ademe. Le restant de ce financement pris en charge dans le cadre des programmes FEDER* 2014-2020. Et bien que les restrictions des opérateurs de l’État et des fonds européens se veuillent plutôt drastiques, il est une souplesse et réalité dérogatoire propre à Mayotte, pour justement encourager ce rattrapage de retard, débloquant ainsi des dispositifs d’aide qui ne seraient pas autorisés ailleurs.
Outre l’aspect purement environnemental, il est aussi une réalité strictement pécuniaire qui n’est pas des moindres. En effet, ne pas trier ses déchets c’est les condamner à être enfouis et cet enfouissement n’est pas donné (près d’1 million d’euros déboursés par le Sidevam rien que pour l’année 2022 au titre de la Taxe générale sur les activités polluantes). Cette aspiration de tirer vers une politique plus accrue du recyclage nous est expliquée par Houssamoudine Abdallah : « Nos actions de sensibilisation terrain déjà menées depuis plus d’un an vont se renforcer pour tendre vers un changement des comportements et mentalités. Un centre de propreté présente 2 aspects, celui de l’économie et du respect de l’environnement. C’est dans l’intérêt de tous » .
Présentation des lieux
Livrée d’ici cette fin d’année pour une pleine inauguration visée au 1er trimestre 2024, la toute première déchèterie de Mayotte se voudra intégralement gérée par le Sidevam en vue d’une ouverture tous les jours de la semaine pour les entreprises ET les particuliers et ce, quel que soit le lieu de résidence. Une pleine flexibilité offerte à la population en attendant que les autres déchèteries à travers l’île fleurissent. Le but initial de tout cela étant de proposer une stratégique implantation à moins de 15 minutes de route du domicile des usagers. En attendant que tout cela se concrétise et monte en fertile puissance pour la propreté de notre île, le Sidevam aspire à vite ouvrir son 1er site en cette zone sud, afin de libérer et mettre à disposition les déchèteries mobiles actuellement actives, dans d’autres territoires de notre île. Déchèteries mobiles qui font déjà bien leurs preuves.
Basée sur un principe de déchèterie « à plat » au moyen d’une dépose directement en benne ou casiers de plain-pied, les usagers pourront venir déposer leurs déchets non dangereux et recyclables de types :
- Ferrailles,
- Pneumatiques,
- Cartons, papier,
- Déchets d’ameublement,
- Déblais et gravats,
- Déchets diffus (produits ménagers d’ordre chimique, aérosols…),
- Encombrants,
- Huiles minérales,
- Textiles,
- Verre,
- Équipements électroniques et électriques,
- Ou encore déchets verts.
Le reste des déchets n’ayant pas encore de prise en charge réellement possible sur notre territoire se veut en cours de négociation avec des éco-organismes**.
Concernant les chantiers à venir qui se confrontent donc, et sans surprise, à des blocages fonciers, le président du Sidevam en fait appel à la mobilisation de l’ensemble des maires du département pour que l’avancée de ce projet des 8 déchèteries puisse se concrétiser à court-moyen terme. Parmi l’implantation facilitée qui semble rapidement réalisable, se dessinent les sites de Bandrélé, des Badamiers en Petite-Terre, de Hamaha en zone nord de Kawéni, ainsi que Longoni. Espérant que les autres zones géographiques telles que le Centre, le Sud et le Grand-Est pourront répondre favorablement à ces besoins qui, en plus de la carte postale même de notre île, relèvent des indiscutables « salubrité et santé publiques » comme le soulignait dans son discours d’ouverture Bihaki Daouda, maire de Chriongui.
MLG
*Le Fonds européen de développement régional (FEDER) a pour objectif de réduire les écarts de développement entre les régions de l’Union européenne. Son champ d’intervention est large et concerne les infrastructures, le soutien aux entreprises ou encore la recherche et l’innovation.
**Dans l’immédiat, seuls 2 éco-organismes existent à Mayotte.